lundi 3 mars 2025

Élégies. La déesse de l’ombre

L’enfant est à ses pieds, tel un boulet qu’on traîne,
Le boulet d’un bagnard priv
é de liberté ;
Liberté tant chérie, combien pèsent les chaînes
Des conventions
faites pour ainsi l’écarter !

La vie s’offrait à elle, à l’instar d’une pomme,
Rouge, mûre et juteuse, à croquer goulûment,
Sans même réfléchir qu’aux pesants codes d’hommes
Obéi
ra la femme, cloîtrée résolument.

Quel étrange cocktail issu d’une naissance,
Libérant la saveur d’un d’un morose bonheur !
D’un génie créateur, on ressent la puissance,
Mais l’homme jouira des plus fervents honneurs.

À l’ombre le travail, au père la lumière !
D
e la jeunesse on passe à l’âge des devoirs,
Sachant que sa fille, n’aura en la matière
Qu’un très bref âge d’or, mais privée de savoirs.

Comment être optimiste, avoir les yeux qui brillent,
Lorsqu’on est esclave, corvéable à merci ?
L’épais rideau cloître, telle une belle grille,
Et coule ainsi le temps, triste et sans but précis.


La déesse de l'ombre © Suzanne Valadon
Musées des Beaux-Arts de Lyon
Véritable titre : Portrait de Marie Coca et sa fille

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