vendredi 15 juin 2012

Impelyon. Le récit de Nerviale


Dans une auberge honteuse où nous étions venus
Pour cacher nos amours honnies et vénéneuses
La dispute éclata incident saugrenu
Tel un volcan renait des fosses caverneuses

On ignore pourquoi dans un azur serein
Eclate un orage soudain sur la campagne
Mais on peut prédire que son cours certain
Détruira sans raison nos châteaux en Espagne

Les portes en claquant battent le fatal glas
Qui nous anéantit du poids brutal de l’âge
Nous étions en été et voilà le verglas
Et notre amour constant se montre hélas volage

Je pleurais sa peau douce et son corps printanier
Ferment des feux floraux de la vive jeunesse
Ainsi que son esprit bouillonnant outrancier
Et ses bijoux verbaux d’une extrême finesse

Ô pâle voyageur connais-tu la douleur
Des trop mornes soirées de froide solitude
Quand le vide fauteuil a perdu ses couleurs
Ressassant sans cesse d’absentes turpitudes

Non sans doute as-tu pu mieux maîtriser ton sort
Ton visage dégage un étrange mélange
De chagrin résigné de manque de ressort
Et d’un cran te poussant à défier l’avalange

Peut-être as-tu hurlé pour mieux la provoquer
Quant à moi j’étais privé d’une part de moi-même
Et j’errais en tous lieux en barde défroqué
Ne trouvant plus un vers pour sertir ses poèmes

Ainsi j’allais partout pénitent sans sa foi
Accablé sous le poids de mes chaînes brisées
Je cherchais quelque dieu adoré autrefois
Mes rimes sans éclat sonnant trop maîtrisées

Ainsi que tu l’as fait je fis halte en ce lieu
Gémissant sur mon sort regardant en arrière
Refuge du refus cet enfant capricieux
Du remords périlleux sur la verte clairière

Le regret y plante ses racines si fort
Tissant le canevas d’une cage sylvestre
Les arbres de l’îlot comportent en leur for
Une âme asthénique que l’écorce séquestre

Voyageur fuis vite ce lieu malenchanté
Avant d’être figé dans la forêt des larmes
Pris au cœur des cernes à jamais tourmenté
Fuis sur l’instant l’îlot et ses pernicieux charmes

Le voici qui s’exprime avec difficulté
L’écorce recouvrant à présent son visage
J’ai quitté Nerviale sans même discuter
Rejoignant la fange du sombre paysage

En guise de merci j’ai agité la main
Car il m’avait sauvé de la pire traîtrise
Une branche a tremblé d’un geste presqu’humain
Sans doute sous l’effet d’une trompeuse brise

La dispute éclata © Mapomme

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