vendredi 28 février 2025

Élégies. La Cène des tartuffes

Certains croient sincères des tartuffes priant,
Qui ignorent la foi, mais jurent sur la Bible,
Une main sur le cœur, un recours suppliant
Du ciel tout-puissant qui rend tout gain possible.

Ces apôtres du fric ont ainsi le toupet
D’insulter, de moquer le moindre antagoniste,
Et pourtant d’exiger qu’il montre du respect,
L’insultant au besoin, bien qu’il soit humaniste.

Il suffit d’un Pater, pour se donner le droit
De cracher sur autrui, s’il est un adversaire ;
P
our laver sa conscience, on baisera la croix,
Après avoir foulé aux pieds un émissaire.

Où est l’Évangile, si on pense aux milliards,
Avec les yeux mi-clos sur des feuilles de comptes,
En pensant extorquer, comme un odieux pillard,
Un avantage indu sans éprouver de honte ?

S
eigneur, regarde-les, qui tiennent leurs doigts joints,
Mimant devant le peuple une hypocrite Cène,
En oubliant pourtant « Tu ne voleras point »,
Lorsque le deal s’obtient par des façons malsaines !


La Cène des tartuffes © Mapomme

Reste à voir si ces nouveaux apôtres sauront tendre l'autre joue après avoir jeté la première pierre...

jeudi 27 février 2025

Élégies. Main basse sur le monde

La mafia des tyrans se partage le monde,
Où les honnêtes gens voient des truands élus
Créer un nouveau droit qui sur rien ne se fonde,
Puisque des discussions ils se trouvent exclus.

La Terre est Chicago que ces
gangsters rackettent,
Tordant souvent le cou aux droits des citoyens ;
Ils songent en parrains, affamés de conquêtes,
Et ne lésinent pas sur les pires moyens.

Capone fait faux blond et le jackpot empoche,
Ou du moins il l’espère, en coléreux larron,
Disant qu’il a en main, une vraie quinte floche,
Et raflant le tapis, que nous sommes marron.

Il prétend, d’un seul coup, sur tout faire main basse
Et, les joueurs ayant en main des jeux faiblards,
Hésitent longuement, se trouvant dans l’impasse,
Avant de se coucher devant ce vieux roublard.

Revoici le Grand Jeu, annonçant la tourmente,
Lorsque sur la planète est bafoué le droit,
Quand gagnent les puissants, que sans relâche ils mentent,
Ces crapules sachant comment semer l’effroi.


Main basse sur le monde © Mapomme

mercredi 26 février 2025

Élégies. Rêve d’un vil vieillard

L’IA est un progrès, à en croire certains,
Mais une régression si mal on l’utilise ;
Bling-bling artificiel tout à fait importun,
Sans vrai intelligence, elle accroît la bêtise.

C’est une imitation de nos capacités,
Langue d’Ésope exquise ou non selon la sauce ;
Elle manque souvent de perspicacité,
Et de son résultat très souvent on se gausse.

On voit des mégalos en empereur romain
Qui flattent leur égo, dépeints à tout berzingue,
Qui ne font qu’un portrait, somme toute commun,
Au monde révélant qu’ils sont bougrement dingues.

Puis voici Trump Gaza, en vertige effréné,
Devant un gras veau d’or, et la danse des voiles,
Car les bénéfs rêvés, peuvent vous entraîner
À songer d’accrocher une nouvelle étoile.

On croit que le monde fléchira le genou,
Devant les dirigeants à l’extrême puissance :
O
r, devant ce mépris, la plupart d'entre nous
Se moqueront sans fin devant tant d'indécence.


Rêve d'un vil vieillard © Mapomme
Avec l'aide de Henri-Paul Motte et de Nélon Mask 

dimanche 23 février 2025

Élégies. Les livres de Salem

Le professeur Scopes fut puni au final,
Voici plus d’un siècle pour avoir, dans ses classes,
Montré des théories heurtant le tribunal,
Puisque l’évolution avait une ample place.

