La filature n’est plus, depuis des
décennies,
Partie
sous d’autres cieux, laissant sur le carreau
Les
ouvriers du coin, grâce
aux petits génies
Qui
auraient dû finir derrière les barreaux.
C’est
une épidémie, comparable à la peste
Qui
a frappé le Nord et le monde ouvrier,
Et
rien pour l’en guérir, nul envoyé céleste,
Ni
miracle soudain, à force de prier.
On
ne pourra tirer des plans sur la
comète,
Tant
la tempête vient jeter sur les brisants
Le solide
bateau ; le profit malhonnête
Séduit
le nautonier tel un phare luisant.
Ainsi,
tout est ruiné, englouti
par l’écume,
La
cruauté des temps, et les rêves détruits
Voient
sombrer dans les flots les avenirs posthumes,
Plongeant
vers l’abysse lentement et sans bruit.
Le
boulot file ailleurs, où à bas prix on tisse,
Des
fringues à deux sous, s’usant en peu de mois ;
Il
n’est plus un patron qui chez nous investisse,
Et, en son
avenir, l’ouvrier n’a plus foi.
mardi 22 avril 2025
Élégies. Le boulot file ailleurs
Élégies. Le roi du Monde est nu !
Il prétendait régler
tous les conflits sur Terre,
En
assez peu de temps, d’un claquement de doigts ;
Comment
y parvenir ? C’est là tout le mystère,
Aux
faveurs
le tyran étant
resté
de bois.
Tout
fraîchement élu, le roi de la parade
Demanda
qu’on lui fît des habits inédits ;
Il choisit pour cela un ancien
camarade,
Auquel
ses partisans faisaient un grand crédit.
Ensuite,
il se lança, via quelques émissaires,
Dans
des marchandages assez inattendus :
Ils
prenaient pour comptant tous les mots insincères
Et
croyaient que l’accord était déjà vendu.
Au
final, nulle paix ne se trouva conclue,
Et
ils revinrent tous Gros-Jean comme
devant !
Chacun
se moqua d’eux qui eurent la berlue,
Amateurs
se croyant plus au fait qu’un savant.
Quand
aux habits nouveaux, qui devaient tant surprendre,
Ils
furent inouïs et d'un style inconnu ;
Nul
courtisan n’osa, craignant trop un esclandre,
Dire
au roi du Monde qu’il paradait tout nu.
lundi 21 avril 2025
Élégies. Pas même envie de lire
Parfois rien ne nous sied,
même l’envie de
lire,
Et
tout semble insipide, même le pur azur.
On
rôde en la maison, sans que l’on puisse élire
Un
hobby quotidien dont l’attrait serait sûr.
Alors,
les bouquins clos, sur le plumard on bulle,
Songeant
à tout et rien, dans un chaos complet :
Atone
est la maison, sans aucun préambule,
Et
rien, à la télé, franchement ne nous plaît.
On
exhume sans fin des choses désinvoltes,
Un
néant de pensées, ne menant nulle part,
Demeurant amorphe,
dépourvu de révolte,
Subissant
un torrent de souvenirs épars.
Le
jardin est fleuri, heureux, les merles chantent,
Pas
un nuage en vue : d’où vient ce
spleen soudain ?
Peut-être
qu’ayant tout, sans nulle envie ardente,
Nous
avons pour l’acquis un étonnant dédain ?
La
joie simple a le goût des amères oranges,
Et
en enfants gâtés, nous la mésestimons :
Le
versatile esprit a des humeurs étranges,
Sans
nul doute habité par
un cruel démon.
dimanche 20 avril 2025
Élégies. Vierge, cache ce sein !
Le bigot, effaré,
détourna son regard
Du
drapeau de l’état
qui montrait Virginie,
Avec
un sein à l’air qui le laissait hagard :
«Vierge,
cache ce sein ou tu seras punie !»
S’il
arrivait au Louvre et voyait le tableau
D’Eugène
Delacroix, romantique
et splendide,
Montrant
la Liberté portant notre drapeau,
Les seins en liberté dans
un geste candide,
Vite,
il exigerait son imminent retrait.
Hé,
quoi ! nouveau Tartuffe, dans tous les grands musées,
Nous
faudra-t-il vider toutes les collections,
Pour
ne plus voir ta gueule outrée et médusée ?
