dimanche 30 mars 2025

Élégies. La folle stratégie

On a vu à Gaza la manifestation
De Gazaouis furieux, au milieu des décombres ;
D’affreux bombardements naît la détestation
D’un ministre ennemi dont l’objectif est sombre.

Ce conflit l’arrange pour garder le pouvoir
,
Car la justice attend avec grande impatience,
Par la guerre empêchée de faire son devoir ;
Le dirigeant en joue avec folle efficience.

En France, un mouvement
range les assassins
En tant que résistants, malgré leur barbarie ;
Qui tue des innocents ne peut passer pour saint,
Aussi belle que soit la fourbe plaidoirie.

Le peuple de Gaza dit au Hamas : « 
Dehors ! »
Qualifiant ses actes, sans fard, de terrorisme ;
En France, un orateur multiplie les efforts
Pour que grimpe la haine et l’antisémitisme.

Sur une chaise assis
, lui en tombent les bras
Puisque ceux qu’il défend l’envoient droit dans les cordes ;
Il tenait une cause et soudain, patatras !,
Avec les opprimés s’étale la discorde.

La folle stratégie © Mapomme

samedi 29 mars 2025

Élégies. Aussi libres que l’air

Dans l’azur j’aperçus un arc-en-ciel immense,
Qui naissait en un lieu que je ne pouvais voir,
Pour finir en un lieu où l’autre vie commence,
Un paisible monde d’où vient tout le savoir.

Si on pouvait franchir les murs d’acier horribles,
Comme cet arc-en-ciel, le monde serait beau :
Mais 
un gros crétin blond veut tout passer au crible,
Chassant des travailleurs à coups d’excès verbaux.

La Terre est hérissée d’illimitées murailles,
Preuve d’iniquité entre puissants blindés
Et les déshérités d’un monde qui déraille,
Où la haine parvient ainsi à nous scinder.

Tout ça pour admirer la richesse infinie
De monstres se montrant toujours insatisfaits,
Pas assez rassasiés, pleurant leurs litanies,
Où les baisses d’impôts demeurent sans effet.

Reste-t-il des rêveurs dont l’esprit s’émerveille
Devant un arc-en-ciel et qui songent aux liens
Unissant les humains, dont le cœur s’ensoleille
De l’occulte magie d’un miracle édénien ?

Aussi libres que l'air © Mapomme

jeudi 27 mars 2025

Élégies. Que des pieds nickelés !

Les mêmes erreurs font que les leaders pinaillent,
Refusant de sonder les abîmes béants :
L
e vieux monde se meurt et le nouveau traînaille,
Quand dans ce clair-obscur naissent d’affreux géants.

Toute démocratie par essence est fragile,
Et non éternelle, dans le laps de temps,
Comme disait Gramsci ; les tablettes d’argile
Des traités s’effacent rien qu’en les humectant.

Il suffit d’un tyran avide de revanche,
Qui serait entouré de vrais pieds nickelés,
Pour que, de par le monde, aussitôt ils déclenchent,
Des gaffes à gogo qui feront craqueler

D’anciennes alliances, jusqu’ici très solides !
Crachant sur les amis, flattant les détracteurs,
D’un brusque trait de plume, ces ballots invalident
Un traité réfléchi, au dessein protecteur.

Échappés de l’asile, aux règles ils dérogent,
Détruisant les piliers étayant leur nation,
Justice, Sûreté, et, crachant sur leur toge,
Mentent aux sénateurs pris de consternation.


Que des pieds nickelés ! © Mapomme

mercredi 26 mars 2025

Élégies. Éprouvées par les ans

Il pleut sur nos amours et le bonheur s’efface,
En perdant ses couleurs éprouvées par les ans ;
D
e la passion d’antan on a perdu la trace,
Un vent la tempérant dans les frimas présents.

Ses couleurs ont passé, à force de routine,
Même si la flamme ressuscite un beau soir,
Lazare sur un corps qu’à nouveau il lutine,
Quêtant un jeune émoi dans l’ombre du boudoir.

