mercredi 30 août 2023

Sonnets sertis. L'indicible tourment

Il existe un ailleurs, mieux que le quotidien ;
Opium, absinthe ou gin, des tourments en délivrent.

« Hypnos, dieu des songes si miséricordieux,
Verse un bonheur profond sur mes douces paupières ! »,
Dit la femme épuisée par son présent odieux,
Pensant que le repos se trouve sous la pierre.

L’invisible fardeau d’un monde artificieux,
Bâti d’apparences, la gardait prisonnière ;
Recluse et geôlier de ce mal spécieux,
Pour s’abstraire du monde il n’est pas de prière.

Le pavot guérisseur, tel un génie ailé,
Soulage du fardeau pour autrui invisible
Et qu’il convient, bien sûr, de ne pas révéler.

Les maux d’une épouse semblent choses risibles
Et, au fond de son cœur, elle les tient scellés,
Car comment signifier ce poids intraduisible ?

Qui peut la libérer d’imperceptibles liens,
Sinon le dieu Hypnos berçant le mal de vivre ?

I Lock the Door Upon Myself © Fernand Khnopff
Tableau inspiré par un poème de Cristina Rossetti

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