C’est un combat sans fin, un duel ineffable,
Qui oppose deux camps depuis la nuit des temps ;
De tout ce sang versé, nul camp n’est
absolvable
Et bien moins innocent que chacun le prétend.
Dans tous les livres saints des peuples de la
Terre,
On prône la bonté et l’amour du prochain ;
S'empare des groupes, par un profond mystère,
Une rage inouïe demeurant sans vaccin.
Au nom du Bien, partout, le Mal vient se répandre,
Et c’est folie de voir, les vêtements rougis
Du sang de l’autre camp, des gens osant
prétendre
Qu’au seul nom de leur foi il ont ainsi agi.
Depuis les temps lointains,
dans cette nuit demeurent
Des peuples s’égarant dans les feux des enfers,
Qui, pour un livre saint,
assassinent et meurent,
En défendant le Bien par le pal et le fer.
Depuis la nuit des
temps, les
humains méritoires
Appellent à cesser un conflit sans raison,
Qui fit couler le sang tout au long de l’Histoire,
Conservant, de nos jours, leur triste inclinaison.
mardi 12 novembre 2024
Élégies. Depuis la nuit des temps
lundi 11 novembre 2024
Élégies. Promesses du futur
Des progrès sont promis pour embellir demain
Et on ne sait pas trop si ce bel optimisme
Mérite de nous voir applaudir des deux mains,
Faisant tout sacrifier au nom du modernisme.
Dans les années soixante, un avenir radieux
Était dépeint à tous, car
les plus rudes tâches
Seraient robotisées et rien de fastidieux
N’épuiserait l’humain qui trimait sans relâche.
Beaux serments d’autrefois, vous fûtes corrompus
Au nom du rendement, mais d’effrénées cadences
Soulagèrent l’humain à coups de chômedu :
Progresser sans un mieux est ruse à l’évidence.
Aujourd’hui on nous vend de merveilleux robots
Et l’intelligence qu’on dit artificielle ;
Notre monde court-il tout droit vers le tombeau,
Aux ordis se livrant en proie sacrificielle ?
L’humain croit-il encor à l’âge des loisirs,
La société payant son éternelle pause ?
Hélas ! il y a loin du réel aux désirs,
Et sa vie superflue serait remise en cause !
dimanche 10 novembre 2024
Élégies. Près du gouffre profond
Chancelle ce monde, quasiment cacochyme ;
Épuisé, on parvient si proche des confins,
Quand s’ouvre, à quelques pas, un ténébreux abîme.
Une brume s’exhale, issue des profondeurs,
Et s’en vient avaler les parois des falaises ;
S’insinuant partout, à l’instar d’un rôdeur,
Elle semble un danger qui sur toute vie pèse.
Ce gouffre s’ouvre-t-il vers l’absolu néant,
Au-delà du brouillard qui nous le dissimule ?
S’y cache-t-il l’horreur d’un abîme béant
Vers lequel nous marchons comme des somnambules ?
Rien n’est plus effrayant que de ne pas savoir,
Car on imagine les pires hypothèses,
Quand tout semble crédible et qu’on ne peut pourvoir
Au danger qui rôde, créant un grand malaise.
Ces nues, dans la vallée, masquent tous les périls
Qui menacent nos vies quand grondent la tornade
Et, du gouffre profond, vient l’écho puéril
Clamant qu’un tyran veut le chaos par toquade.
samedi 9 novembre 2024
Élégies. Un instant décisif
D’où vient cette folie que l’on nomme courage,
Comme si voulait jouer les paladins ?
On ne réfléchit pas, lorsque gronde l’orage,
Sans pour autant traiter la mort avec dédain.
Face à l’iniquité, on perdra tout contrôle,
Mais on n’a pas songé un instant au danger !
On n’a jamais cherché à entrer dans le rôle
D’un fabuleux héros à la peur étranger.
Comment changer de voie quand la folie est faite ?
Au cœur de la mêlée, on sait qu’on va souffrir,
Car Goliath nous fera avec joie notre fête,
Le plus fort se plaisant à venir nous meurtrir.
