jeudi 7 juin 2012

Croisière. Les griffes de Seth


J’ai erré sous le charme à l’ombre des colonnes
Dans la grande salle hypostyle de Louqsor
Décorées de reliefs où la double-couronne
Côtoie les dieux déesses et consorts

Les hiéroglyphes peints me semblant insondables
J’avançais avili par mon humanité
Nain parmi les titans dans ce lieu formidable
Pauvre ver profanant l’eau des divinités

L’air brûlant du désert d’une rousseur fatale
Aussi sec que mon cœur faisait poindre à mon front
La sueur malsaine des fièvres tropicales
Auxquelles je cherchais quelque remède prompt

Non loin coulait le Nil en méandres de vie
Mon regard se portait vers les champs roux de mort
Du royaume séthien où l’Histoire ravie
Dans sa gangue de sable inhuma ses trésors

Les fats Européens admirent ces merveilles
Colossales statues temples démesurés
Qui depuis deux mille ans dans cet oubli sommeillent
Par la dune engloutis incompris censurés

Ces touristes ne sont que d’élégants vampires
Se croyant héritiers d’un antique savoir
Méprisant les fellahs qui dans les champs transpirent
Non loin des ânes gris parqués à l’abreuvoir

Ces blancs Occidentaux fils des nouveaux empires
Sur les vestiges grecs dressant leurs sociétés
Ignorent qu’Athènes s’en vint ici s’instruire
 Où elle a tant appris et beaucoup emprunté

Le paysan présent semble celui des fresques
Autant par ses outils que par les animaux
Or le fier conquérant en roitelet grotesque
Fête le temps passé et honnit le nouveau

Nous vénérons les Grecs aux vastes connaissances
Qu’on a peints les yeux clairs et les cheveux châtains
Unique semence de notre Renaissance
Alors que l’Egyptien paraît trop africain

Le monde est ainsi fait et juge par foucade
Une dame apprécie d’un autre la froideur
Quand ma mélancolie lui apparaît trop fade
Qui viendra du néant exhumer ma splendeur
 A l’ombre des colonnes © Mapomme

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