vendredi 15 décembre 2023

Sonnets sertis. En fumée part le rêve

Le rêveur exhala une fumée bleutée,
Révélée par les rais d’un soleil hivernal.

Dans le sombre café, le fumeur solitaire
Ressassait le passé en vapeur de regrets :
Que de choses loupées, que de profonds mystères
Sur de mauvais chemins n’apportant nul progrès.

Il lui semblait parfois qu’un lourd spleen planétaire
Faisait du monde entier un immense congrès
De milliards de déçus qui ne pouvaient se taire,
Exhalant leur encens aux effluves aigrets.

Regret de ce qu’il n’a, en son âme indécise,
Jamais osé tenter : voilà qu’il se repent,
Amer, dans le café, à cette heure précise,

D’avoir snobé jadis la chance à ses dépens ;
L’humanité entière est, comme lui, assise,
Regardant la fumée dansant tel un serpent.

Dans l’ombre, elle se tord, scindée, déchiquetée,
Vieux rêve évanoui dans le jour nocturnal.

En fumée part le rêve © Harold Feinstein
Colorisé par Mapomme

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire