dimanche 8 octobre 2023

Sonnets sertis. Le sobre et le noceur

J’avais nombre d’amis, en des temps fort lointains :
Les uns plutôt sobres et noceurs pour les autres.

Or l’insobriété faisant les bons vivants,
Je ne crachais jamais sur un ultime verre,
Qui, fort étrangement, précédait le suivant,
Et menait, sans faillir, aux bitures sévères.

Les bons vivants, dit-on, de rien ne se privant,
Font les meilleurs défunts, allant vite sous terre ;
Mais que de sobres sont, tout plaisir esquivant,
Eux aussi décédés : quel étrange mystère !

Au milieu de ma vie, sur un obscur chemin,
J’ai vu la Mort venir, puis repartir bredouille :
Un défunt m’a filé un sacré coup de main.

Depuis cet incident, n’étant pas une andouille,
J’ai fait de mon passé le profond examen,
Peu empressé d’offrir aux Parques ma dépouille.

L’apéro se fait rare ainsi que les festins,
Sans suivre au quotidien la diète d'un apôtre.

Le sobre et le noceur © Mapomme
D'après Gerrit von Honthorst

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