jeudi 21 août 2014
Vers solitaire. Triolet sans Elsa
Ma femme aime son chat or je ne suis pas chat
Même en étant à poil jamais je ne ronronne
Je ne l’appréciai pas et elle se fâcha
Ma femme aime son chat or je ne suis pas chat
Cette chipie me dit que si j’étais pacha
Bientôt je m’en irais sans sceptre ni couronne
Ma femme aime son chat or je ne suis pas chat
Même en étant à poil jamais je ne ronronne
Vers solitaire. Y faut pas confondre !
Y faut pas confondre apostume et apostat
Même quand l’apostat aurait une apostume
Chose qui écœura Josie qu’il accosta
Car plus moche tu meurs en dépit d’un costume
Avant de décéder et son courrier posthume
Nous parvint non timbré et un euro coûta
L’affranchissement fut plus cher que de coutume
Bien qu’affranchis à ce courrier nul ne bita
Un seul mot et on le jeta sur le bitume
Malgré l’écrit sans un mot finit l’apostat
Mais pas sans un mort à cause de l’apostume
mercredi 20 août 2014
Vers solitaire. Il tombait des hallebardes
Sacrebleu ! il tombait des cordes,
Ce qui est fréquent, je vous l’accorde.
Mais, ça n’avait rien d’une expression :
Tombaient les cordes que nous tressions.
Fort heureusement, pas des amarres,
Car on devine le tintamarre,
Et si elles remplaçaient les eaux,
Comment les rompre ? Plutôt nos os…
Il ne s’agissait pas d’une ondée :
On évoquait plutôt une cordée.
Pas question que je sois le premier ;
Cet aplomb ne m’est pas coutumier.
Bref, pas d’audace sous cet orage,
Que mes voisins nommaient un cordage.
S’il se mettait à tomber des seaux
Le brave en prendrait plein les dorsaux !
Je restais les yeux sous les arcades,
Sans tenter de folle cavalcade.
Vers solitaire. Épigramme des cités désertées en été
L’enfant chantait Pic et pic et colle et gramme
Sautant à cloche-pied dans le cours de l’été
Je ne pouvais compter les pieds de l’épigramme
N’entendant que lui dans la déserte cité
Il rêvait d’aventure et d’insécurité
Sur les flots s’en allant vers une île à la rame
Une fumée montait lui annonçant un drame
L’assaut des pirates semant l’atrocité
De mon épigramme j’avais perdu la trame
Dans ma tête l’enfant ne cessait de chanter
mardi 19 août 2014
L'encre du néant. Les petits singes bleus
Comme nous nos amis s’ennuient des droits chemins
Et dans un labyrinthe aux nuits artificielles
Ils se perdent parfois et agitent leurs mains
Espérant de nous une aide providentielle
Dans des couloirs retors ils avancent sans fin
Revenant sur leurs pas car les voies par kyrielles
S’offrent à leurs regards de pauvres séraphins
Avalant la poudre d’étoile immatérielle
L’amer flot du Léthé n’a rien de fabuleux
Si le prix à payer conduit à la folie
Dupés ils errent par des détroits nébuleux
Subissant la sanction de la vie abolie
C’est la course folle des petits singes bleus
Dans le long dédale de la Mélancolie
lundi 21 juillet 2014
Sonnets. Le parcours compte plus que n’importe la fin
À nos amours déçues, à nos baisers reçus,
À la rose et l’ortie, au blé et la ciguë,
Aux démons d’ici-bas, aux anges du dessus,
Nous devons notre joie et nos peines aiguës.
Tous ont rejoint pourtant les limons de l’oubli,
Nous laissant tristement qu’une photo truquée ;
La mémoire avilit ou alors anoblit
Les images passées qu’on a trop reluquées.
Les pages sont froissées et le papier jaunit
D'un livre qui s’achève, dont les derniers chapitres
Conduisent au terme, cette fin qu'on honnit,
Dont la Parque au ciseau voudrait être l’arbitre.
Nous avons su extraire, avant d’être bannis,
Le
suc de la vie qui justifie le titre.
Sonnets. Dans les champs d’infini ensemencés d’étoiles
Dans les champs d’infini ensemencés d’étoiles
Nous aurons un sommeil tissé d’espoirs radieux
Le froid nous glacera les os jusqu’à la moelle
Car nous ne voudrons pas nous soumettre à un dieu
Évadés de la mort décédés en cavale
Dans un vaisseau fendant le vide sidéral
Nous rêverons d’ailleurs dans un caisson ovale
Refusant le repos d’un marbre sépulcral
Nous aurons tout misé sur la cryogénie
Pour filer à la barbe de l’insatiable mort
Ayant ainsi créé notre propre mesnie
Et loin des requiem pris un nouvel essor
Peut-être un jour prochain nous verra ramenés
À la navrante vie pour être d’anciens-nés
dimanche 20 juillet 2014
Sonnets. Sans le morne regret des chimères absentes
merci à Charles pour son
vers
Ils sont tous morts les insouciants et les soucieux
Qui dansaient sur les photos à la fin de la guerre
Ils ont rejoint l’enfer ou ont grimpé aux cieux
Retrouvant leurs aînés devanciers de naguère
Aussi croquons la vie comme en un fruit on mord
Nous sachant ici-bas successeurs éphémères
Sortis droit du néant y entrant par la mort
Acteurs intermittents vivants intérimaires
La connaissance est vaine et agit en poison
Gâchant l’heure présente et le bonheur fugace
Profitons de l’instant sans chercher de raison
Jouissons démunis d’un esprit trop sagace
Vers l’abysse futur Gilgamesh attristé
Va quêtant sans succès son immortalité
(Photo Robert Cohen)
samedi 19 juillet 2014
Sonnets. Pourvu que le danger apporte son épice
L’air embaumait l’épice et le ciel irradiait
L’argile et l’ocre d’un tropique exotique
Cet édénique endroit nos printemps répudiait
Aux jardins d’un docile ordre géométrique
Fi du gazon coupé que mon cœur abhorrait
Heureux qui comme Ulysse a quitté sa contrée
Laissant sa prairie morne et ses sages forêts
Pour de luxuriantes jungles impénétrées
Les pluies fades d’automne et les vertes pâtures
Ne sont que froid bouillon pour vieillard édenté
Je prie pour des vallées où jamais la Nature
Ne laisse les humains venir la tourmenter
Nous avons quelquefois ce rêve entretenu
D’un ailleurs inconnu et qui nous est connu
Sonnets. Le mauvais violoneux ne jouera que des noires
Je suis un violoneux entamant une gigue
Hélas sous mon archet triste est la partition
Car mes primes notes disjoignent une digue
Et jamais à la joie je ne fais soumission
Drôle je suis pourtant dans l’ordinaire vie
Et je passe souvent pour un vrai gai-luron
J’ai la boutade agile et la mine ravie
Un travers qui m’expose à de rustres jurons
Je ne peux m’expliquer la trahison constante
D’un archet qui devrait obéir à mes doigts
Cédant à mon humeur maussade et persistante
L’âme exhale alors un air de mauvais aloi
Cette triste nature est-elle incontestable
Ou est-ce à mon humour l'équilibre acceptable
vendredi 18 juillet 2014
Sonnets. Comme la baleine le Poète a des bosses
Qui n’a jamais perçu l’amer chant abyssal
Des baleines bossues léviathans qui gémissent
De profundis issu du silence démersal
Ces lamentos marins du spleen sont les prémices
Ces chants seraient en fait une invite à l’amour
Un refrain sirénien aux accents érotiques
Pourtant on y perçoit le pleur d’un troubadour
L’infinie nostalgie d’un appel hypnotique
Sur la grève proscrit le vrai poète écrit
Des vers qu’il a trouvés en creusant dans le sable
Tel le vent emportant ses peines et ses cris
La vague veut gommer la rime impérissable
Sa plume il a trempé en l’ambre spleenétique
Dissipant le poison d’un tourment poétique
jeudi 17 juillet 2014
Sonnets. Le bocal des poissons rouges
Voyez dans leur bocal tourner les poissons rouges
Ce vase clos de verre est leur claire prison
Comme eux nous n’avons pas d’obstacle à l’horizon
