dimanche 6 avril 2025

Élégies. Nostalgie des chimères

Nous regrettons souvent un temps imaginaire,
Sans folle frénésie dévorant les cités ;
Pourtant, l’époque offrait des conflits sanguinaires,
Où des combats naissaient nombre d’atrocités.


Je viens de culs-terreux, qui de l’aube au soir triment,
Ayant le dos brisé et le corps douloureux,
Ou venu en ville, dans l’usine on s’escrime
Douze heures par journée d’un labeur rigoureux
.

Bien sûr, on pouvait voir plusieurs catégories
Sur un même trottoir, où de nobles tissus
Jouxtaient les plus simples, telle une allégorie
Montrant de laquelle chacun était issu.

Belle époque vraiment, où des factions violentes
S’affrontaient sans arrêt à propos du procès
Du capitaine Dreyfus, souillure désolante
De l’antisémitisme inspirant les excès.

Déjà, on entendait la diatribe martiale
Qui battait le tambour des carnages nouveaux ;
Les humains frémiraient dans une nuit glaciale,
De la haine allumant les mortels écheveaux.


Nostalgie des chimères© Théophile Alexandre Steinlen
Pour les affiches Charles Verneau

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