vendredi 25 août 2023

Sonnets sertis. Les cerises de juin

Fin mai et début juin croulaient de fruits
D’immenses cerisiers conviant à la cueillette.

Une échelle et voici la gourmande ascension
Où l’on croquait la chair des rouges lèvres tendres ;
Il n’était au monde de plus douce passion
Exceptées deux lèvres qui ne se laissaient prendre.

Mais celles qui s’offraient aux goulues intentions
Imprimaient leur rouge sans pour autant le vendre
Ou au prix d’un effort dans la végétation ;
Finalement comblés nous pensions à descendre.

Les arbres sont rasés : restent les souvenirs.
On a fait une route pour des raisons futiles
Et du goût du passé il faudra s’abstenir.

Il faut des décennies pour que les fruits rutilent
Écarlate promesse enfuie à l’avenir
Et ce tendre baiser reste un rêve infertile.

Les promoteurs sans âme ont bâti et détruit
Et demeure l'album des regrets qu'on feuillette.

Les cerises de juin © Mapomme
D'après Maurice Denis
L'échelle dans le feuillage

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