On
devrait donc songer à vêtir sans tarder,
Les
marbres des Vénus et des autres déesses,
Tous
les guerriers gaulois qu’il ne faut regarder,
Pour
éviter l’enfer, si on en voit les fesses !
Tes
ancêtres ont-ils montré tant de pudeur
Avec
tes esclaves à
demi dévêtues ?
Ton
drapeau évoque la sublime
grandeur,
De
vaincre une couronne à tout jamais battue.
Élégies. Se laver des péchés
Une messe suffit à se laver les mains
Des
péchés et des crimes dont elles sont couvertes.
Les
guerres ont laissé tant de croix en chemin,
Et
dans l’esprit de paix, tant de plaies sont rouvertes.
Ainsi,
on devient saint, dans le parfum d’encens,
Au cours du peu d’heures que dure la grand-messe.
Aux combats à venir, on voit le chef
pensant,
À
l’odeur des combats dans les brumes épaisses.
Le
cœur du conquérant n’a pas de religion,
Recherchant
la grandeur pour entrer dans l’histoire ;
Il
songe à envoyer de nouvelles légions,
Se
fichant de l’avis des lointains consistoires.
Que
sonnent les cloches à travers les cités,
Qui
rendront les croyants amplement euphoriques,
Fêtant
le prodige du Christ ressuscité :
Les
morts sont les héros
d’une guerre homérique.
Qui
périt au combat ne ressuscite pas,
Car
un crime de sang empêche de renaître :
Qu’y
a-t-il au-delà de tout humain trépas ?
J’en
repousse toujours l’idée de tout mon être.
Élégies. Aux sombres temps soumis
Il faut avoir connu une époque dorée,
Où
le monde avançait vers l’horizon radieux,
Puis
avoir traversé une crise abhorrée
Pour
enfin parvenir en un passage odieux,
Pour
regretter l’espoir qui dans l’ombre subsiste.
Nous
voici en l’hiver, tels de frileux oiseaux,
Regardant le sol nu, sous des cieux
gris et tristes,
Et
des renards lapant de troubles
mortes-eaux.
Déboussolé,
le monde en chemin se fourvoie,
Le
bonheur d’autrefois se révélant sans prix ;
Si
d’habiles marins sur l’océan louvoient,
Les
malheureux terriens par les flots sont surpris.
Pièce
interchangeable, l’humain est une
merde,
Qu’on
piétine et qu’on trait, sans le moindre respect ;
Dans
l’open space affreux, tant de rêves se perdent
Car
on n’ose songer, ne vivant plus en paix.
Nous
sommes crucifiés au cadran de l’horloge,
Bossant certes moins bien dans ce théâtre ouvert ;
Songeant
aux temps passés, toujours on s’interroge
Sur
le sombre avenir et l’éternel hiver.
samedi 19 avril 2025
Élégies. Un pouvoir sans limites
Au départ, il chasse
tous les contre-pouvoirs,
Ralentissant,
dit-il, une
action plus rapide
Qui
produit des effets qu’il
n’a pas su prévoir,
Tant
il
veut aller vite et tant il
est cupide.
Le
tout nouvel élu, ivre de son succès,
Applique
ses projets sans les mettre en balance :
De
l’inaction passée, il veut crever l’abcès,
Tranchant
à la hâte, presqu’avec indolence.
Il
s’enfonce, dès lors, au cœur des profondeurs,
En
laissant tout espoir, dans des lieux sans lumière ;
Il
court droit vers l’Abîme, en quête de grandeur,
Perdant
dans l’avancée ses ambitions premières.
S’inquiètent
les suiveurs, de cet acharnement,
Car
à ses beaux discours nulle corde ne vibre.
À
défaut de délier un lourd
harnachement,
Il
asservit le peuple, afin d’être plus
libre,
Libre
de s’enrichir sur tous les tâcherons,
Au
cœur des ténèbres, de plus en plus intenses :
Tout
irait à vau-l’eau, sans mors, sans éperon,
De
l’élu, le peuple sentant
l’incompétence.
vendredi 18 avril 2025
Élégies. La laideur des conflits
Il faut toujours aider un peuple à se
défendre,
Lorsqu’il
est agressé par un pays plus fort ;
Certains
préféreraient qu’il veuille bien se rendre
Afin
de disposer d’un éternel confort.
Il
faut armer la guerre aux images
terribles,
Et
accepter l’émoi soudain nous étouffant,
Éveillant
d’anciens deuils qui nous rendent sensibles,
En voyant
un parent qui pleure son enfant.