S'inspirant du beau vers du poète Musset,
« 
Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ! »,
Les bigots proclamaient car Darwin les froissait,
«
Qu’importe le réel, pourvu qu’on ait la messe ! »

Ps d’un siècle plus tard, de très nouveaux combats
Remirent au pouvoir le pire obscurantisme,
Et l’on vit, en tous lieux, de terrifiants débats,
Nés de la perversion du plus sombre adventisme.

Les relents de racisme au sein du pouvoir blanc,
Attaquaient à tous crins toute métamorphose,
Pour rétablir un âge sinistre et accablant,
Un âge puritain remettant tout en cause.

D’ultraconservateurs, jusqu’au cœur des bouquins,
Bannissaient des œuvres qui, selon eux, dépravent
D’innocents écoliers d’états américains :
A
u nom des libertés, tous les droits on entrave.


Les livres de Salem © Mapomme

samedi 22 février 2025

Élégies. Les yeux parlent pour nous

Les mots sont superflus, les yeux parlant pour nous,
Et Dieu qu’ils sont bavards, durant notre silence !
L
es paupières closes, diront-ils des mots doux
Qui, par une expression, trompent la vigilance ?

Qu’il est dur de cacher le tréfonds de son cœur,
Car même notre corps ou les traits du visage,
Expriment des penchants qu’un angelot moqueur
Fait paraître aux autres, bien plus qu’il n’est d’usage.

Iris et pupilles révèlent des secrets
Qu’en nous on gardait ceints, dans un coin de notre âme ;
C’est le genre d’aveu qu’on trahit à regret,
Et se voir dévoilé est vécu comme un drame,

Car la pudeur voudrait tenir sous le boisseau,
Par une idiote peur, le moindre élan intime ;
Tel un roc on résiste aux écumants assauts
Des fougueuses vagues d’une tempête ultime.

Par le gardien du temple, le secret est gardé,
Mais le voici trahi par d’intenses prunelles,
Car les traits dont Éros est venu nous darder
Laissent transparaître nos fièvres personnelles.


Les yeux parlent pour nous © Mapomme
Avec l'aide de Howard Hawks

Élégies. Une planète en paix

Endormis, nous rêvions d’une planète en paix,
Un Éden retrouvé, bien qu’il parût mythique :
Les songes sont trompeurs, tel un brouillard épais,
Et ne possèdent pas de pouvoir prophétique.

Chimère obscurcissant l’indolente raison,
Des enfants trop gâtés, moroses légataires,
Ne soignant pas leur bien, lors de la cueillaison
Récoltent moins de fruits de leur fertile Terre.

Faut-il être surpris, qu’après notre sommeil,
De cupides voisins sur des provinces lorgnent
Et y plantent soudain leur fier drapeau vermeil,
Tel le sournois Loki trahissant le dieu borgne ?

T
andis que nous dormions, menaçait le volcan,
Dormant depuis longtemps, dans une paix sereine ;
Nul ne voulait entendre le grandissant boucan
Qui parvenaient pourtant des contrées souterraines.

Malgré des appétits, d’un coup ressuscités,
Nous rêvons quand rôdent des menaces barbares,
Près du jardin en paix, car la nécessité
Ne saute plus aux yeux et la crainte se barre.


Une planète en paix © Mapomme
Avec l'aide de George Inness

vendredi 21 février 2025

Élégies. Qu’on lui coupe la tête !

Qu’on lui coupe la tête et après on verra
S’il était coupable des faits dont on l’accuse !
P
iétinons-le sur l’heure, ainsi qu’un scélérat,
Et tant pis si la reine en cette affaire abuse !

L
es médias deviennent de nouveaux tribunaux
Où tombe la sentence, aveugle et trop rapide ;
O
n en fait très longtemps la une des journaux,
Et l’article a un poids qui frappe et qui lapide.