Et si nous avançons cette ligne aussi bouge
Nul ne peut embrasser d’un seul regard le monde
Nous nous pensons libres devant l’immensité
Le Ciel rit de ce manque de sagacité
Nous voyant progresser sur cette boule ronde
Revenant au terme d’un sphérique périple
Jusqu’au point de départ sans aucun demi-tour
Et fort désappointés par l’éternel retour
Il est donc des bocaux de dimensions multiples
Au final on y tourne en rond le plus souvent
S’enivrant dans une vaine course en avant
mardi 15 juillet 2014
Sonnets. Arrêtons les frais…
Sur la place nimbée de feux multicolores
Guirlandes entamant le néant de la nuit
Un peuple agglutiné assemblage fortuit
Répondait à l’appel de l’annuel folklore
Mais l’été frissonnait des ondées insolites
Venant l’après-midi pour chasser la chaleur
Menaçant la soirée d’un ciel gris de malheur
Avant que sous l’effet d’un souffle il se délite
Assis à banqueter sous ce froid maléfice
Les festoyeurs riaient de ce treize juillet
Se trouvant en été revêtus de gilets
En attendant le bal et le feu d’artifice
Shaman des soirs passés dandy des grands chemins
Dans la nuit j’ai dansé sans penser à demain
Sonnets. Les termites creusent d’horribles galeries
Les termites des ans pensent me tourmenter
Rongeant forant perçant à travers la charpente
Qui soutient l’édifice aujourd’hui fragmenté
Du récit de ma vie où ces nocifs serpentent
Le toit et les planchers croulent avec fracas
En mêlant mes années par leur travail d’insecte
D’autres se morfondraient n’y voyant que tracas
Dans les gravas je ris lorsque je les inspecte
Car je peux relier le proche et le lointain
Comblant les oublis causés par les galeries
Je réécris ainsi tous ces instants éteints
Colorant le chagrin de tons de drôlerie
Sur les ruines d’avant dans les feux estivaux
Laissez-moi ébaucher des souvenirs nouveaux
avec le concours de Max
Sonnets. Vestiges des enjouements
Les manèges du parc sont encombrés de ronces
Bouffés par l’oubli et l’herbe folle à loisir
Le flâneur singulier rapidement renonce
À ce lieu à présent visité sans plaisir
Ses appels risibles demeurent sans réponse
Et du joyeux passé il ne peut rien saisir
Sinon quelque image vieillotte et absconse
De manèges figés que les ans font moisir
D’un temps éteint dont il ne reste plus une once
Où s’est enfui le charme qui nous faisait rosir
Les hordes du néant ont surgi sans semonce
Saisissant à jamais l’ancien parc de loisirs
Sur le passé rasé le temps peut pavoiser
Subsistera le goût de mon premier baiser
avec le concours de Doisneau
vendredi 11 juillet 2014
Sonnets. Le parchemin des vies n’est rien qu’un palimpseste
Lorsque nous aurons bu bien plus que de raison
Que les chants de la nuit nous noieront de silence
Aurons-nous cure encor d’un amour de saison
Qui a jadis vaincu nos piètres vigilances
Nous trinquerons joyeux dessous les frondaisons
Riant du temps présent simulant l’indolence
Sur la terrasse ombrée vrai cœur de la maison
Nous nierons Dieu la mort d’une feinte insolence
La tendre fleur se fane avant la nouaison
Et les fruits automnaux clament avec violence
Que lointains sont les temps des chaudes fenaisons
Le vent transit l’été sans nulle nonchalance
Aussi nous faut-il boire avant ce vent funeste
Enivrons-nous gaiment et rions-nous du reste
Le parchemin des vies... © Mapomme
avec le concours de Bruegel l'ancien et de Bernt Nokte
jeudi 10 juillet 2014
Sonnets. À quoi rêvent les chiens dans l’ombre de la cour
Les chiens dorment à l’ombre et lorgnent vers les cieux
D’un pesant bleu de plomb où plane un maléfice
C’est un désert d’azur privé du bon office
Des nuages de pluie et de leur don précieux
Qui aurait supposé qu’endormi silencieux
