Nous avons visité les temples d’Agrigente
Que notre Champollion n’eut pas l’heur d’admirer
La farce d’un marin fort inintelligente
Fit croire que la peste avait fait expirer
Nombre de Provençaux dans les sudistes rades
Prétendant que Toulon était un port du Nord
Notre illustre savant crut trouver la parade
La ruse ne prit point et il resta à bord
Contemplant les ruines grâce à sa longue-vue
Il dut se contenter de ce maigre aperçu
En Tantale privé de l’escale prévue
Et le pestiféré s’en trouva très déçu
L’épidémie frappait en ce temps-là en France
Par les esprits mesquins des Ultras au pouvoir
La peste morale causant tant de souffrances
Revient vanter sans cesse aux Nations leurs devoirs
Les esprits s’enivrent du goût de la revanche
Une génération perdue ne suffit pas
De nouveaux chants guerriers et la haine déclenchent
L’affreuse hécatombe semée de vains trépas
Les ruines rappelant la vanité des guerres
Devraient nous enseigner que tombe à chaque fois
L’empire conquérant repoussant ses frontières
Pour n’avoir pu
cesser de soumettre à sa loi
Combien de sculptures et combien de pensées
De belles poésies
des plus fiers monuments
Tombèrent sous l’épée barbare et insensée
A tout jamais perdus sous des gravats fumants
Ces tyrans du passé survivent en partie
Par les maigres lambeaux de fabuleux échos
D’épopées épiques
de fables perverties
Qui montrent le vaincu en triomphal héros
Certains des passagers sur le navire exposent
N’étant plus à l’âge de l’offrande du sang
Pourquoi à la Nation la prochaine s’impose
A l’Europe et au Monde encor convalescents
Ils ont dans le regard ces folles songeries
D’Austerlitz et d’Iéna du grand Napoléon
Nous offrant sur l’autel de la Mère Patrie
Pour la grandeur marchant au son laid du canon
L’épopée fait rimer entrailles et mitraille
Finance et inconvenance abus et obus
Il me semble pourtant qu’aux récentes batailles
Nous payons chaque fois un bien plus lourd tribut
Donc à l’isolement il faudrait les contraindre
Les traiter désormais en vrais pestiférés
En lazarets sociaux afin de ne plus craindre
Que tous les esprits sains par eux soient fédérés
En quittant Agrigente et ses temples antiques
J’ai su que Champollion serait bien attristé
D’ainsi voir s’égarer sa belle République
Nous sommes tant déçus par nos réalités
Les ruines des empires © Mapomme
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