Mais, le reste du temps, les feux des nuits de fièvre
Ne représentent plus un continent nouveau,
Terra incognita, qu’on découvre des lèvres,
Un temple qu’on fréquente à l’instar d’un dévot.

Sinon règne l’automne, aux brumeuses froidures,
Aux averses glacées, aux cieux obscurs et gris :
D
es semaines, des mois, où les brouillards perdurent,
nous pèse un manque, qui rend tout l’être aigri.

Il pleut sur nos amours, nos passions moribondes.
Comptant les caloriessurveillant leur tension,
Nos cœurs cacochymes en rêve vagabondent
Vers l’âge des plaisirs sans mille préventions.

Eprouvées par les ans © Mapomme

mardi 25 mars 2025

Élégies. Quelle désillusion !

Combien ai-je esquissé de grandes espérances,
Comme beaucoup, je crois, qui croyaient aux progrès,
Car la technologie traçait, en apparence,
L’ébauche d’un futur qui nourrit mes regrets.

Pour gaver les ogres des empires néfastes,
Il fallut étouffer ces rêves dangereux,
Qui faisaient embrasser des horizons trop vastes,
Pour que, dépossédés, nous allions mal heureux.

Le bonheur s’avérant d’un profit assez maigre,
Brilla soudain l’attrait d’un truc de quatre sous,
Chimère détrônant des lendemains allègres :
De ce sot reniement nul ne peut être absous.

Quelle poudre d’oubli guérira l’amertume,
D’avoir trahi, d’un coup, les plus belles valeurs
Pour de la pacotille ? Ah ! nos rêves posthumes,
Désormais en ruines, ont le goût du malheur.

Pourtant, ils n’étaient pas aussi inaccessibles,
Mais guérir le mal-être est plus intéressant,
Puisque traiter un spleen, ce tourment indicible,
Génère des profits et des soins incessants.


Quelle désillusion ! © Mapomme

lundi 24 mars 2025

Élégies. Un cri dans la nuit froide

Maîtresse des pensées, Nuit tissée de silence,
Offre à nos insomnies cette pénétration
Qui permet de capter tous les cris qu’on te lance,
Les maux des oubliés dans la désolation !

Q
uand cessent les hauts cris des plaies superficielles,
Se voulant profondes, pour un secours indu,
Des peines déclarées bien que non essentielles,
Les malheurs plus formels sont alors entendus.

Or, qui veille en la nuit pour percevoir ces ondes,
Qui migrent des pays moins bruyants et lointains ?
C’
est un puits ténébreux que très peu d’esprits sondent,
Où de tordent les mains des tragiques destins.

Nous avions un veilleur, oracle des révoltes,
Sachant mettre en chanson nos plus choquants dégoûts,
Qui voyait du futur les funestes récoltes
Des lâches abandons qu’on paie par contrecoup.

Si nul n’entend la nuit qui semble une onde lisse,
Les cris, les S.O.S., comme des ronds dans l’eau,
Aucun ne les verra qui, sans fin, s’élargissent,
Pour éveiller nos cœurs aux plus vibrants sanglots.


Un cri dans la nuit froide © Mapomme

dimanche 23 mars 2025

Élégies. Dans les forêts forer

Il faut forer, forer, jusque dans les forêts,
Sortir le pétrole du ventre de la Terre !
Qu’importe si Greta hurle comme un goret,
Derrière elle ralliant tous les protestataires !

Je suis le roi du monde et fais ce que je veux,
Car il n’est personne qui à mes vœux s’oppose ;
Mes ordres sont parfois tirés par les cheveux,
Cependant rechigner s’avère vaine cause !

Le bla-bla climatique est amplement bidon
,
Du fric jeté en l’air pour notre économie :
Bigrement le commerce en sera le dindon,
Comme ce fut le cas durant la pandémie !

