mardi 29 août 2023

Sonnets sertis. Calmer nos appétits

Funestement le cor retentit dans la nuit,
Éveillant la vision d’un futur prévisible.

La nuit avait drapé, de deuil, tous les destins,
Les glaces sur le Monde étendant leur empire ;
Le carnage, partout livré à ses instincts,
Faisait crouler la vie que la terreur inspire.

De noirs corbeaux volaient sur les futurs éteints,
Qu’un fléau mystérieux s’obstinait à maudire ;
Vieillard chenu, courbé et le pas incertain,
J'allais près de la Mort, en ce glacial délire.

Elle me secoua, d’un seul coup m’éveillant :
« Cesse ton cauchemar d’un avenir possible
Car, vois-tu, je le trouve assez peu distrayant ! »

Sur le lit, mon épouse exposait impassible :
« Mange léger, le soir, et ton rêve effrayant
N’aura plus les habits d’une horreur indicible ! »

Les lueurs de l’aube effaçaient tout ennui,
Sans abolir la fin guettant nos lendemains.

Calmer nos appétits © d'après Adolf Hirémy-Hirschl

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