On
peut aider un peuple et détester la guerre,
Qui
ranime en nos cœurs un passé
refoulé ;
Pour
avoir trop connu sa pénible atmosphère,
Je
la hais en dépit du temps qui a coulé.
Aux
tyrans belliqueux, il faut faire barrage,
Et
pourtant déplorer les combats
inhumains ;
Comment
peut-on aimer cet éternel outrage
Qui
hante le passé et tous nos lendemains ?
Pourtant
certains l’aiment cette saloperie,
Semées
de cadavres, semblant une fiction !
Vêtant
d’un noble habit une ample duperie,
De
son peuple, un tyran gagne la conviction.
Élégies. Cadeau empoisonné
Il ne faut pas croquer dans un beau fruit
offert,
Sans
être bien certain qu’il ne cache aucun piège,
Car
il ouvre, parfois, les portes de l’enfer,
Dont
aucun
antidote à
coup sûr
nous protège.
Il
est déconcertant que l’horizon, au loin,
Sous
de sombres nuées, d’un seul coup disparaisse ;
Toute contrariété, née à
brûle-pourpoint,
Incite
au pessimisme ainsi qu’à la paresse.
Dans
la forêt, on
fuit l’amorce du chaos,
Pour
enfin s’assourdir d’un reposant silence ;
On
y demeure seul, loin des nombreux cahots
Qui
nous secouent, ayant manqué de vigilance.
Aussi,
dès que l’on voit un possible
soutien,
On
se sent soulagé et on le croit aimable ;
Tout
renfort amical aussitôt entretient
La
flamme de l’espoir, étant inestimable.
Mais,
il est des cadeaux qui forment un danger,
Car
portant en leur sein des ténèbres bien
pires
Que
celles qu’on avait fuies, n’y pouvant rien changer ;
Par
ce secours fortuit toute espérance expire.
jeudi 17 avril 2025
Élégies. Une offre irrécusable
«Au monde je vais
faire une offre irrécusable !»
Indiqua
le Parrain en pleine réunion ;
Il
avait survécu, tel un roc inusable,
Aux
torrents des tourments et face à l’opinion.
Son
offre n’était rien qu’un flingue sur la tempe,
Façon
de négocier dans un certain milieu ;
C’est le mal souriant, tel un
serpent qui rampe,
Qui
toujours définit un pouvoir
insidieux.
Sortant
des ténèbres, on croit que la lumière
Va
éclairer le monde en mode continu ;
Mais
des groupes sans loi, aux infâmes manières,
S’attaquent
sans arrêts aux êtres ingénus.
Le
couteau sous la gorge, il
faudra qu’ils acceptent
De
nuisibles marchés qu’imposent des truands ;
La
nuit s’est installée, sans qu’on en soit adepte,
Des revenus d’autrui sa part s’attribuant.
Des
accords sont conclus au sein des coteries,
Fixant
en grand secret d’indues contributions :
«C’est
un impôt !» dit-on,
avec
effronterie,
Et
le payer, en fait, serait la solution.
D'après une scène de Dick Tracy de Warren Beatty et une réplique du Parrain
mercredi 16 avril 2025
Élégies. L’odyssée des emplois
J’ai navigué dix fois de CDD en stages,
Avant
de jeter l’ancre en un plus stable endroit ;
Ulysse
est demeuré vingt années en partage,
Loin
de chez lui, sous Troie, puis
connaissant l’effroi
Sur
les flots ballotté, affrontant les
tempêtes.
Je
me souviens encor des patrons prédateurs,
Payant moins que le SMIC : des
contrats à perpète
Pour
des jeunes soumis à de vils exploiteurs.
Les
projets d’avenir sont pris dans la déroute,
Sous
des cieux déclinant un camaïeu de gris ;
L’espoir
bat la chamade et, plus que tout,
redoute
D’entrer
sur une voie où tout serait écrit.
On
ressent du dédain, en dépit des études,
Vu
comme du bétail qu’on trait sans nul respect ;
Puis
tout change, un beau jour, sans
que notre attitude
Ait
varié d’un
iota et on trouve la paix.