Ces inutiles bois sont des terrains perdus
Qu’on peut utiliser pour exploiter la terre,
Pour y pomper de l’eau, que des savants tordus
Sauvent tel un trésor quasi héréditaire !

I
l faut forer sans fin, tant qu’il est encor temps,
Puisque seuls des contrats peuvent doper la bourse :
Sous le sol sommeillent de fabuleux montants,
Lesquels nous permettront de remporter la course !

Dans les forêts forer © Mapomme

Élégies. Sans céder à la peur

Notre libre pensée, flambeau de liberté,
Livrée aux assassins, se doit de rester ferme ;
I
ls nous croient pétochards, par eux déconcertés,
Puisque d’un grand chaos ils ont semé les germes.

Mais se dresse une foule, assoupie jusqu’ici,
En masse défilant et emplissant les rues,
Qui rejette avec force un futur indécis,
Fière de ses valeurs non encor disparues.

Telle une vague vient écumer sur le roc,
Les assassins de Dieu briseront leur croisade,
En trouvant un pays qui les frappe d’estoc,
Pouvant tenir ainsi durant plusieurs décades.

Le monde partage cet émergeant effroi,
Et on voit une star chanter parmi la foule ;
C’est peu, mais c’est beaucoup qu’un soutien par surcroît,
Tel un afflux de sang qui dans nos veines coule.

L’hystérie peut mener aux interprétations
Qui dévoient une foi qui devient maléfique,
Lorsque son but était, loin des folles passions,
D’offrir à notre monde un futur pacifique.


Sans céder à la peur © Mapomme
Merci à Madonna pour son concert improvisé Place de la République

samedi 22 mars 2025

Élégies. Une fuite en avant

Les crimes du Hamas restent impardonnables,
Mais les bombardements furent bien trop violents,
En frappant de façon vraiment déraisonnable
De malheureux civils, dans leur lit somnolant.

Tout autre que cet homme, à l’étrange tactique,
Amassant ses troupes, à un tout autre endroit,
Loin du danger réel, de façon erratique,
Du passé eut tiré les leçons de surcroît.

Il fallait qu’on oublie cette erreur absolue,
Ainsi que le boulet d’un incertain procès ;
A
u long conflit son âme était donc résolue,
Et la crainte des juges sa position faussait.

Si tout se passait mieux, qu’on rendît les otages,
S’approchait le danger de sa condamnation ;
Une fuite en avant offrait un avantage,
En faisant renaître les plus sombres passions.

Pourras-tu échapper, fine mouche ignoble,
Au marteau du verdict d’un juge vertueux,
En couvrant ton passé d’une offensive noble,
Revêtu d’un treillis rendu majestueux ?


Une fuite en avant © Mapomme

Élégies. Mais se creuse un fossé

Il suffit d’un discours qui vomit des diatribes,
Pour que soixante-seize ans se barrent en éclats ;
Q
u’un barbu incendiaire ait soutenu, par bribes,
Un mouvement nazi est plus que du bla-bla.

L’ignare malfaisant oublie-t-il que l’Europe
Souffrit de la fureur d’un cruel moustachu,
Quand les États-Unis, devenus misanthropes,
Regardait s’effondrer les empires déchus ?

Un gouffre sous nos pieds, aux profondeurs obscures,
S’ouvrait soudainement et l’on tombait de haut ;
Un allié défaillant, dont les armes procurent
Un mutuel traité, nous vouait au chaos.

P
lus on est dépendant et plus on se tourmente.
Aveugles on forgea les fers à nos poignets,
Sans trouver un instant, les chaînes alarmantes,
Dont le poids douloureux toujours nous étreignait.

Esclaves aveugles, nous vivions dans le rêve
D’une invisible entrave, opprimant l’affranchi ;
Il suffit d’un discours pour que l’abcès se crève,
Pour que le Rubicon désormais soit franchi.