Le vin étant tiré, il nous faudra le boire,
Même si inégal s’avère le combat
Qui ici nous oppose à l’hercule de foire,
Sans que nul n’ait jamais sonné le branle-bas.
On fait ce qu’on croit juste, en y laissant des plumes,
En David sans fronde combattant un titan ;
Comme un ballot on a une tête d’enclume,
En y allant pourtant, crétin impénitent !
L'odyssée des passions. De la part de personne
Un butin emporté peut trouver un usage
Éloigné de celui que l’on avait conçu.
Ulysse et ses marins, parvenus sur une île,
Se virent prisonniers d’un cyclope bavard ;
Le géant se montrait amplement volubile,
Puis dévorait soudain un marin au hasard.
Face au péril extrême étant toujours habile,
Ulysse avait conçu un plan sans nul retard ;
Plutôt que d’attendre, dans la grotte immobile,
Songeant au vin d’Éole,
il vanta ce nectar.
L’ayant fait apporter au géant Polyphème,
Celui-ci l’engloutit jusqu’à l’enivrement,
Se sentant tout d’un coup engourdi à l’extrême.
Il s’endormit laissant s’échapper librement
Les survivants devant résoudre leur problème :
L’œil unique crevé, il hurla sombrement.
Le géant leur lança, parvenu au rivage,
Des rocs manquant deux fois de leur tomber dessus.
vendredi 8 novembre 2024
Élégies. Traquer sans fin les rêves
Bien souvent on me parle
et je reste muet,
Malgré que j’aie
perçu un indistinct murmure :
Qui peut dire en quel monde alors j’évoluais ?
Revenir au réel me
semble une torture.
Car la chimère est douce à l’éperdu rêveur.
Quel châtiment paraît de quitter mes
contrées,
Quand ici des tyrans
se prétendent
sauveurs,
Dont la
folie se voit chaque jours démontrée.
Ils jonglent sans arrêt, taquinant
guerre et paix,
Le sourire, l’insulte et un brin d’ironie ;
Notre monde navigue, en
un brouillard épais,
Alors qu’au bord du gouffre, il est est
agonie.
Laissez-moi rechercher, dans les forêts
d’ailleurs,
Quelque songe enchanteur qui naît et s’évapore ;
Je suis l’attrape-rêve,
le chasseur rimailleur,
S’enivrant du parfum de musc et d’hellébore.
Dans la jungle du songe,
équipé d’un filet,
Je poursuis sans faillir l’aérienne utopie,
Guérissant du fardeau
d’un tangible
si laid :
À
l’abri d’un bosquet, sa naissance j’épie.
jeudi 7 novembre 2024
Élégies. Jouissons du présent
En la voyant chanter, danser et nous
sourire,
Jeune, je
lui voyais un
sublime destin ;
Or d’une époque sombre elle parvint à proscrire
Les maux les plus
cruels, à tout
jamais éteints.
Enfant, je me
berçais de
l’illusion crédule
Que le chemin de tous
était fait de velours ;
Je ne frémissais pas au
tic-tac des pendules,
Qui résonnait pourtant d’un glas funèbre et
lourd.
Je n’imaginais pas la cruauté du monde,
N’ayant jamais connu que douceur et confort :
C’est l’abîme
effrayant dont
jamais nulle sonde
N’a pu toucher le fond,
un gouffre en plein essor.
Quel mal vient dévorer, tel un félin féroce,
La bonté inhérente à de jeunes esprits ?
Quel plaisir trouvera l’ensauvagé qui rosse,
Jouissant du plaisir des larmes et des cris ?
La vie des victimes jamais ne se
résume
À
ce temps douloureux qu’on
ne peut effacer ;
L’art soulage au présent, quand
la scène s’allume,
Des tourments infligés
dans un lointain passé.
mercredi 6 novembre 2024
Élégies. Elle attend un retour
Elle attend un retour qui jamais n’aura lieu,
Car l’appel du lointain s’avère souvent
traître ;
Même si l’on y voit un ciel pur et radieux,
Cet ailleurs mystérieux s’avère un mauvais
maître.