Telle
fut l’odyssée de ma rude jeunesse,
En
sortant diplômé mais privé
d’horizon,
Pourvu
des illusions des radieuses promesses,
Ne
subodorant pas leurs froides trahisons.
mardi 15 avril 2025
Élégies. Les maux renouvelés
Les cieux étaient d’azur qu’enflammait l’or
solaire
Et
nos vies paraissaient aller de mieux en mieux ;
Or,
il n’est rien de sûr, car de brusques colères
Menaçaient
l’illusion d’un éden harmonieux.
Déjà,
j’avais connu le tonnerre effroyable
Des
hélicos passant au-dessus des maisons ;
Ce boucan quotidien à l’impact
incroyable
Terrorisa
l’enfant ignorant sa raison.
Puis
on assassina un
président moderne,
Et
renaquit la guerre, en un pays lointain,
Dont
les combats violents tout jeune esprit
consternent,
Tempérant la ferveur des espoirs enfantins.
La
petite fille pleurait
et courait nue,
Tandis
qu’au loin brûlait l’horizon estompé
Par
les nuages noirs d’une horreur trop connue :
Un
miracle étonnant permit d’en réchapper.
De
partout on voyait crimes et injustices ;
En
l’enfant que j’étais, un ressort se rompit,
N’ayant
plus foi en rien, pas même en l’armistice,
Car
la paix m’apparut comme un simple répit.
lundi 14 avril 2025
Élégies. Aller vers les ténèbres
Vêtu des habits neufs de la démocratie,
On
pourrait, à pas
lents, entrer dans le brouillard,
Puis
dans les ténèbres et, par impéritie,
Offrir
tous
nos acquits aux plus véreux pillards.
Sans
peine, on peut glisser vers le profond abîme,
Un
enfer présenté en bel eldorado,
Aux
gouffres
ténébreux au lieu des feux des cimes,
N’offrant
aux déclassés qu’un
univers crado.
Des
meetings ont lieu, qui frémissent de fièvre,
Où
l’ample frénésie saisit les partisans ;
Que
d’ardeur soulevée par des tirades mièvres,
Répétant
les discours honnis voici dix ans !
Dans
l’ombre, on peut glisser, comme
on chausse ses grolles,
Allant
dans les ténèbres où trônent des führers ;
Sur
les réseaux sociaux des anonymes trollent,
Répandant
des discours de bruit et de
fureur.
Pour
défendre un pays, la déraison commence,
Rognant les libertés et toute
opposition ;
Le
pouvoir absolu abolit la
clémence,
Pour
aboutir, hélas, en folle inquisition.
Élégies. Un monde illibéral
Jeune, j’ai vu des films décrivant un futur
Où
renaîtrait la guerre
et croîtrait la misère ;
On
y voyait toujours des lendemains obscurs,
Quand
des alliés d’hier seraient des adversaires.
Sous
des cieux torturés, erreraient les humains
Dans
des mégacités tissées de rues cradingues ;
Des
tas de sans-abris seraient le lot
commun
Des
trottoirs des banlieues, parsemés de seringues.
Plus
le profit grandit, plus l’injustice croît,
Plus
on pense à quoi sert
une immense fortune ;
L’or
vaut-il ce qu’il vaut, quand tant portent la croix
D’avoir
la faim au ventre, en l’absence de thunes ?
Comment
pourra tourner, sans en payer le prix,
-
Car tout se paie un jour -, cette folle
machine
Où
triomphent toujours les pires malappris,
Devant
lesquels, hélas, nous courbons tous l’échine ?
Je
fus riche d’espoirs et d’avoir ma maison,
Mais j’ai perdu la foi et le doute
me ronge ;
Les
eaux du Pactole s’assèchent sans raison,
Et
d’y boire un gorgeon n’a été qu’un
vain songe.
dimanche 13 avril 2025
Élégies. Mater les inutiles
On produit du charbon à l’autre bout du
monde,
Où
des gens s’exténuent, gagnant trois francs six sous ;
Là
où la vie n’est rien, le
labeur est immonde
Mais
de tous leurs péchés les patrons sont absous.
Pire
que Germinal,
on y creuse sans trêve,
Et
jeune on crèvera comme au siècle passé ;
Dans
ces pays lointains, il n’y a pas de grève :
Chez
nous les ouvriers se trouvent déclassés.
Les
régions désertées, aux usines-fantômes,
Traînent
le souvenir d’un bien-être glorieux ;
Ce
fol appât du gain est l’éminent symptôme
De
l’aveugle profit sans horizon sérieux.