Mais se creuse un fossé © Mapomme

Cet homme à la tribune est un allemand qui organisait un colloque où J. D. Vance est intervenu, tenant un discours agressif vis-à-vis de l'Europe. Il pleura en coulisse, voyant s'effondrer le monde où un puissant allié allait lui faire défaut.
C'est tragique de voir un tel allié souhaiter l'explosion de l'Europe pour mieux s'en gaver, sans que les USA ne voient que cet effondrement les rendrait plus fragiles.
Pour ma part, depuis longtemps convaincu que l'alliance n'était qu'intéressée d'un point de vue économique, j'ai trouvé salutaire que l'Europe devienne enfin adulte et plus indépendante.

Élégies. Les printemps iraniens

Tous les printemps d’Iran demeurent asservis
Par un pouvoir reclus dans sa vision vétuste ;
L’
espoir et l’euphorie, traqués par des nervis,
Sont soumis trop souvent à des sanctions injustes.

On pend ou on lapide, en mécréants vengeurs,
Suscitant en tous lieux un blâme légitime,
Pour une fleur coupée sans nul péché majeur,
Le printemps parfumé en restant la victime.

Un pouvoir hivernal, aveugle et dépassé,
Veut châtier les loisirs, du chant jusqu’à la danse,
Bannissant tous les arts et venant tabasser
Un vieux marchand vendant ses produits en cadence.

L’obscure mollarchie est remise en question,
Puisque de leur turban un vent frais les décoiffe ;
Un brusque vent de mars, critiquant leur gestion,
Souffle le goût des droits dont la rigueur l’assoiffe.

Un pouvoir criminel, s’agrippant à ses lois,
Taillent les vives fleurs, jeunes et vigoureuses,
Qui en ont plus qu’assez qu’on falsifie la foi,
Pour la mener sans cap vers la nuit rigoureuse.


Les printemps iraniens © Mapomme

vendredi 21 mars 2025

Élégies. Les excès du wokisme

Il est de grands esprits qui, dans leurs tours d’argent,
Suivent les vents nouveaux des riches métropoles,
Adoptant leurs excès, leurs projets indigents,
Infectant la pensée de tristes fariboles.

Les contes d’autrefois se muent en brouet,
Où les couleurs de peau d’absurde façon changent ;
Des dogmes d’aujourd’hui, nous sommes les jouets,
Au point de raconter des récits très étranges.

Blanche-Neige nommée pour son teint très laiteux
A un teint hispanique et n’aime pas un prince,
Puis les nains n’en sont pas : tout est calamiteux,
Car non amélioré ce nouveau conte coince.

On a blanchi la peau pour coller au récit,
Et les nains au final sont des nains de synthèses ;
C
oller à son époque, sans mobile précis,
Dans la douleur enfante une histoire très niaise.

Le dessin animé sans quête de pouvoir,
S’avérait bien meilleur, sans être très moderne ;
On l’a vu bien des fois et on peut le revoir,
Sans jamais, comme ici, le considérer terne.


Les excès du wokisme © Mapomme

Ici, j'ai choisi de pousser le bouchon en mettant Whoopi Goldberg, une actrice noire que j'adore (capable de jouer dans des comédies et des films émouvants), pour montrer l'idiotie de vouloir coller aux temps présents.

Dans le conte des frères Grimm, la mère de Blanche-Neige souhaite avoir une fille au teint aussi blanc que la neige. Aussi, un changement de couleur de peau est stupide.
Ce serait passé dans Cendrillon. Rien ne dit de façon explicite qu'elle a le teint blanc. A condition de ne pas transformer le récit en un truc imbuvable.

Ainsi, le récit de la Belle au bois dormant est très bien, dans Maléfique. Il est pourtant nouveau, mais sans changer fondamentalement l'esprit.

Élégies. Retour des temps obscurs

Revoici à l’école un retour des corbeaux,
Du vil obscurantisme aliénant les consciences ;
L
e savoir aux friqués et, d’un coup de rabot,
Les pauvres recevront mépris et malveillance.