Sur la lande, tout près
d’un cercle de menhirs,
Drapés d’un voile blanc d’évanescente brume,
Elle espère le voir vers elle revenir,
Depuis les flots rageurs que
couronne l’écume.
Ailleurs, très loin d’ici, dans de denses
forêts
Aux hautes frondaisons, hantées des cris étranges
Dont tout explorateur assurément
saurait
Nommer sans hésiter les singes qu’on dérange.
Ivresse d’un lointain,
combien sont ainsi morts
Pour avoir traversé d'interdits territoires ?
Au moment de périr, eurent-ils des remords
D’avoir un jour voulu s’illustrer dans
l’Histoire ?
Elle attend, mais que
d’eau a coulé sous les ponts,
Que de larmes versées,
que de veillées d’errance !
Aux souhaits de retour aucun saint ne répond
Pour nourrir, ici-bas, une frêle espérance.
mardi 5 novembre 2024
Élégies. La volupté bannie
Qui mange des fraises durant chaque saison
En fera donc un met tout à fait ordinaire ;
Les consommant souvent sans envie ni raison,
S’altère par l’excès
ce plaisir culinaire.
Le gourmand est puni par
sa constante faim
Qui fait d’un goût exquis une saveur banale ;
On oublie du nectar le délicat parfum,
L’exquisité en bouche et la note finale.
Tous nos sens se verront punis par les abus,
Sans remède immédiat à cette pénitence ;
Ce sera des gourmands le récurrent tribut
Que de n’avoir plus goût à la moindre pitance.
On en vient à songer que dans leurs longs
banquets
Les romaines orgies furent ainsi punies,
Car si aucun plaisir jadis ne leur manquait,
La volupté se vit de leur table bannie.
Il nous faut éviter ce grand désagrément,
Car le profond ennui naîtra de l’abondance,
N’ayant pas apprécié
les joies modérément,
Lorsque nous les offrait la douce providence.
lundi 4 novembre 2024
Élégies. Excès de liberté
Puisqu’on use bien trop de violentes diatribes ;
Dans d’acides venins, lors des constants procès,
Trempent leur calame les vitupérants scribes.
Ils invoquent la rage, onguent miraculeux
Qui sauve sans faillir la liberté précaire
Que met en grand danger un monstre crapuleux,
Qui est de la nation le plus grand adversaire.
Jadis on affrontait un simple concurrent
Et non un ennemi qui vers le précipice
Le verdict des urnes lui devenant propice.
Alors, chaque scrutin se montrant capital,
Car il faudra livrer un corps à corps vital
Pour repousser encor cet abîme tenace.
Aussi on se permet tous les excès verbaux,
En vue de remporter ce grand enjeu ultime
Divisant la nation qui s’en va en lambeaux,
Quand amis et parents sont l’ennemi intime.
dimanche 3 novembre 2024
Élégies. Nous instiller la peur
Des prophètes nouveaux
d’une extinction de masse,
Sans erreur, prédisent les tourments à venir,
Mais peignent un monde qui fait croître l’angoisse,
Un cauchemar naissant qui viendrait nous punir.
Les symptômes sont clairs, les causes évidentes,
Car on voit qu’amplement s’altère
le climat ;
Si les maux sont patents, la querelle est ardente
Entre ceux qui prient un deus
ex machina
Et les furieux prônant l’amputation sévère ;
Les premiers exhortent à
faire des efforts,
Alors que, radicaux, quelques autres préfèrent
Trancher jambes et bras pour que vive le corps.
Ces orphelins de Marx,
prêchent la
décroissance
Et, sous leur habit vert, ont un rouge drapeau ;
Les sanglants idéaux y
voient leur renaissance
Et au Grand Capital
voudraient faire la peau.
Je crois plus aux premiers chassant le gaspillage,
Recyclant et chassant la surconsommation ;
Cherchant le bien commun, je vais dans leur
sillage,
Car les
seconds n’auront aucune compassion.