Ici,
dès qu’on se plaint, qu’on parle de révolte,
Ça
fait grincer des dents notre Dame
de Fer ;
Des
coups de matraque, c’est tout ce qu’on récolte,
Puis
la cité se vide et l’on traîne en enfer.
Prospèrent
les riches, anoblis
par la Reine,
Qui
réchauffent leur cœur au paradis fiscal ;
Soupirent
les pouilleux, près
des puits que gangrènent
Quarante
ans de sommeil, sans renouveau pascal.
samedi 12 avril 2025
Élégies. Chanter un peuple obscur
Le trouvère a chanté les ouvriers qui
suent,
Afin
que leurs enfants puissent vivre mieux qu’eux ;
Mais
ce rêve doré s’avéra sans issue,
Car,
au nom du profit, ils
resteraient des gueux.
On
a confié les jobs à des contrées lointaines,
Les
usines fermant en laissant des chômeurs ;
Les
villes-fantômes se comptent par centaines
Et,
sans perspectives, tout le pays se meurt.
Le
lierre a recouvert chaque mur des fabriques :
Les
carreaux sont cassés, le métal a rouillé ;
On
tague des slogans sur les vieux murs de briques,
Et
tous les ouvriers sont partis vadrouiller.
D’affreux
prêts toxiques chassent de leurs baraques
Des
propriétaires quand grimpent l’inflation ;
La
justice étrange les victimes matraque
Quand
les sales banquiers vont sans condamnation.
Un
seul les fustige : le chanteur
populaire,
Qui
dénonce le fric et le luxe immoral ;
Pour
gonfler les profits, on prive de salaires
Les
gueux payant
le prix d’un monde libéral.
Élégies. Le nigaud du chaos
Il lance à tout propos
des phrases incendiaires
Et
les journaux relaient les mots du trublion ;
Pour
ce faire, il use d’un langage sommaire,
Quand
la planète entière a
peur de l’histrion.
Peut-on
prendre au sérieux l’allocution confuse,
Quand
son vocabulaire est
quasi enfantin ?
Le
moindre grammairien de son discours s’amuse
Qui
ne peut agréer que les ignorantins.
La
diatribe a hélas de vives conséquences,
Induisant
que le monde en
perde aussi le nord ;
L’incendiaire
puissant n’est jamais en
vacances,
Excepté
le week-end, où il s’adonne au sport.
Il
prétend tout prévoir, mais
il perd le contrôle
Et
le feu se propage, atteignant les
secteurs
Qu’il
voulait protéger : ma foi, ce serait drôle,
Puisqu’il
vient à punir ses propres électeurs.
Sans
arrêt le dollar lentement périclite
Et
l’archange des cours a des plumes de plomb ;
Lorsque
dans le brasier
nos
espoirs
se délitent,
Renaît
l’ancien chaos qu’inquiets nous contemplons.
vendredi 11 avril 2025
Élégies. Quand coule une eau-de-feu
On croit pouvoir forer sans causer des
dégâts,
Comme
si le sous-sol qui se trouve sous terre,
N’était
que d’un seul bloc, un non un agrégat
Recelant
des couches et de profonds mystères.
Aussi,
quelques esprits, légers et incertains,
Perforent
les roches, filtrant l’eau des averses ;
Ces
travaux s’avèrent à vrai dire importuns,
Lorsque
des nappes d’eau sans faillir ils traversent.
Les
gaz de schiste sont une aberration,
Qu’il
nous faut appeler
Crime
contre nature,
Car
leur extraction cause une altération
Rendant
infertiles cultures et pâtures.
Puis
l’eau du robinet, coulant à volonté,
En devient imbuvable et rend les gens
malades ;
Tout
ça pour le profit, qu’un pouvoir éhonté
Veut
défendre à tout prix, racontant des salades.
Oh !
Piètres avocats, expliquez-nous comment
L’onde
du robinet, contre toute
logique,
S’enflamme
sous nous yeux, vraiment sur le moment ?
Tout
ceci vient du gaz et n’a rien de magique !
jeudi 10 avril 2025
Élégies. Délires du Jocrisse
La ville sidérée contemplait le Jocrisse,
Qui
dansait, s’agitait et riait sans motif,
En écartant les bras,
pris d’un soudain caprice,
Dressait
des supplices un tableau exhaustif.
Pourquoi
chercher sans fin d’un délire la cause,
Puisqu’on ne peut
trouver le germe d’un excès ?