La crème aux petits blancs, aux autres le rebut,
L
es avenirs meilleurs se trouvant dans l’impasse !
Moins d’impôts, moins d’espoir, ceci dès le début,
Et ça parle d’aller très bientôt dans l’espace !

Les WASP sont au pouvoir, tandis que Jésus-Christ
S’il exista vraiment, voit trahie sa parole ;
Je ne sais trop s’ils prient, ces gens pleins de mépris
Qui n’ont pas retenu ses belles paraboles.

On citait en exemple, empli d’admiration,
Cette démocratie qui me semblait fragile :
J’
espère qu’à présent ces amples violations
Des cruciales valeurs montrent les pieds d’argile

D’un indigne colosse usant de tels moyens !
Mais je ne confond pas le peuple et l’autocrate
Et je plains de tout cœur ces pauvres citoyens
Souffrant ce benêt blond à la mine béate.


Retour des temps obscurs © Mapomme

jeudi 20 mars 2025

Élégies. Quand les écrits dérangent

Les pouvoirs corrompus se démènent en vain,
Car en voulant soumettre et contraindre à se taire
L’insoumise plume d’un rétif écrivain,
Ils nimbent ses bouquins d’un délicieux mystère.

Ces tyrans dirigent des pays exploitant
De riches gisements assurant leur fortune ;
O
r, du flot de l’argent, rien depuis soixante ans
Ne se voit dans les rues, ni monuments ni thune.

Tous les jeunes s’en vont au pays des colons,
Où on peut espérer plus correctement vivre ;
Pour voir des fruits germer, soixante ans c’est bien long,
Et on y lit parfois de bien étonnants livres.

Quand un enfant instruit devient perturbateur,
S’il revient, on l’arrête, étouffant sa parole.
Accusé d’être espion, l’infâme agitateur
Dit que s’évapore la manne du pétrole.

Sans même un avocat, le voici condamné,
Sans soigner son cancer, en dépit de son âge ;
D’un juge le tyran est le succédané
Et le gêneur est pris dans l’odieux engrenage.


Quand les écrits dérangent © Mapomme
Avec un petit coup de main d'Ilia Répine

mercredi 19 mars 2025

Élégies. Le grand maître du deal

La planète attendait le grand deal de la paix,
Le maître en la matière ayant fait la promesse
De régler le conflit qui nous préoccupait
En très peu de temps, afin que vite il cesse.

Voilà qu’en préalable, il fit de l’agresseur
Une victime à plaindre, en inversant les rôles ;
I
l tint à dénigrer tous ses prédécesseurs,
Insulta l'agressé, en perdant tout contrôle.

Puis la réprobation, pour ses mots excessifs,
L’a contraint à changer d’approche et d’attitude ;
S
es envoyés formant un projet progressif,
Tout le monde espéra un début de quiétude.

Un simple coup de fil avec un être froid
Rebattit les cartes et du projet crédible
Il ne resta plus rien, sauf un chemin de croix
Qui offrait la victoire au tyran insensible.

Le mérite du plan fut de montrer enfin,
Que le maître du deal n’était pas le bravache ;
Repartant la queue basse, avec son plan défunt,
Dans sa claque il chercha une once de panache.


Le grand maître du deal © Mapomme

Élégies. Une étoile s’éteint

Je ne peux oublier les lazzis entendus,
Quand un film reçut la Palme d’Or à Cannes
,
Qu
e le verdict enfin au public fut rendu,
Car les festivaliers le plus souvent chicanent.


La noblesse dorée, se targuant du bon goût,
Se croit le seul jury qui à la fin couronne :
Marquis et comtesses, qui se montent le cou,
Renâclent, protestent et surtout fanfaronnent.

Or les gueux du public font le succès ou pas,
Dans les cinés sans or, votant par les entrées.
Passent les jours, les ans, et l’on juge sympa
L’actrice réservée qu’on avait consacrée.