La plume est acérée, tranchant des avenirs,
Salissant ad vitam l’accusé de sa fange ;
Il demeure souillé, ne pouvant obtenir
Un verdict qui fait sens et qui des tourments venge.

Innocent, l’inculpé traîne l’emballement,
Car mis en examen est sitôt lu coupable ;
L’accusé se débat, mais inutilement :
D’inverser le courant, nul n’en sera capable.

Mais voilà qu’un beau jour, quand est venu l’oubli,
Il se verra lavé et piètre est la victoire ;
Que de choses perdues, quand sera établi
Qu’il fut jeté en vain à d’iniques prétoires !


Qu'on lui coupe la tête © Mapomme

jeudi 20 février 2025

Élégies. Tout discours devient rage

Un terrible fléau s’insinue en tous lieux,
Instillant son venin dans le moindre interstice,
Du café du matin jusqu’au bureau studieux,
Et même en famille, sans possible armistice.

Aucune discussion ne peut se dérouler
Dans un climat serein, sans nulle divergence ;
De l’harmonie on voit le temple s’écrouler,
Sitôt que la fureur vient à réémerger.

Verra-t-on les humains, les yeux proéminents,
Tels d’horribles zombies que la rage possède ?
À leur point culminant, les débats n’étaient rien,
Au regard des sommets où l’on voit qu’ils accèdent.

Ainsi que les mouflons, en saison des amours,
S’entrechoquent les fronts, s’entremêlent les cornes !
Or la haine prévaut et on bat le tambour,
Quand les débats n’ont plus un point servant de borne.

Revivra-t-on, hélas, la Saint-Barthélemy,
Des corps abandonnés, ensanglantant les rues
E
t les copains d’hier, devenus ennemis,
Se tuer pour un mot, une idée incongrue ?


Tout discours devient rage © Mapomme
Avec l'aide de Delacroix, Debat-Ponsan et Manfredi

Élégies. Le dindon de la farce

Le dindon de la farce approuve son banquier,
Qui l’a sauvé jadis de quelques
banqueroutes ;
L’ignorant dadais blond, tel un vieux boutiquier,
Estime, au doigt mouillé, des sommes dont on doute.

Il recherche des deals vraiment faramineux,
Et mesure la paix avec des terres rares :
Il n’a pas un propos s’avérant lumineux
Quand sottise et mépris diablement nous effarent.

Il se veut le génie d’un pays très puissant,
Tout en s’agenouillant, montrant sa félonie,
Devant un dictateur, ainsi s’avilissant,
Et les démocraties se voient à l’agonie.

Un fol hubris commande un délire infini
Et, ivre de pouvoir, il nourrit cet orgueil,
Comme oint d’huile sainte par tous ses culs bénis,
Croyant dès lors pouvoir éviter tout écueil.

Le psychopathe froid se gausse de l’idiot,
Portant sur les réseaux les propos de son maître ;
L
e dadais suffisant, aux brocards non cordiaux,
Se comporte, en l’affaire, en véritable traître.

Le dindon de la farce © Mapomme

Pour info, "stuffing turkey" est l'équivalent anglophone de "dindon de la farce". Autrement dit, en toute circonstance, un véritable "loser".

mardi 18 février 2025

Élégies. Honorons les "losers"

Colleville-sur-mer : un effroyable champ
Semé de blanches croix, où tant de héros dorment ;
En la terre normande, où la Parque tranchant
Le fil des jeunes vies qui portaient l’uniforme,

On vient se recueillir en ce funeste lieu,
Ne pouvant qu’admirer leur sacrifice ultime ;
T
omber pour l’idéal le plus grand, le plus pieux,
A fait d’eux des vainqueurs et non pas des victimes.

Si la cause triomphe, on ne meurt pas pour rien,
Et si jeune on périt, c’est pour la juste cause !
Il fallait renverser le pouvoir hitlérien,
Dont les atrocités n’offraient aucune pause.

