jeudi 24 août 2023

Sonnets sertis. Tour de chant aux enfers

J’avais appris jadis à jouer de la lyre
Pour mieux plaider ma cause au juge des défunts.

N’ayant nulle Eurydice emportée avant l’heure
Je n’avais pas à rendre un défunt aux vivants ;
Le temps fauche et se fout absolument qu’on pleure
L'épi vert que sa faux tranche nous en privant.

On avait emmené en l'obscure demeure
Du juge des enfers le souvenir suivant :
La saveur d’un baiser quand des lèvres s’effleurent
Dans la douceur de mai au soleil motivant.

Je suis donc descendu voir Hadès en son antre ;
Caron avait bossé sans arrêt en ce jour
Sur la berge dormant en se tenant le ventre.

J’emprunte donc sa barque entrant dans le séjour
Des morts sans Virgile ; je parviens en son centre :
J’ai chanté mais le dieu à mon vœu resta sourd.

« En toi les souvenirs ont bâti leur empire
Car ils ne sont pas morts si survit leur parfum ! 
»

Tour de chant aux enfers © Mapomme
D'après Louis Jacquesson de la Chevreuse

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