J’ai erré sous le charme à l’ombre des colonnes
Dans la grande salle hypostyle de Louqsor
Décorées de reliefs où la double-couronne
Côtoie les dieux déesses et consorts
Les hiéroglyphes peints me semblant insondables
J’avançais avili par mon humanité
Nain parmi les titans dans ce lieu formidable
Pauvre ver profanant l’eau des divinités
L’air brûlant du désert d’une rousseur fatale
Aussi sec que mon cœur faisait poindre à mon front
La sueur malsaine des fièvres tropicales
Auxquelles je cherchais quelque remède prompt
Non loin coulait le Nil en méandres de vie
Mon regard se portait vers les champs roux de mort
Du royaume séthien où l’Histoire ravie
Dans sa gangue de sable inhuma ses trésors
Les fats Européens admirent ces merveilles
Colossales statues temples démesurés
Qui depuis deux mille ans dans cet oubli sommeillent
Par la dune engloutis incompris censurés
Ces touristes ne sont que d’élégants vampires
Se croyant héritiers d’un antique savoir
Méprisant les fellahs qui dans les champs transpirent
Non loin des ânes gris parqués à l’abreuvoir
Ces blancs Occidentaux fils des nouveaux empires
Sur les vestiges grecs dressant leurs sociétés
Ignorent qu’Athènes s’en vint ici s’instruire
Où elle a tant appris et
beaucoup emprunté
Le paysan présent semble celui des fresques
Autant par ses outils que par les animaux
Or le fier conquérant en roitelet grotesque
Fête le temps passé et honnit le nouveau
Nous vénérons les Grecs aux vastes connaissances
Qu’on a peints les yeux clairs et les cheveux châtains
Unique semence de notre Renaissance
Alors que l’Egyptien paraît trop africain
Le monde est ainsi fait et juge par foucade
Une dame apprécie d’un autre la froideur
Quand ma mélancolie lui apparaît trop fade
Qui viendra du néant exhumer ma splendeur
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