jeudi 4 décembre 2025

Rimes drôlatiques. Le vrai coût de la guerre

Un monstre sanguinaire expédie sa jeunesse,
Sur le front, au combat, pour y verser le sang,
Celui de l’ennemi et le sien en l’espèce,
César ayant prédit un pouvoir renaissant.

Mourrez, braves soldats, pour la fière promesse,
D’une fatale plaie ou sous des vents glaçants,
Qu’une génération s’éteigne avec noblesse,
Inspirant des romans et des chants indécents.

Dévorant ses enfants, ce tyran est Saturne,
Petit titan pâlot, qui se veut immortel,
Aux yeux inexpressifs, glacés et taciturnes.

Il lui faut sacrifier sur ces fumants autels,
Le sang de la patrie, les cendres dans les urnes,
Pour vivre dans l’histoire et paraître éternel.


Le vrai coût de la guerre © Mapomme

mardi 2 décembre 2025

Rimes drolatiques. Bannir la féérie

Bruxelles, Noël triste, où de nombreux enfants
Se voient privés des joies des fêtes coutumières :
Un maire mécréant soudainement défend
L’annuelle crèche de nos années premières.

D’horribles mannequins, que l’opinion pourfend,
Aux visages sans trait, plantés sous les lumières,
Affichent leur horreur, nos rêves étouffant,
La féérie étant d’un dogme prisonnière.

Ailleurs on a banni les crèches et sapins,
Qui indiquaient la joie des cadeaux, du partage,
Des tablées réunies, qu’on soit ou pas rupin.

Quelle est cette folie qui nous prend en otage,
Où un sectaire veut, jouant les turlupins,
Bannir la féerie qui est notre héritage?


Mères des bleus éteints © Mapomme


lundi 1 décembre 2025

Rimes drolatiques. Mères des bleus éteints

Brumes atlantiques, mères des bleus éteints,
Combien de cargaisons, volées à d’autres terres,
Ont enrichi les cours d’épices du lointain,
De trésors abondants, soudains et salutaires ?

Les comptoirs du ponant et ceux du levantin
Ont fait des rois mineurs, religieux et austères,
De puissants souverains dominant le gratin
Des cours de l’Europe sur ce simple critère.

Les possessions d’hier, soudain s’émancipant,
Ne resta que l’orgueil pour unique fortune,
Aux marchands démunis, jamais n’anticipant

Qu’une source tarit de cause inopportune ;
Le sort d’un peuple entier des aléas dépend :
Ne reste que la brume et l'or pris par Neptune.

Mères des bleus éteints © Mapomme

dimanche 30 novembre 2025

Rimes drolatiques. Un bleu marmoréen

On aimerait s’enfuir aux confins de la Terre,
En des lieux inviolés par l’ogre des réseaux,
Arpentant les déserts parsemés de cratères,
Dont certains sont emplis de féériques eaux.

On vogue sur des flots, nées d’un profond mystère,
D’un bleu presque irréel, sans algues ni roseaux :
Des falaises se dressent, rocs non sédimentaires,
Où nichent par milliers de mystérieux oiseaux.

Des sublimes dessins, tatouages des âges,
Illustrent les parois d’un bleu marmoréen,
Reflété dans les eaux comme sur nos visages.

Un antre ténébreux des temps solutréens,
Qui augure un danger, - du moins, on le présage -,
Gueule affamée qu’ouvre le marbre azuréen.


Un bleu marmoréen © Mapomme

Rimes drolatiques. Sous la pensée unique

Défions-nous désormais, en des temps outranciers,
De perdre tout relief sous la pensée unique ;
Nous irions formatés, privés de nuancier,
Acceptant, sans mot dire, un avenir inique.

Tout est aseptisé, lisse, indifférencié,
Pas un mot expressif, dans ce monde édénique ;
De blancs couloirs semblant percés dans un glacier
Néonisent des feux quasi cryogénique.

On n’ose plus penser, de peur que le cerveau
Ne soit examiné par d’intrusives ondes,
Détectant les germes d’un rebelle nouveau.

Donc, on ne pense pas, puisqu’un robot nous sonde,
Ou on songe à faire chez soi quelques travaux,
Et ainsi notre esprit de mille riens abonde.

Sous la pensée unique © Mapomme

samedi 29 novembre 2025

Rimes drolatiques. Des ballons vers le ciel

Nous avons envoyé, quand nous étions gamins,
Des ballons vers le ciel, emplis des plus beaux rêves,
Des rêves si légers, d’espoirs de lendemains,
Qui, se hissant trop haut, sous la pression se crèvent.

