dimanche 14 janvier 2024

Sonnets sertis. Le songe souverain

De mille éclats dans l’air se fragmentait le soir :
Plus rien n’était liquide et rien n’était solide !

Le jour frôlait l’instant du songe souverain,
Lorsqu’on pense voler, sans remuer les ailes,
Quand un peuple figé, d’un bois clair riverain,
Attend l’embrasement, impassible et sans zèle.

C’est l’Âge d’or venu, serti d’âges d’airain,
Quand on oublie la forge où les destins se scellent,
Quand est versé le sang, pour un bout de terrain,
Domaine où nos démons le plus souvent excellent.

Calme, flamboie le jour, dans un râle puissant,
Quand la vie tremble encor, dans un frisson ultime,
Que les flots nous renvoient l’or du jour y bruissant.

Délice d’éphémère, où sur le sage abîme
Vont des voiles gonflées d’espoirs éblouissants ;
Des futurs temps obscurs ils seront les victimes.

À leur exécution, nul ne voudra surseoir,
Quand le couchant peindra tout le ciel d’éphélides.

Le songe souverain © Henri-Edmond Cross

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