mardi 20 décembre 2022

Élégies. Un mal des plus sournois atrophiera mes ailes

Regardez ! je m’envole et je déploie mes ailes
Aussitôt que je peins tout me semblant léger !
C’est une ivresse offerte à l’esprit d’une oiselle
Car mon corps est la cage où le rêve est piégé.

De tous les exprimer vous m’en voyez fort aise
Et sur une photo mon châle s’est dressé
Car je ne sais encor qu’à mon pied la prothèse
Maintiendra prisonnier ce pauvre corps blessé.

Je peux trouver l’oubli quand je peins une toile
Envahie de vertige et noyant ma douleur
Dans l’exotique Éden aux cieux tremblant d’étoiles.

Je n’ai vu à Paris que de tristes couleurs
Un vendeur puritain tournoyant tel un squale
Qui mesure un talent en dollars ou thalers.

On m’y a regardée ainsi qu’une métèque
Comme ces conquérants méprisant les Aztèques.

Regardez ! je m'envole © Mapomme
D'après une photo de Toni Frissell, Vogue US 1937

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