Nous avons longtemps cru qu’au bout de leur chemin,
Garants de nos espoirs qui au plus haut s’élèvent,
Ces désirs recevraient un patient examen ;
Ils n’ont reçu, hélas, qu’un méchant coup de glaive.

Nous avons tous grandi, mais restons ingénus,
Portant d’anciens rêves, sous des cieux d’anthracite,
Mais devinant, bien sûr, qu’ils s’avèrent ténus.

Le flot des ans coulant, l’échec est implicite,
Et nous sommes amers, bien qu’aujourd’hui chenus,
Conservant un espoir, malgré l’irréussite.

Des ballons vers le ciel © Mapomme

vendredi 28 novembre 2025

Rimes drolatiques. Un vieux rocker sommeille

Un vieux rocker sommeille au cœur de mon esprit,
Demeurant révolté par l’infinie violence
Secouant notre monde, où règne le mépris
Des puissants imposant à nous tous le silence.

Ils l’achètent aux gueux, sans rougir, à vil prix,
Qui n’ont par conséquent que très peu en balance ;
Or, il nous faut choisir entre deux malappris
Vantant dans les médias une fausse excellence.

Plus ma toison blanchit et moins je suis patient,
Lorsque je vois dans l’onde un requin qui s’approche,
Faisant un grand sourire aux nageurs insouciants.

Il viendra nous croquer, sans la moindre anicroche,
Car nous allons vers lui, du danger inconscients,
Sans se barricader, à l’instar de Gavroche.




Un vieux rocker sommeille... © Mapomme

Rimes drolatiques. Homo Pacificus

L’humain croyait aller en paix dans la forêt,
Mâchouillant un épi, sous un azur limpide ;
S’il y avait danger, pour sûr ça se saurait,
Tant la notion paraît à tout jamais stupide.

Paisible est le présent et ce qui effarait,
Dans les siècles passés, barbares et sordides,
Fit place au dialogue ; hors des coupe-jarrets
Troublant le quotidien, nos jours semblent splendides.

L’homo pacificus voit soudain déferler
Des monstres du passé, dinosaures voraces,
Qui surgissent d’un coup, près de nous, sans hurler !

Fossiles bien en chair, ils viennent sur nos traces,
Se fichant des traités et des vains pourparlers,
Mais veulent des humains éradiquer la race.

Homo Pacificus © Mapomme

dimanche 23 novembre 2025

Rimes drolatiques. Buissons ardents de rage

L’invocateur de l’Ombre a semé en tous lieux
Des buissons épineux qui, dans la nuit constante,
Agitent leurs branches en direction des cieux,
Mais aux appels les nues semblent rester distantes.

Ces buissons, bras levés, dressent des poings furieux,
Rêvant d’une aurore qui serait persistante
Et d’un empire allant sur un chemin glorieux,
Sous sa botte écrasant la vermine existante.

Délivrez-nous des nuits où croissent ces démons,
De la raison privés, et sans miséricorde,
Tels des vaisseaux voguant sans cap et sans timon !

À cet invocateur, trop d’égards on accorde,
Ainsi qu’à son délire, en forme de sermon,
Entravant la pensée de maléfiques cordes.


Buissons ardents de rage © Mapomme

mardi 11 novembre 2025

Rimes drolatiques. Délivre-moi de l’ombre

Bougie mi-consumée, délivre-moi de l’ombre,
Enténébrant l’esprit des humains esseulés !
Dans le doute, égarés, les minces espoirs sombrent
Et par tous, vainement, le jour est appelé.

Nos étés se vêtent des habits de décembre,
L’âme et le corps tremblent, tels des oiseaux gelés,
Et dans les drapas frileux, réfugiés dans la chambre,
Contre la nuit, chacun s’entête à grommeler.

Bougie, pâle soleil qui, en tremblant, m’éclaire,
Apporte un jour nouveau, un peu moins incertain,
Si tu daignes enfin par bonté me complaire !

Un sombre avenir règne en tyran importun,
Prédisant un destin pernicieux et polaire,
Qui fait de la maison un fragile fortin.

Le vol des goélands © Mapomme

dimanche 9 novembre 2025

Rimes drolatiques. Le vol des goélands

Elle fixe l’azur où vont les goélands,
Qui dominent les vents et recherchent dans l’onde
Le reflet argenté d’un poisson excellent,
Dont les flots oscillants depuis toujours abondent.