Regarde-le ce champ, semé de blanches croix
Mais aussi d’étoiles, d’une vive jeunesse,
D’un sang noir comme blanc, versé pour que le droit
Triomphe des calculs des glaciaux tiroirs-caisses !

Non ! Inepte blondin, il n’y a pas de losers
Dormant d’un sommeil juste en ce grand cimetière !
I
ls ne méritaient pas le mépris d’un gloseur,
Montrant sa vision courte à l’Amérique entière.


Honorons les "losers" © Mapomme


Le blond méprisant n'avait pas rendu hommage aux morts enterrés à Colleville-sur-mer, traités de losers et d'ânes. Alors, tous les gars tombés sur les plages normandes ou en allant jusqu'à Berlin, ainsi que dans le Pacifique sont des crétins ?
Les morts sont des perdants ? Mais, tout le monde meurt un jour et Trump aussi mourra. Dieu merci !

Élégies. La rondophobie règne

Les phobiques réseaux ont une sainte horreur
Des rides et rondeurs qu’offre le temps qui passe :
Quel est ce monstre abject qui vient en dévoreur
De la jeune beauté, flétrie de guerre lasse ?

La minceur d’autrefois est partie à vau-l’eau
Et des rides sont nées sur de très beaux visages :
V
oi le corps divin bouffi par les kilos
Et le minois lifté changé par cet usage.

Les femmes enfantent, mais ne doivent changer,
Demeurant presque ados, par quelque vrai prodige ;
L
e diktat du jeunisme est un ample danger,
Car des juges masqués tranchent de faux litiges.

«
T’as perdu ta ligne ! », accuse un procureur,
Dans le cirque du Net des juges anonymes ;
Ne parais pas ton âge, ou alors la fureur
Relaiera des lazzis d’une haine unanime !

Au sein du Colisée, pour les stars c’est la fin
Dans l’ombre des réseaux quand est baissé le pouce ;
Sur une île, en Garbo, cache un renom défunt
Et, sans vaines photos, va te la couler douce.


La rondophobie règne © Mapomme
Avec l'aide de Léon Jean Gérôme et de Wilhelm Peters

La chanteuse Alizé (40 ans), s'est vue reprocher sur le Net ses rondeurs. Elle avoue aimer le chocolat. Je pense que nous sommes beaucoup dans ce cas. Comme je ne suis pas raciste, j'aime le chocolat noir.
D'autres stars qui atteignent les 60 ans, montrent des rondeurs tout à fait naturelles. Souvent l'origine géographique explique une propension à avoir des rondeurs.

Il est tout de même étonnant qu'on vénère Kim Kardashian : elle a pourtant des rondeurs qui ne gênent personne. Je suis plus gêné par des mannequins et des photos de jeunes femmes quasiment anorexiques. Le diktat du poids est d'un stupidité sans borne.

lundi 17 février 2025

Élégies. Troquée comme une esclave

Le faible paraissait défendu par le fort,
Et le droit prévalait presque en tous lieux du globe ;
Pourtant, la tyrannie s’avère en plein essor,
Et crache son venin, violemment europhobe.

Pseudo libertariens, mais tyrans absolus,
Ivres d’un pouvoir fou, ils brisent les alliances
Et les accords d’antan se trouvent révolus,
Tandis que désormais s’installe la défiance.

Planteurs des nouveaux temps, issus du
Pouvoir Blanc,
Qui voient tous les non-WASP tels de simples esclaves,
Ils s’allient avec ceux jadis leur ressemblant,
Tenant en servage le pauvre empire slave.

Change le globe entier, même dans l’océan
,
Mettant dans l’Atlantique la Fosse des Mariannes ;
L’ignare blond fait naître un abîme béant,
Sans respect pour ses morts qu’il a qualifiés d’ânes.

