vendredi 15 juin 2012

Impelyon. Dans les mangroves


Par les sentiers obscurs et les verts ténébreux
Je vais depuis des jours en contrée inconnue
 Lourd de mes souvenirs et des moments nombreux
L’image d’un baiser toujours entretenue

La nature du sol a quelque peu changé
Les volutes de brume autour des arbres dansent
Et font planer l’idée d’un vaporeux danger
Dans ce bourbeux cloaque où lentement j’avance

Je patauge et je peine en cette opacité
Des ramées emmêlées filtrant un jour sans flamme
Dans les ombreux marais frappé de cécité
Me croyant dans un cercle où se perdent les âmes

Dans l’ombre moins dense j’aperçois un îlot
Qui me propose enfin le repos d’un sol ferme
Le soleil verse ici un rayon moins pâlot
Et sur l’herbeux tapis ma quête trouve un terme

Un voile nébuleux plane implacablement
Sur l’étrange clairière ainsi qu’un maléfice
Drapant jusqu’aux buissons d’un fol accablement
Où l’égaré marcheur se livre en sacrifice

Un sommeil douloureux couvre de ses vapeurs
Sous sa cape empesée d’un sournois sortilège
Ce corps qui n’en peut plus pris soudain de torpeur
Voyant en ce repos un sage privilège

Je sombre dans un somme qui parait mérité
Appuyé contre un arbre arbre abattu moi-même
N’ayez aucun remords dit avec vérité
Une voix sans nul corps dans une douce flemme

Je regarde en tout sens sans effet convaincant
Pas une âme qui vive et pas une ombre en vue
Surtout pas de regrets reprend cet éloquent
Conteur immatériel d’origine inconnue

Je ne vois toujours rien sur cet îlot désert
Sinon l’égarement d’un esprit qui dérive
Car il n’est près de moi aucun être disert
Dans les marais brumeux pour cette voix plaintive

Au cœur des mangroves il poursuit sans émoi
Je vous préviens mon cher en toute connaissance
Voulant vous épargner ce qu’il advint de moi
Car cet îlot maudit punit notre innocence

L’arbre auprès duquel je cherchais le repos
Enserre un visage dans son tronc maléfique
D’un homme n’ayant plus qu’une écorce pour peau
En ce sylvestre écrin aux sèves vénéfiques

Un visage malingre aux yeux désabusés
Sous un haut front ridé par la mélancolie
Luttait tel un marin par le sort médusé
Frappé par un regard de divine folie

Face à son sort l’homme offre un regard effaré
Je conçois à peine mon mal inexorable
Ecoutez mon récit quand je peux le narrer
Et vous saurez alors ma malchance incroyable

Nerviale © Mapomme

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