Bien qu’allant dans les airs, ils ont un cri dolent,
Comme pris d’un tourment que nul savant ne sonde ;
Elle les voit volant, libres et insolents,
Sans chaînes ni doxa, qui sur rien ne se fondent.

S’envoler et suivre, selon l’inspiration,
Un chemin ou un autre, hors des règles prescrites,
Est le seul vœu à prendre en considération.

On doit l’offrir à tous, quels que soient nos mérites,
Sans rester l’attribut d’une génération ;
Volent les goélands, loin des lois hypocrites.


Le vol des goélands © Mapomme

samedi 8 novembre 2025

Rimes drolatiques. Les illusions perdues

La guerre a le pouvoir de changer les humains,
Les rendant féroces, sans âme et sanguinaires,
Pouvant enténébrer les tristes lendemains
D’un être, jusqu’ici, paraissant ordinaire.

S’il a vu les horreurs parsemant le chemin
De ceux qui combattent de cruels tortionnaires,
En ayant pu mûrir un honnête examen,
Comment pouvoir rester quelqu’un de débonnaire ?

Quand on sait qu’un conflit nous fait envisager
La mort des soldats, comme simple variable,
Pour atteindre la paix, qui pourra présager

Qu’on ne deviendra pas le plus sanglant des diables,
Comme ceux dans les camps, s’avérant enragés,
Voyant de l'Abîme les maux irrémédiables ?

Les illusions perdues © Mapomme

vendredi 7 novembre 2025

Rimes drolatiques. Une pièce pour soi

Voici des décennies, la femme à la maison,
Jour après jour restait, hors du monde, recluse
Et s’y sentait souvent quasiment en prison,
Dans la moindre pièce, allant telle une intruse.

Apprenant qu’une amie disposait du cocon
D’un boudoir personnel, sans dispute, ni ruse,
Elle l’enviait d’avoir, par un débat fécond,
Repoussé d’un époux les mille et une excuses.

Que, pour elle, une femme ait un douillet endroit,
Afin de ne rien faire ou selon son choix lire,
Permet de s’exempter des jugements étroits.

Le farniente enrichit tout esprit qui s’exile,
Hors d’un monde sans joie, dans une pièce à soi
Qui offre à la pensée le plus sublime asile.


Une pièce pour soi © Mapomme


Rimes drolatiques. Pétri d’ombre et lumière

Je ne sais si l’humain fut pétri dans la glaise,
Et qui, sans l’avoir vu, pourrait le garantir ?
Selon moi, il est fait de noirceur et de braise,
D’ombre et de lumière, d’orgueil, de repentirs.

Nous marchons, chaque jour, au bord de la falaise,
À deux doigts de chuter, ne pouvant s’en sortir ;
Craignant du sombre abime un futur qui déplaise,
Notre esprit augure qu’il veut nous pervertir.

Parfois, j’entraperçois, reflété dans la glace,
Entre ombre et lumière, mi-fiel et mi-candeur,
Un humain ignorant sa véritable place.

À la bonté succède une violente ardeur,
À laquelle on cède, défait de guerre lasse,
Quand l'âme est pénétrée d'une sombre froideur.

Pétri d'ombre et lumière © Mapomme

mardi 7 octobre 2025

Rimes drolatiques. Quand l’herbe se fait rare

Quand l’herbe se fait rare, alors du jamais-vu
Paraît autour de nous, aux jours caniculaires ;
Renards et sangliers se tiennent à l’affût,
S’approchant d’un danger pour pallier leur galère.

Ces animaux sauvages viennent vers les maisons,
Où de curieux humains ne semblent pas hostiles ;
À ce comportement, il est une raison :
Ils donnent aux oiseaux quelques graines utiles.

On peut voir des chèvres grimper sur l’arbrisseau,
Sur de minces branches, quérant un rameau tendre ;
Pour boire, il faut chercher un des rares ruisseaux,

N’étant pas asséché, ou des humains dépendre.
Pour survivre, il leur faut soudain faire un grand saut,
Allant vers le danger, quitte à moins se défendre.

