Face aux grands espaces s’ouvrant à leurs regards,
Ils pressentaient soudain leur côté éphémère.
Depuis un siècle entier, comme peau de chagrin,
Ils s’étrécissaient, car l’homme, sur la terre,
Après avoir semé en tous lieux le bon grain,
S’en prétendait, d’un coup, le seul propriétaire.
Les plus riches d’entre eux, sans qu’on n’y mît un frein,
Créaient un empire de barbelés austères ;
Depuis les temps anciens, - sempiternel refrain ! - ,
Des conquérants chassaient toute nation première.
Que devient l’épopée si des murs sont bâtis,
Et que, lorsque souffle le vent de l’aventure,
Nulle voile gonflée ne mène au paradis ?
Hermès des voyageurs, fais cesser l’imposture,
Car nos désirs d’envol se trouvent refroidis,
Sans ce souffle exaltant nos légendes futures !
Dans le port resteront tous nos héros hagards,
Et l’épopée aura une saveur amère.
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