Aussi, on est ému si survient un souci,
Un gros nuage noir qui pourrit l’existence
Et qui rend son destin fragile et indécis,
Sans emplir les journaux avec grande insistance.

Puis, on s’attriste un jour, lorsque tombe l’arrêt
Fatal de la Parque qui vient stopper la vie.
On ne sait trop d’où vient ce dolent intérêt
Quand une jeune étoile à nos yeux est ravie.


Une étoile s'éteint © Mapomme

mardi 18 mars 2025

Élégies. Sur nous une ombre plane

Tremblante Humanité, pense à ces temps anciens,
Lorsque de miséreux la crise emplit les rues,
Après un long conflit et que des patriciens
Eussent boursicoté de façon incongrue !

S
ouviens-toi des excès, tandis qu’en son tonneau
La haine fermentait, tel un sournois curare
Qui peut gâter l’esprit de poisons nationaux,
Balayant le monde, car ne criant pas gare !

Souviens-toi des torpeurs et de la cécité,
Quand du ferment aigri gonflait la barbarie !
Or naissait un futur semé d’atrocités,
Des sanglantes horreurs dont la haine est nourrie.

L’
aveuglement conduit à rester convaincus
Qu’on apprend du passé et qu’il ne peut renaître ;
R
evient au grand galop l’arbitraire vécu,
Qui veut de la planète être à jamais le maître.

Sur nous une ombre plane, étendant son essor,
Tel un train déglingué allant à toute allure ;
Q
uel augure en tirer, sinon un mauvais sort ?
Le pire est à prévoir et nul ne peut l’exclure.


Sur nous une ombre plane © Mapomme

Élégies. Un présage d’espoir ?

L’âme d’enfant renaît devant un arc-en-ciel,
Bien qu’un savant grincheux mornement nous l’explique ;
Q
u’importe cet impie ! Un penchant essentiel
Fait choisir le rêve, le beau et l’idyllique.

Un immense arc-en-ciel est un divin présent,
Et jamais je n’en vis un seul aussi grandiose,
Apte à me ramener à l’âge de six ans,
Couvrant tout l’horizon et m'offrant la symbiose.

On se prend à y voir un présage d’espoir,
Après des nuages, camaïeu d’anthracite ;
Sombre était l’horizon, sans solaire ostensoir,
Lorsque tonnait au loin la menace explicite.

Alors, cet arc-en-ciel semble un héraut divin
Qui invite à fonder d’heureuses certitudes,
En dépit du vent froid, rendant tout signe vain :
Tant d’eux furent déçus, qu’on en prend l’habitude.

À l’impossible on croit : il n’est jamais venu
Et notre âme est bleuie d’absurdes espérances ;
M
ais le crédule esprit, n’ayant rien retenu,
Dans la confuse nuit poursuivra son errance.


Un présage d'espoir ? © Mapomme
D'après une photo prise de ma terrasse

lundi 17 mars 2025

Élégies. L’enfant et le renard

« Mon tout petit enfant, grimpe sur mes genoux ! »,
A dit le vieux renard à un crédule gosse ;
« 
Tu auras des joujoux, des tas de câlinous
Et d’immenses marchés en vue de ton négoce ! »

L’enfant était heureux et le renard aussi,
Contant mille projets à ce blondinet prince ;
Si l’enfant est naïf, assez mal dégrossi,
De l’animal rusé, la morale est très mince.

Cheveux d’or vénérait le goupil au poil roux,
Car il semblait puissant, un empereur tenace,
Qu’on menaçait de mettre un jour sous les verrous,
Bien qu’il ait toujours ri de la vaine menace.

L’enfant se croyait grand, du souverain l’égal :
Il ignorait, hélas, son immense traîtrise,
E
xpert pour dénoncer le moindre accord légal,
Sans une hésitation ; là était la méprise.