Quand l'herbe se fait rare © Mapomme

vendredi 3 octobre 2025

Rimes drolatiques. Les notes suspendues

Il fut un temps lointain, néanmoins assez proche,
Où nous ne glandions rien, lisant divers romans,
Ou écoutant Satie, ses airs taxés de moches
Par ses contemporains ; ils se gouraient vraiment,

Car sa mélancolie répondait à la nôtre.
Incertains du futur, habités de tourments,
Nous déclinions la foi de tous les bons apôtres
Qui vantaient un progrès tenant mille serments.

De sombres nuages menaçaient le bien-être,
Quand nous devions chercher un job pour l’avenir,
Dont peu donnait, hélas, envie de les connaître.

De certains employeurs, mieux valait s’abstenir,
Lorsqu’ils tenaient compte de nos chétives lettres :
De notre jeunesse, voulait-on nous punir ?

Les notes suspendues © Mapomme

mercredi 1 octobre 2025

Rimes drolatiques. Ils sont tombés, obscurs

 Qui sait ce qui poussa bourgeois comme ouvriers
À livrer une lutte inégale et suprême
Contre des escadrons de cruauté extrême,
Mus par un appétit féroce et meurtrier ?

Ils sont tombés, obscurs ou vainqueurs inconnus,
En offrant un destin à leur vieux pays libre,
Chassant les Ostrogoths loin des rives du Tibre :
Les humbles fantassins, chez eux sont revenus ;

Ils ont risqué leur vie, non pas pour la Nation,
Ni un simple drapeau, mais l’idée primordiale :
La liberté acquise lors des révolutions.

Tous ces preux ont lutté par simple conviction ;
À l’ombre de la paix, loin des fureurs martiales,
D'égotistes enfants n'ont plus foi dans l'action !

Ils sont tombés obscurs © Mapomme

lundi 22 septembre 2025

Réminiscences. Le terreau des pensées

Souvent lorsqu’on marche au cœur de la nature,
En dépit de l’effort et du chant des oiseaux,
Notre cerveau poursuit ses travaux d’écriture,
Sans un vrai calame taillé dans un roseau.

Quand on ne pense à rien, presque en villégiature,
Éclosent des idées, sans le moindre réseau,
Privé d’un seul clavier que nos dix doigts triturent,
Tel un air fugace sonnant comme un scherzo.

N'avoir rien pour écrire, au moment où foisonnent
Des phrases chamarrant des thèmes exaltants,
Nous navre avant terme puisque rien n’emprisonne

Ces thèmes condamnés à l’oubli révoltant ;
Du terreau des pensées, dit le cœur qui raisonne,
On les verra mûrir, enrichies par le temps.
Le terreau des pensées © Mapomme

dimanche 14 septembre 2025

Élégies. Même en les détestant

Certe on peut abhorrer des propos extrémistes,
Des mots mettant le feu dans nos pauvres cerveaux
Qui ont tété au sein de l’école humaniste ;
On ne doit pas tomber au plus bas des niveaux.

Face à certains propos, on pourra, en colère,
Marmonner in petto, et non pas fulminer ;
Des diatribes semblent faites pour nous déplaire,
Sans passer notre temps à les examiner.

Malgré mon désaccord, comme dirait un sage,
Je n’accepterais pas qu’on vous fasse du mal,
Pour avoir envoyé à tous votre message :
Notre comportement serait-il animal ?

J’ai vu un président périr dans sa voiture,
À Dallas en direct ; tuer pour des projets,
Semble plutôt le fruit d’un esprit immature,
Se fondant avant tout sur un profond rejet.

Une vie n’est pas rien : l’ôter est sacrilège,
Et le concept honni par le crime est nourri ;
Mais pourrait-on tuer, sans le faux privilège
De la vente d’armes, que ce pays chérit ?

Même en les détestant © Mapomme

samedi 9 août 2025

Élégies. Depuis des millénaires

L’onde semble paisible et pourtant le courant
Existe bel et bien sans être très rapide ;
Le lit profond du fleuve au sommeil apparent
Peut noyer la détresse au sein des flots turbides.

Depuis cinq mille années le suivent des humains,
Dont le nombre croissait grâce à l’agriculture ;
Longeant le fleuve ancien, je vais sur leurs chemins,
Profitant des beautés au sein de la nature.

Des végétaux nouveaux croissent sur les coteaux,
Parfois ceints d’arbres nés sur des rives lointaines ;
Plus proche était la mer, car les rocs sommitaux
Ont légué le limon de l’ample pénéplaine,

Affluaient
ces limons vers les terrains féconds,
Que submergeaient les crues des fontes prévernales.
Cloué au sol, j’envie la vue qu’ont les faucons,
Dont la beauté doit être assez phénoménale.