L
e détestable blond livre au mépris du droit,
L’Ukraine dépouillée d’un vaste territoire,
En faveur d’un tyran dispensateur d’effroi
Qui voudrait demeurer à jamais dans l’histoire.


Troquée comme une esclave © Mapomme
Avec l'aide de Henry Siemiradzki

Élégies. Les cocktails du Léthé

Soleil, pâle en ce jour, souviens-toi de l’été,
Des heureux jeux de mots, quand l’insouciance inonde
La terrasse ombragée, les cocktails du Léthé,
Alors que se déglingue un peu partout le monde !

L
es périls si lointains venaient à pas de loup,
Pourtant on espérait un possible miracle ;
Voulant dévorer tout, sourdaient des morfaloux :
En hiver le blizzard, au printemps la débâcle !

Puis vient le temps félon, fatal héraut de mort,
Qui aime rattraper les flemmards qui lanternent,
Leur lançant mille maux qui font perdre le nord,
Sans pouvoir s’échapper, à défaut de poterne.

On est passé d’un coup de l’été à l’hiver,
Les sidérants frimas suivant la canicule,
Quand les jours éclatants d’ombre sont recouverts ;
A
dieu nos midis chauds : voici le crépuscule !

Où sont les apéros des ors de la chaleur
Et de nos jeux de mots faits de douce ironie ?
N’
y songeons plus, amis, sous l’aile du malheur,
La Parque s’amusant à voir nos joies punies !


Les cocktails du Léthé © Mapomme

dimanche 16 février 2025

Élégies. Le baiser des judas

Les judas vont en nombre apporter sur la Terre
Les mots du saint félon qui est venu renier
Les valeurs d’autrefois, sans faire un grand mystère
Qu’il compte récolter des milliards de deniers.

N’y voyant que bizness, il embrasse le diable,
Prêt à aller se pendre à un contrat juteux ;
En rien ces deux judas ne s’avèrent très fiables,
Car leurs serments d’hier furent plus que douteux.

Tous deux, scellez l’accord d’un baiser sur la bouche,
Tels Brejnev-Honecker, au temps du maudit Mur !
Ensuite, on les a mis pour toujours sur la touche
Car demeurer longtemps au sommet sera dur.

Judas n’était pas blond, mais après tout qu’importe !
S
e vendre pour du fric, agir comme un tyran,
Et vouloir déglinguer l’Europe de la sorte,
Suffit à démontrer le forfait délirant.

Gardez-nous de l’ami, on se charge du reste,
Pourrait dire Voltaire, avec juste raison ;
Aujourd’hui il faut fuir l’allié comme la peste,
Sauveur qui désormais commet la trahison.


Le baiser des judas © Mapomme

Élégies. Et maintenant à vous !

Le monde est un théâtre, où jouent des comédiens,
Improvisant souvent de pitoyables scènes ;
O
n y ment, imprimant des mots vains quotidiens,
La creuse phrase choc des outrances malsaines.

Tout pouvoir est odieux et on aime cracher
Sur les divins piliers de nos démocraties,
Suspectes à nos yeux de toujours nous cacher
Des secrets bien gardés et leur grande d’inertie.

Voici les députés à un test soumis
Afin de vérifier qu’ils n’usent pas de drogue ;
Les médias, dans ce cas, un impair ont commis
Parlant à l’Assemblée
sur un ton plutôt rogue.

Qu’est devenu ce monde aux investigations,
Spectacles de télé quelque peu populistes ?
Les journaleux se croient une juridiction,
Justice et police des chaînes pluralistes.

Et maintenant à vous d’être testés enfin,
Devant les tribunaux que l’on dit populaire ;
Au seul nom de l’info, que tous les droits défunts
Soient foulés pour un coup, un scoop spectaculaire.

Et maintenant à vous ! © Mapomme

Élégies. La danse est un opium

Elle dansait gaiement sur des tubes anciens,
Souriant aux amis comme elle sur la piste ;
La danse est un opium qui, tel un magicien,
Restitue le bonheur à tout cœur qui est triste.