Le renard se riait sans cesse de l’enfant
Et n’avait que mépris pour ce vil être avide ;
Bientôt on le verrait tous ses alliés bouffant,
Car le blondin crétin avait le crâne vide.


L'enfant et le renard © Mapomme

Élégies. Le calme flot des jours

La vie des pauvres gens offre peu de plaisirs
Et c’est encor plus vrai quand il s’agit des femmes ;
E
lles ne possèdent rien, ni avoirs, ni loisirs,
En esclaves traitées, par des mâles infâmes.

Dans les maisons closes, les corps sont modelés
Par les mains et les ans, et leur beauté s’étiole :
Elles voient le cœur sombre, à leurs yeux révélés,
Des clients semblant doux, adeptes des torgnoles.

Lors des jours de repos, elles boivent un peu
Et, le corps relâché, fument une cibiche ;
P
arfois, les beaux habits seront les plus dégueus,
Au pieu leur révélant d’inattendus fétiches.

Le paisible ruisseau des jours, des mois, des ans
S’écoule immuable ; pourtant, les jours s’égrainent,
Presque répétitifs, mornes et peu plaisants,
Hantés d’anciens chagrins qu’à tout jamais on traîne.

Le soir, devant la glace, on ne reconnaît plus
Ce corps pétri de jours, passés à tire-d’aile ;
Si plus jeune, autrefois, cette chair avait plu
Il n’abuse personne, au feu de la chandelle.


Le calme flot des jours © Henri de Toulouse-Lautrec
(Musée Toulouse-Lautrec d'Albi)

Élégies. Vieille peau de chagrin

Signant mille décrets sur des peaux de chagrin,
Le pouvoir s’étrécit et le spectacle lasse ;
A
près un bel azur, semble venir des grains
Et le doute croissant de l’espoir prend la place.

L’action pour le climat n’est qu’un vaste bobard
Pour le grand dadais blond qui sitôt la supprime ;
D’un coup des incendies donnent tort au jobard
Puis d’affreux ouragans font des tas de victimes.

Pour bâfrer des burgers, asséchez tous les sols,
Vidant les réserves jusqu’aux eaux millénaires !
Pompez tout le pétrole et provoquez des dols,
Livrant tous les pays aux froids et aux tonnerres !

P
uis, vous irez sur Mars, emportant tout le fric,
Mais, sans golfs, je crains, ne vivant que de rentes ;
V
ous creuserez un sol parsemé de derricks,
Ne pouvant empêcher votre faim dévorante.

Sous un dôme géant, vers un monde inconnu,
Vous lorgnerez en vain, maudissant l’impatience,
Car les peaux de chagrin n’auront pas retenu
Les chercheurs diffamés des plus utiles sciences.

Vieille peau de chagrin © Mapomme

Élégies. Un univers en paix

Nous aimerions vraiment croire à la paix future
Mais, si elle survient par un renoncement
Des valeurs de toujours, c’est une forfaiture
Qui ouvrirait la porte à tout détroussement.

La paix est une pause qui sépare deux guerres,
Dit-on, paraphrasant un grand auteur connu ;
L’
intervalle fut long et la trêve précaire
Mais, durant presqu’un siècle, elle a pourtant tenu.

Quand rugit la fureur des pouvoirs tyranniques,
Il est des silences tonnant avec fracas ;
Après le long printemps d’un jardin édénique,
Cerné d’enfers lointains, reviennent les tracas.

Il n’y a plus d’Adam et il n’y a plus d’Ève,
Mais d’enragés Caïn qui mènent leurs légions
Levant droit vers les cieux, l’acier d’un oisif glaive,
Qui menace, dès lors, les voisines régions.

Mars, seigneur des guerres, se morfond dans le calme
Car, sans lutte, il n’est rien qu’un dieu au lustre éteint :
I
l lui faut rallumer la terrifiante flamme
Pour rappeler qu’il est le maître des destins.


Un univers en paix © Mapomme
D'après Suzanne Valadon, Brueghel l'ancien et Rubens