Un chien rêve d’ondée et prie pour ce délice
Lapé tel le nectar consacré d’un calice
L’eau est le sang divin paradoxe audacieux
Une cigale chante en bon sorcier indien
Dans l’immobilité du mi-jour hypnotique
Quand le monde est saisi d’un somme méridien
Le soleil irradie la terre indigotique
Mais les rêves de chien n’ont rien de rimbaldien
On y voit des tropiques sans astre despotique
mercredi 9 juillet 2014
Sonnets. La Terre est toute ronde et l’horizon sans fin
Je suis parti un jour sans rien préméditer
Pour marcher sans halte jusques au bout du monde
D’un pas souple et léger sans voir l’absurdité
D’un tel projet exécuté dans la seconde
Le bout du monde n’est pas le bout de son nez
C’est au bout de tout par-delà les mers profondes
Dit du bout des lèvres vous serez étonnés
D’être au bout du rouleau face aux mauvaises ondes
À bout de force et de nerfs sans en voir le bout
Les amis j’ai brûlé par les deux bouts la chandelle
J’ai déploré de n’être pas un marabout
Oiseau grégaire se nourrissant d’asphodèles
Ou de buller sur ma branche tel un hibou
Qui à son bout de terre a su rester fidèle
dimanche 6 juillet 2014
Sonnets. Le merle du parc
Le feu du jour mourrait et l’ombre s’allongeait
Dans le parc dépeuplé à la vaste pelouse
Un mâle remâchait un saumâtre rejet
Ô persifleur printemps qui sans arrêt nous blouse
Un implacable chancre en cet instant rongeait
Son cœur enivré par la nouba andalouse
Adieu amour baisers et absurdes projets
Succombant à la faux des déités jalouses
L’air printanier tranche toute idylle naissante
Même si flûte un merle apparemment joyeux
Voulant charmer sa belle insensible et blessante
À l’Angélus drapé d’un bleuté camaïeu
L’Amour tremblote sur la branche sénescente
Alors triste est le merle et son cœur rocailleux
dimanche 29 juin 2014
Sonnets. Je vais marchant nu-pieds sur la braise des jours
Grises sont les aubes tristes à en pleurer
Et la nuit polaire nous paralyse l’âme
Pas d’horizon au loin où paraît une flamme
Faisant poindre un espoir si propre à nous leurrer
Allant par les villes tel l’oiseau apeuré
Quand sur les champs glacés le blizzard proclame
Son implacable empire dépourvus d’oriflamme
Nous sommes les hérauts dans l’ombre demeurés
Je quitterai pourtant cette vie à regret
Même si de l’Espoir elle n’est pas la fille
Même si l’avenir s’avère un fruit aigret
Chaque jour me perce d’une nouvelle aiguille
Tant il nous guide loin du bienfaisant Progrès
J’apprécie cette vie brodée de pacotille
dimanche 22 juin 2014
Sonnets. Le pourrissoir
Des minots jouent au foot sur une place en terre
Rêvant d’évoluer sur un herbeux terrain
Ils ne s’essoufflent pas et leurs jambes d’airain
Les portent sans faillir à l’instar des panthères
Ils oublient que le temps s’en vient rogner les rêves
Comme il use les corps il détruit les esprits
Car ce grand corrupteur a plus que vous compris
Le prix qu’il faut payer sans un espoir de trêve
Pour avancer vers l’âge où tout paraît possible
Vous qui passez la porte laissez donc tout espoir
Abandonnez tout songe et oubliez vos dribbles
Sans joie sans gloire allez vers l’hideux pourrissoir
Où tels de vieux chiffons vos ailes indicibles
Seront papiers froissés jetés sur le trottoir
Sonnets. Atropos
Recouvrez les miroirs et arrêtez l’horloge
Qu'aucune âme s’égare et que cesse le temps
La demeure connue de vos heureux printemps
Vous devient étrangère lorsque l’hiver y loge
Le balancier se tait comme le palpitant
Quand est tranché le fil auquel nul ne déroge
Qu’importe les amis et les nombreux éloges
Des mots vides de sens dits par des récitants
La maison est silence et s’emplit de l’absence
À la nuit revenue vous errez égarés
Tel un oiseau pleurant de peur et d’impuissance
Après la tempête qui l’a désemparé
Recouvrez les miroirs et pleurez l’insouciance
Sages épigones au trône impréparés
Atropos © Mapomme
Sonnets. A l’ombre de l’orme
A l’ombre de l’orme dans la cour de l’hosto
Des fumeurs discutent et crachent des volutes
S’effilochant dans l’air en moins d’une minute
Leurs rires feints tintent tels de vibrants cristaux
Ils parlent des anciens comme ils étaient tantôt
Comme ils sont aujourd’hui égarés et hirsutes
Pleins d’incohérences et créant des disputes
Au cœur de leurs chaos et délires mentaux
Les fumeurs recrachent des craintes exhumées
Vers le placide azur qui n’a cure des pleurs
A quoi bon exhaler de futiles fumées
Le destin s’en moque comme d’un cœur trembleur
Les vies sont semblables aux clopes consumées
Qu’on écrase soudain d’un geste sans ampleur
Sonnets. Appétit résurgent
J’ai faim d’espoirs j’ai faim d’envies
J’éprouve un appétit de lendemains meilleurs
À mordre à pleine dents à l’envi dans la vie
À croire au Progrès sans un brin de frayeur
Oui je frémis d’une fringale inassouvie
La conquête spatiale est chez le fossoyeur
Aux mômes d’aujourd’hui l’Aventure est ravie
Et je veux d’un ici qui ne soit pas d’ailleurs
Après l’Âge d’or nous vivons l’Âge d’argent
Les rois sont détrônés par les grandes fortunes
Et d’éphémères stars brusquement émergeant
Se repaissent de gloire et se gavent de thunes
Rendez-moi l’appétit d’un espoir résurgent
Que l’ombre mercantile jamais n’importune
Sonnets. Les prophètes (2)
De nouveaux prophètes vénèrent la Nature
Ils la préservent excluant l’Humanité
Sans songer un instant qu’elle peut péricliter
Des milliards d’âmes réclamant la nourriture
Devrons-nous sacrifier pâtures et cultures
Pour dix genévriers sublime vanité
Comme si l’homme ici n’était qu’inanité
Qu’il lui faille en hâte creuser sa sépulture
À qui veut l’entendre d’autres vont serinant
Que rien ne va si mal madame la Marquise
Qu’on peut se rendormir sur tous les continents
Ils nient tout inquiétant recul de la banquise
Et le climat selon ces esprits éminents
Se situe tout à fait dans les normes requises
jeudi 12 juin 2014
Sonnets. Les prophètes (1)
Je hais tout prophète moderne et rétrograde
Champion de l’anathème et faiseur de combats
Comme si l’ambition qui commande ici-bas
Ne permettait pas d’outrepasser l’algarade
Les pires de ces messies défilent et paradent
Pour nous ôter tout droit au plus petit débat
Mystique ou sociétal Sonnant le branlebas
Les uns excommunient et les autres extradent
Chacun veut imposer sa propre liberté
Celle qui nous contraint et les esprits bâillonne
Au nom d’un grand danger dont il veut disserter
Ces beaux ces grands esprits sur les plateaux rayonnent
D’un soleil noir et froid qui vient nous alerter
En versant la ciguë d’une pensée brouillonne
mercredi 11 juin 2014
Sonnets. Le néant quotidien
Les pas dans le sable que la vague nouvelle
Efface comme un avenir et ses espoirs
La présence retourne au néant sans surseoir
Le vorace néant qui chaque vie nivelle
Restera-t-il une algue une trace vénielle
De cette abolition des pas du promenoir
L’esprit du châtelain feu maître du manoir
Rêvant d’une Asie fausse et superficielle
Les dames au balcon dans le bleu de la nuit
La voûte constellée de clignements complices
Susceptibles de briser l’encre de l’ennui
L’aube aux lèvres roses délivre son supplice
La triste vérité surgissant d’aucun puits
La trop tangible aurore à l’atroce calice
Malédiction aurorale © Mapomme
avec la contribution de Gallen Kallela
mardi 10 juin 2014
Sonnets. Bois flotté
Sur la plage après la tempête
Le flâneur matinal a raflé un bois mort
Qu’il lance sans aucun remords
Pour amuser Médor qui dans l’eau fait trempette
Ce bois poli qu’un lambin jette
Autrefois garnissait un frémissant décor
Où voici peu de temps encor
La branche verdoyait avant d’être vergette
Combien de souvenirs passés
Blafardes images des plus fastes périodes
Vont au roc que la vague érode
Le suc des jours s’en va comme fut effacé
Celui du bois gisant cassé
Que l’écume a vomi au terme de l’exode
Sonnets. Je veux une histoire grandiose et colossale
Effacez mon futur pardonnez mon présent
Concevez mon passé araignée tisserande
D’une toile en fil d’or faites-moi donc l’offrande
Dépeignez un jadis sublime et séduisant
Brossez-moi un Antan d’un pinceau apaisant
Sur la toile enfantée que mes aubes soient grandes
Inouïes et rêvées Tissez-m’en des guirlandes
Surtout n’effacez pas mes aïeux paysans
Car mon passé m’ennuie sans relief et sans bruit
Fait de vains reniements et de nuits abyssales
Tout un empilement puant de mauvais fruits
Gravons le doux mensonge au lieu d’aurores sales
Sur mon tombeau glacé tout de marbre construit
vendredi 14 mars 2014
Sonnets. Jamais toujours
Les lettres ont gravé dans le marbre éternel
Des serments de papiers à l’encre délavée
Toujours écrivions-nous sur notre arbre internel
Semant d’amour futur les aubes emblavées
Que de passion clamée de serments solennels
De fièvres serties dans ces lettres enclavées
Ce bel accroche-cœur donne un baiser charnel
Sans se livrer pourtant aux passions dépravées
La cité éternelle a vu ses murs tomber
Avec l’armée glorieuse en déroute et vaincue
Les Merveilles du monde ont toutes succombé
Pourquoi les promesses en seraient donc exclues
Toujours est à jamais en son cercueil plombé
L’ardeur vaut-elle enfin d’être un seul jour vécue
mercredi 12 mars 2014
Sonnets. J’aime le sombre hiver
J’aime le sombre hiver et ses bras décharnés
Lorsque ronfle le poêle dans le coin de ma chambre
Les cieux sont attristés et plus gris que de l’ambre
Et nous allons sans âme en zombies incarnés
Les neiges et gelées semblent nous gouverner
Aux tréfonds du néant d’un éternel décembre
Quand la bise nous glace et le cœur et les membres
Quand l’espoir aux enfers se retrouve interné
Oui j’aime cet hiver car survient le printemps
Renaissance des cœurs au retour de la vie
Jonquilles et bourgeons et le chant des sylvies
L’hiver fait apprécier la magie de l’instant
Celui de sa débâcle aux rugissants torrents
Quand bouillonne le sang dans nos veines ravies
samedi 25 janvier 2014
Sonnets. La nouvelle Alexandrie
Le ministre du roi le fier Jérimiscour
Le plus brillant esprit qu’ait connu notre Terre
Ne pouvait supporter que de savants discours
Tout jargon agaçait le morgant dignitaire
Un jour il décida avec toute la cour
D’œuvrer à la venue des universitaires
Chassant les besogneux au charabia si court
Artisans paysans tout le pays quittèrent
Menés à la frontière avec le cœur fort lourd
Sans pouvoir décoder ce décret délétère
Sur leurs champs on bâtit des maisons et des tours
Le pays dépérit sans biens alimentaires
Point on ne se nourrit de langues de velours
Et pour Jérimiscour ce fut un grand mystère
Culture sans agri © Mapomme
jeudi 23 janvier 2014
Sonnets. Le promontoire du rêveur
La Liberté n’est rien qu’un concept illusoire
Bon nombre d’entre nous voudraient bien demeurer
Assis sur un rocher regardant écœurés
L’humaine société tels des vers infusoires
Rampe ce tas grouillant sans aucun exutoire
Se regroupant parfois pour pouvoir se leurrer
D’un mot trop imprécis ne faisant qu’effleurer
Les esprits si soumis au terme incantatoire
Les cœurs libres formant ce troupeau bigarré
Oublient le cliquetis des fers rédhibitoires
Enchaîné terrassé va le peuple égaré
Ces impies rappellent au rêveur péremptoire
Qu’il serait mort sans eux maigre et désemparé
Victime de l’hiver sur son vain promontoire
samedi 18 janvier 2014
Sonnets. L’épouvantail
Par le feu et le fer il ravage tout rêve
L’épouvantail L’épouvantail
Car surgissant soudain de l’ombre d’un portail
Tous nos ballons d'enfant il crève
Son regard nous transperce en tous lieux et sans trêve
Il entrevoit chaque détail
Va donc cohorte humaine à l’instar du bétail
Par la morne allée des drèves
Par les cités enfouies les paradis perdus
Dans les rangs des champs de lavande
Il surgit et nos cœurs par le froid sont mordus
Aussitôt la peur nous commande
Tout s’obscurcit tout est ardu
Et ce rêve maudit met notre âme à l’amende
Sonnets. Le Roi-délire
Abandonné de tous s’en va le Roi-délire
Par la lande venteuse et sous un sombre ciel
Que n’a-t-il avec lui un sublime oiseau-lyre
Pour chanter ses malheurs tel un barde essentiel
Le pays bat de l’aile et qui voudrait élire
Domicile en ces lieux sans roi providentiel
Parti à tire-d’aile aux aubes où pâlirent
Des astres nous versant un jour artificiel
Nul ne prend sous son aile un souverain mendiant
Qui a coupé en deux son blanc manteau d’hermine
Qui pourra le chauffer après cet expédient
Il a chassé sa fille et béni la vermine
Car il perdit l’esprit répudiant l’obédient
Et sous l’aile d’un fou le pays crie famine
vendredi 17 janvier 2014
Sonnets. Les rois sans couronne
Les monarques volent par les prés démocrates
Dans leur manteau de feu qui sacre le printemps
Sans couronne ni sceptre ils butinent un temps
Brigandant le nectar comme on boit un picrate
Je hais pourtant les rois et les vains autocrates
Se dressant sur leur trône où ils se croient Titans
Pourtant ces tyrans-ci sont bien plus méritants
Et jamais n’offriraient de ciguë à Socrate
Ces souverains zélés se comptent par millions
En chaque point du globe ils tiennent des antennes
Toujours en mouvement et sans nul roupillon
Rien que dans ce pré vert j’en vois une centaine
Gracieux et aériens comme tout papillon
Qui paraissent toujours courir la prétantaine
dimanche 12 janvier 2014
Sonnets. Ils tirent sur la corde
À Jacques Prévert
Je ne peux pas me pendre et j’en suis bien confus
Sans cesse une fillette a besoin de la corde
Pour jouer et sauter quand mon chagrin déborde
Je ne veux l’attrister par un brutal refus
Puis la lavandière se tenant à l’affût
Son linge veut étendre après qu’elle le torde
Jouant seul hameçon auquel toujours je morde
Sur la corde sensible ou faisant du raffut
Au musicien il manque une corde au violon
Une corde à son arc à quelque sagittaire
Une corde vocale à un grand baryton
Pourtant la corde est raide et si j’étais violent
J’enverrais dans les cordes ceux qui s’agitèrent
M’empêchant de me pendre à un beau nœud coulant
Ce qui était pourtant tout à fait dans mes cordes
d'après Marcel Carné
samedi 4 janvier 2014
Sonnets. La changeante constance
Les années déroulent leur cours perpétuel
Et pourtant parsemé de divines surprises
Un long torrent de jours suivant le rituel
Fait d’aubes radieuses et de sombres traîtrises
L’onde va vers l’aval mais son cycle annuel
Ramène à sa source sans la moindre maîtrise
L’eau nous portant à son rythme continuel
Nous croquerons pommes puis fraises et cerises
Redécouvrant émerveillés d’anciens plaisirs
Les pierres d’un temple serviront aux églises
Où nous aurons honte de nos défunts désirs
Pourtant à l’An nouveau nous verrons l’aube grise
Et la mélancolie s’en viendra nous saisir
Car les soleils d’antan sont éteints quoi qu’on dise
Quatre saisons © Mapomme
(with a little help from Mucha)
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