Chaque instant où s’écoule un
long flot continu,
Façonne la beauté des aubes ultérieures,
Lorsque nous déclinons et devenons chenus,
Sorte de fruits flétris, sans promesse meilleure.


Depuis des millénaires © Mapomme

jeudi 7 août 2025

Élégies. Grimper vers les sommets

Grimper aveuglément vers des sommets obscurs,
En espérant trouver la corne d’abondance,
Res
semble, au bout du compte, à un mobile impur,
Car il faut observer une extrême prudence.

Quel prix est demandé pour s’offrir l’incertain
D’un dessein accompli dans les nues invisibles,
Dont chacun a rêvé comme unique destin ?
Si l’âme en est l’écot, le profit est risible !

Car me voici assis au pied de l’escalier
Se perdant au-delà des plus épais nuages,
Hésitant sur mon choix, tel un preux chevalier
Que des relents soufrés freinent dans son voyage.


Si pour y accéder, ce qu’on livre est très cher,
Le tarif exigé démontre qu’on nous gruge
Et, dans ce cas, les cieux s’avèrent un enfer,
Où on ne peut trouver un tangible refuge.

Oh ! J’aurais tant voulu m’élever vers ces cieux,
Où plane le milan ou, mieux, le gypaète :
De ces zéniths maudits, par le sort facétieux,
Je demeure interdit tel un probe poète.

Grimper vers les sommets © Mapomme


mardi 5 août 2025

Élégies. Promeneur solitaire

Je n’apprécie rien tant que marcher solitaire,
En songeant aux tracas faisant mon quotidien,
De la nature aimant le calme salutaire
Qui permet de trancher nombre de nœuds gordiens

Me pourrissant la vie et m’échauffant la bile.
Mille et mille soucis qui taraudent l’esprit
Et soudain le silence en des bois immobiles
Sans bavardes
cohues grouillant de malappris.

Simplement des oiseaux serinant dans les branches
Qu’on distingue à leur chant, dispensateur de paix,
Loin de la comédie des postures peu franches
Des humains au bonheur amplifié et suspect.

Tout ce théâtre cesse au cœur de la nature,
Sans un rôle à tenir, moi aussi me flouant
De ma joie colorée d’une désinvolture,
Un masque de l’humour des regards se jouant.

La marche fait le vide et on ôte le masque,
Qui amplifie le drame ou surjoue le bonheur :
Dépeint au naturel, on chemine sans frasques
Et solitaire va le simple promeneur.


Promeneur solitaire © Mapomme

lundi 4 août 2025

Élégies. J’allais sans l’âme-sœur

Sur la Terre j’allais sans trouver l’âme-sœur,
Car le niais Cupidon ratait toujours la cible,
Bien que j'aie le cœur gros : ce dieu réunisseur
Loupait un éléphant se tenant impassible.

Je voyais des ballots filer l’amour parfait,
Trouvant la clef cachée d’une belle cassette,
Déployant ses atours du plus sublime effet :
M
on humble naturel chassait cette recette.

Pour mentir sans rougir, faut-il être immoral
Et vendre un faux mec bien au prix d’un produit rare !
L’
amante est aveuglée par un feu vespéral,
Dévorant du regard un abruti ignare.

Privé de la vertu de me faire plus beau
Plus profond, plus savant que sous ma vraie nature,
J’aurais le sentiment d’être un affreux ribaud
Offrant un champ d’orties pour divine pâture.

Aussi je poursuivais
seul, seulet mon chemin,
Passant sous les regards, inaudible, incolore,
Sans que nul pour l’instant ne me tende la main,
Jusqu’à ce qu’à vos yeux l’orchidée veuille éclore.


J'allais sans l'âme-sœur © Mapomme

Élégies. Comment sauter le pas ?

Hors la rue sans-souci, on attaque une pente,
Sur un chemin ardu, sinueux à foison ;
Adieu les plats trottoirs des flâneries pimpantes
Où nous ne désirions ni l’or ni la toison,

Hormis celles couvrant nos enthousiastes crânes !
Dès lors, plus on avance et plus il faut d’efforts,
Or, sous ce ciboulot que d’ébauches se trament
Quand des jeunes années nous laissons le confort.

Certe on s’élève haut, avoisinant les nues
Où commandent les dieux en cravate et costard,
Mais nous nous égarons, vers la cime inconnue,
L’altitude changeant le cœur à notre instar.

C’est alors que survient à mi-chemin des vies,
La décision à prendre en face d’un ravin.
Bien qu’ayant grimpé haut, l’âme est inassouvie :
Faut-il s’enténébrer si l’acte paraît vain ?

L
e saut nous semble aisé, puisqu’il faudrait qu’on monte :
O
r, c’est un pas qui coûte une livre de chair
Taillée dans l’âme humaine et qui nous ferait honte,
Car monter, c’est plonger plus avant vers l’enfer.


Comment sauter le pas ? © Mapomme

dimanche 3 août 2025

Réminiscences. Le bar du temps perdu

On buvait un café au bar du temps perdu,
Dedans s’il faisait froid, sinon sur la terrasse,
Évoquant nos espoirs en des ans très ardus,
Quand en tous lieux naissaient des appétits voraces.

Mais pour nous s’ouvriraient les voies du paradis,
Du moins l’espérait-on, pétris de certitudes,
Pouvant tout obtenir, sans avoir un radis
Hors d’un pauvre diplôme au bout de nos études.

Le monde avait changé, car les temps opulents
Avaient cessé d’un coup et c’était la galère
Pour dégoter un job pour un net stimulant,
Car le marché offrait d’assez maigres salaires.

C’était la douche froide avec un Bac plus deux,
Des contrats de trois mois payés à coup de triques :
Adieu les temps heureux aux salaires juteux,
Dans une Europe ayant des parfums d’Amérique.

Du bar nous changeâmes le véritable nom,
Pour bar du temps perdu, pour les vaines années
Passées à étudier pour gagner moins de ronds
Que le SMIC et voir choir nous illusions fanées.


Le bar du temps perdu © Mapomme

samedi 2 août 2025

Élégies. Une impression de vide

Dans un domaine, on bosse et tout semble gazer
Mais comment expliquer cette âpreté en bouche,
Un regret qu’on ne peut jamais apprivoiser,
Sans qu’on apprenne enfin quelle affliction nous touche ?

«Comment guérir la plaie ne portant aucun nom ?»,
Dirait un guérisseur, en auscultant mon âme,
Voulant chasser le sort lancé par un démon
Et qui sans me tuer, jour après jour me damne.

Est-ce la nostalgie d’un destin non vécu
Qui génère ce spleen, cette impression de vide,
Ce regret habitant la troupe des vaincus,
Demeurant, face au drame, austère et impavide.

Qu’on sonne le tocsin, quand l’invisible mal
S’empare des esprits ! Que prient les monastères !
Qu’on inspecte chacun, jusqu’au moindre animal,
Qu’on n’oublie aucun bourg, fût-il le plus austère !

F
léau désenchanteur, sans potion ni onguent,
Qui ôte toute envie et laisse insatisfaite
L’âme contaminée, comment rendre fringant
Qui à rien n’a plus goût, ni le cœur à la fête ?


Une impression de vide © Mapomme

Élégies. Volutes se dissipent

Volutes de fumée dans les airs se dissipent,
Et la jeunesse aussi qui voudrait s’envoler
Librement s’en aller : vers l’azur s’émancipent
Des rêves effarés, allant déboussolés.

Voyez-les tournoyer ivres de pittoresques,
De senteurs parfumées, loin des gris horizons.
Offrez-leur du nouveau, pas un savoir livresque,
Mais la folie d’ailleurs, loin de la trahison

D’avenirs convenus, puant la vieille armoire,
Pour marcher dans les pas des amis, des parents !
N
on, la rive inconnue dont l’exotisme moire
Des cieux illuminés de l’Idéal garants.

Fumée, tel un encens, élève-toi et porte
Le message confus d’un do indécis :
Scrute au fond de mon cœur les espoirs en cohorte,
Et retiens-y celui dont te plaît le récit.

La vie part en fumée, s’écoule à toute allure,
Tel un sable filant du creux de notre main :
D
e nos projets, pas un ne pourra se conclure,
Et nous suivrons, vaincus, de tout autres chemins.


Volutes se dissipent © Mapomme

Élégies. Souverains souvenirs

Nous avons tous en tête un endroit sacro-saint
Où, sans plus d’un regard, bien des visiteurs passent :
C
e dédain offense, sans avoir ce dessein,
Notre vénération d’un lieu que rien n’efface.

Souverains souvenirs nourris de mille instants,
Même si les années les submergent d’écume,
Qui rendra tout confus et d’un vague attristant.
Il ne demeure rien de nos bonheurs posthumes,

Sinon l’attachement aux défunts, aux maisons
Par les ans emportés ; ces ruines qu’on supprime,
Où nous jouions jadis, à la chaude saison,
D
ont l’absence paraît un inexpiable crime.

Il reste l’ébauche d’un suranné bonheur,
Tel un parfum gravé au sein de la mémoire,
Un fugace arôme qu’un mauvais parfumeur
À la hâte recrée, pervertissant l’histoire.

Nous demeurons l’enfant s’émerveillant de tout,
Du parfum du maquis et des maisons de pierre,
Bâties sur des rochers, qui se dressent debout
Entre monts et mer bleue, face à nôtre clairière.


Souverains souvenirs ? © Mapomme

vendredi 1 août 2025

Élégies. De quoi sont faits les jours ?

Au fond, que sommes nous ? Quelques brins d’herbe au vent
Emportés malgré eux ; une branche brisée
Que charrie le torrent furieux et éprouvant
Dans l’écume des jours et l’onde hystérisée.

Dans ce flot sont noyés les rêves d’autrefois,
Les espoirs d’avenir que l’on voulait grandiose,
Mais, par la porte étroite, ils ne passent l'octroi,
Ne pouvant espérer une vie en symbiose !

Les murs de la chambre dont le vert s’est éteint
Le vert des beaux espoirs, à présent mis en berne,
Est la cage aux forêts de simple papier peint,
Sans horizon au loin, dans une prison terne.

Les romans mensongers allument des brasiers
Qui bercent les soirées dont les voiles diaphanes
Font danser des lointains aux sièges en osier,
Et des cieux étoilés sans nues qui les profanent.

Jeune et désabusée, dans la sombre maison,
La prison conjugale où nul rayon ne rentre,
Pour caresser la peau d’un brin de déraison ;
Sans l’extase, un devoir pour que gonfle ce ventre.


De quoi sont faits les jours ? © Mapomme

jeudi 31 juillet 2025

Élégies. Faucher pour plus de blé

On tranche à tour de bras les emplois superflus
Et tant pis pour les gens qu’on mettra sur la paille,
Car pour avoir du blé, il faut que soient exclus
Les épis trop coûteux qui dans leur job traînaillent.

Foin des vains entretiens, des larmes, des pourquoi,
Et pourquoi justifier l’exécution sommaire ?
Q
uand on tranche un épi, au moins il se tient coi,
Puis noiera dans un bar ses émotions amères.

Lorsque dans des banques, avec un plein carton
Des employés pleuraient d’avoir perdu leur place,
Se gondolaient alors ces pauvres avortons,
Se croyant à l’abri d’identiques menaces.

Mais l’éden de la Tech, comme tous les secteurs,
Se développe un max, versant des dividendes
Puis l’horizon se bouche et il n’est qu’un facteur :
Dans l’arbre qui faiblit, il faudra qu’on gourmande.

Les plus gros salaires d’oiseux départements
Sont remerciés soudain bien avant la récolte ;
Ils reçoivent un mail les tançant vertement

Et on proteste un peu, sans une vraie révolte.

Faucher pour plus de blé © Mapomme

Élégies. Se délester d’un poids

Se délester d’un poids, balancé dans le vide,
Est un acte violent, qui survient tout d’un coup,
Pour réparer l’erreur d’un dirigeant cupide,
Qui ressort l’argument des charges et des coûts.

En fait, ne sommes-nous, pour ces très hauts salaires,
Que du menu fretin, un coût d’ajustement,
Grains de sables vidés dès la moindre galère,
Congédiés par un mail envoyé prestement.

Que représentons-nous ? Un rameau que l’on taille,
Pour laisser plus de sève au sommet souverain,
Seul apte à diriger la mère des batailles,
Mais piètre stratège, méjugeant le terrain.

Quelle est notre valeur quand le zénith ignore
Les tâches des grouillots assumant le boulot,
Souvent bien au-delà de ce qu’il subodore,
Pièces remplaçables bossant sans ciboulot.

Vieux mouchoir en papier, voilà qu’on nous balance,
Pèlerins du précaire en quête d’un contrat,
Du chômage à un job, et puis tout recommence :
Ça repart pour un tour, et puis boum patatras !


Se délester d'un poids© Mapomme