vendredi 18 août 2023

Sonnets sertis. La Mort et le vivant

L’homme cauchemardait avec les yeux ouverts
Quand les autres dormaient après un soir d’orgie.

« Êtes-vous là pour moi afin de m’emporter
Ô Mort tant redoutée souveraine farouche ?
Notre festin charnel a sans doute exhorté 
Votre arrivée fatale au-dessus de ma couche ! »

« Humain sans jugement sois donc réconforté
Car j’aurais déposé un baiser sur ta bouche  
Et au cœur des enfers je t’aurais escorté !
Aucun funeste sort en ce soir ne te touche ! »

La Mort s’interrogeait : le corps est harmonieux
Des cuisses jusqu’aux bras, des fesses jusqu’au buste :
Pourquoi le Créateur par ailleurs ingénieux

Sur le corps avait pris les parts les moins augustes
Pour transmettre la vie ? À quoi donc songeait Dieu
Pour choisir des parties aussi laides et frustes ?

L’homme apeuré de nuit cogitait de travers :
La Mort trouvait la Vie piteusement surgie.

La nuit © Ferdinand Hodler (Détail)

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