Absurde est le savant qui
veut comprendre et glose,
Tel un moine copiste avec
d’obscurs
versets.
Jocrisse
aime ébahir sa cour presque
amusée,
Entamant
une gigue au rythme intermittent,
Mais
son délire est
moindre et la foule abusée,
Le
croit plus fou qu’il n’est et assez
irritant.
Il
renchérit parfois, semblant toucher les cartes
Qui
servent à rafler les mises au poker ;
En
insistant un brin, on découvre un jeu tarte
Et
qu’en dehors de lui il n’avait nul joker.
Il
dit qu’il se doutait d’avoir joué à perte,
Mais qu’il fallait brasser les
cartes pour gagner ;
Ne
croyez pas un mot sur
sa vision experte,
Car
d’aucune méthode il ne peut témoigner.
Élégies. Je sais ce que je fais !
Je mets le feu au monde et sitôt
il
s’effraie,
Parce que j’ai montré mon infini
pouvoir !
Il
court dans tous
les sens, poussant des cris d’orfraie,
Et
je me délecte
d’avoir pu le prévoir.
Des
vils boursicoteurs, j’ai
cramé les finances,
Réduisant
leurs profits d’une année à néant !
N’attendez
pas de moi la moindre pertinence
Venant
de mon esprit : c’est
un gouffre
béant.
Je
crame des milliards qui partent en fumée,
Car
n’étant pas à moi, j’avoue que peu m’en chaut.
Et
la Bourse, d’un coup, se
retrouve plumée,
La
finance perdant tout ce qu’elle a pécho.
Sur
mes alliés je crache et même je les lâche,
Pour
flatter, embrasser mes plus grands
ennemis ;
J’adore
ce moment, où d’un seul coup je clashe
Avec
tous les pays qui demeuraient soumis.
Avec
les bras cassés composant mon équipe,
Je
suis sûr qu’ils feront vraiment tout de travers ;
Qu’importe
si, dès lors, chacun me prend en grippe,
J’efface
d’un décret les plus graves revers.
mercredi 9 avril 2025
Élégies. Avec la corde au cou
Il espérait nous voir avec la corde au cou,
Les
pieds et les mains liés, soumis devant le monde ;
Pérorant,
le faux roi nous
emplit de dégoût
Puisque
tous ses rivaux à la hache il émonde.
Nous
voici suspendus aux propos délirants,
Car la planète entière, à dessein, il insulte ;
Nul
ne peut décrypter dans les mots du tyran
Les
longues logorrhées d’un tel esprit inculte.
Tous
les peuples devront venir se prosterner,
Pieds
nus sur le pavé et en robe de bure,
Devant
le maître altier
qui veut nous gouverner,
Nous
traînant dans la boue et nous couvrant d’ordures.
Il
a un plan, dit-on, mais comment le
sait-on,
Puisque
dans le brouillard, au hasard il navigue ?
Il
prédit l’avenir, à grands coups de menton,
Et
nul ne peut savoir ce que son âme intrigue.
Dans
le froid, allons tous en bourgeois de Calais,
Des
cités asservies, les grandes clés remettre ;
Tous
les mois à venir nous paraissent bien laids,
S’il
nous faut nous soumettre à un si fruste
maître.
D'après Auguste Rodin
lundi 7 avril 2025
Élégies. La Fronde féminine
Sous
la Révolution, la fin des privilèges
Fut
un moment sublime, un phare dans la nuit ;
Quand
le dos accablé d’une charge s’allège,
Hors
de l’ombre on marche vers un soleil qui luit.
Certe
il y eut le sang, sous la Terreur aveugle,
Mais
l’homme était libre, riche de droits nouveaux ;
Après
la rancune d’un populo qui beugle,
La
vie se transforma presqu’à tous les niveaux.
Cependant
il y eut de grandes oubliées :
La
femme n’obtint pas plus de droits pour autant,
Car
soumise à l’époux, par
le mariage liée,
Et
il fallut attendre au moins cent soixante ans.
En
ayant plus qu’assez qu’un époux en despote
Puisse
régir leur vie, elles ont renâclé ;
À
la Libération, gagnant
le droit au vote,
Leurs
souhaits se firent nettement plus musclés.
Après
deux cents années, les choses sont meilleures
Puisque
dans les couples des temps contemporains,
S’ils
ont l’esprit ouvert, de
l’époque antérieure
Différent
tout à fait par des rapports sereins.