jeudi 7 juillet 2011

Le vin et l'ombre du musicien

A Coco, guitariste de jazz




Le vin de la momie
Attachante alchimie
Sort enfin le dormeur
De sa longue torpeur

Du poison si pervers
Il emplit un p’tit verre
Sur la table de marbre
Couleur de candélabre

Les joues couperosées
L’œil métamorphosé
Il voit trembler ses doigts
Autrefois si adroits

Il se lève et raconte
Sa misère et sa honte
En plein milieu du bar
Pleurant sur sa guitare

« Voyez voyez ces mains
Qui tremblotent sans fin
Je jouais dans des boîtes
J'étais Roi de la gratte

D'ailleurs je joue toujours
J'ai les doigts un peu lourds
Ca vient moins bien qu'avant
Mais on sent le talent »

Il décroche du mur
D'un geste grave et sûr
L'instrument qu'il accorde
Ses doigts noueux se tordent

Il commence à jouer
C'est vrai qu'il est doué
Mais soudain il tremblote
Et c'est la fausse note

Il sourit désolé
Sur son rêve envolé
« Bah j'ai perdu la main
Peut-être que demain »

A sa place il remet
Le passé enterré
Il retourne à sa table
Piteux et lamentable

Il boit il boit sans fin
Puis l'ancien musicien
Paye et part titubant
Dans un songe enivrant

Le patron se penchant
Parle à quatre clients
« Ses doigts étaient magiques
Habités de musique

C'était avant qu'il boive
Ca n'est plus qu'une épave
Un fantôme oublié »
Et il sert sa tournée




L'oubli au fond du verre © Mapomme



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire