samedi 4 novembre 2023

Sonnets sertis. Danser parmi les tombes

Quand je serai clamsé, dans mon cercueil bien roide,
Je sortirai la nuit avec tous mes copains.

Alors, nous danserons, le soir au clair de Lune,
Sous la voûte étoilée, comme aux bals d’autrefois ;
La danse est macabre, sans présence importune,
Du moins côté vivants, qui sont de peu de foi.

Nous réchauffons nos os, car là est l’infortune :
Dessous la tombe on gèle et, dans l’ombre des bois,
Humide est la terre ; nous ne tiendrons rancune
Aux parents nous laissant grelotter dans le froid.

Si plus court est l’hiver et moins pluvieux l’automne,
À tout malheur est bon : nous claquons moins des dents ;
On ne mesure pas le futur à cette aune,

Et si coule une année, sans que vienne un parent,
Ne laissant qu’un bouquet comme on verse une aumône,
Pourquoi leur reprocher cet oubli apparent ?

Nous détestons décembre aux horribles nuits froides,
Qui nous trempent les os sous notre humble lopin.

Danser parmi les tombes © Mapomme
D'après Jan van Neck, Vincent van Gogh et Caspar Friedrich

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