Les effets de l’opium dépourvu d’addiction :
Que demander de plus en ces journées obscures ?
On peut en abuser sans nulle restriction,
Pour y trouver l’oubli que la danse procure.

On remonte le temps vers un âge doré,
Sans tyrannie du spleen, sans de vrais maléfices ;
Tant de chemins s’offraient, alors inexplorés,
Qui à l’imaginaire offraient leurs bons offices.

On s’égare souvent, faisant de mauvais choix,
On revient, on repart, jusqu’à trouver la sente ;
Mais la nouvelle voie, elle aussi nous déçoit,
Et on reprend encor notre quête lassante.

Elle dansait cherchant une bribe d’oubli,
Sachant que, désormais, il n’y avait plus d’issue :
Un labyrinthe horrible, où son être affaibli
Sentait que l’attente serait toujours déçue.


La danse est un opium © Mapomme

mercredi 12 février 2025

Élégies. La raison est folie

La raison est folie, la vérité mensonge,
Et la réalité s'avère une illusion ;
Elle vit un délire et ce chancre ronge,
Celui d'un cauchemar qui vante l’exclusion.

Où va la société ? Ses valeurs abolies
Partent dans l’eau souillée des viles caniveaux ;
Est-ce un accès de fièvre, enfantant la folie,
Ou un mal pénétrant le monde à tous niveaux ?

Que sera l’avenir, quand la pensée unique
Conduira sans faillir à être inconséquent,
Sans voir le sombre aspect d’un pouvoir tyrannique,
À tout contre-pouvoir sans cesse s’attaquant ?

Q
uarante années après une date funeste,
Du roman dystopique exposant un pouvoir
Où la doublepensée pour l’homme est une peste,
Naissent des dogmes faux effaçant le savoir.

Gommant des dépenses, on réduira les aides,
Dépouillant les pauvres pour gaver les nantis ;
Espérant quelque fruit, ceux que l’on dépossède
N’auront que des miettes, loin des gains pressentis.


La raison est folie © Mapomme

Le roman dystopique est bien sûr "1984".

Élégies. Moins ange que démon

Qui veut jouer l’ange cache un sournois démon,
Un esprit pernicieux qui se veut futuriste ;
Cet ange est sous le joug du corrupteur
Mammon,
Qui sait vanter le lucre auprès des arrivistes.

Croyant faire le bien, son bel ange gardien
Lui souffle des folies, menant droit à l’Abîme ;
L
e monde voit ainsi ses excès quotidiens,
Ses gestes débridés par des conflits intimes.

Pour un monde meilleur, ses mauvais conseillers
Suggèrent des idées qu’on croyait révolues
Et
qui nous horrifient, car le monde a payé,
Ayant connu la nuit d’une horreur absolue.

Toqué de libertés, il en veut à l’excès,
Ne reculant jamais face au pires manières
Pour démultiplier tous ses amples succès,
Quitte à devoir marcher sous les pires bannières.

S’enrichir n’est jamais un péché capital,
La manière important plus qu’une grande somme :
Moins ange que démon, sur la pente fatale,
Les procédés odieux disqualifient un homme.


Moins ange que démon © Mapomme

mardi 11 février 2025

Élégies. Midas des temps nouveaux

Grand homme par la taille et non par le renom,
Le roi, en son palais de couleur opaline,
Signant de grands décrets, comme on pointe un canon,
Menace le monde, du Mexique à la Chine.

Que cache sa casquette où est écrit MAGA,
Se demande la presse, entre mille menaces ?
M
esure-t-il vraiment tous les futurs dégâts
Affectant son pays s’il demeurait tenace ?

S
emblant lancer en l’air un concept spontané
Et très irréfléchi, il provoque des rires
Tout autant qu’il inquiète, - effet simultané -,
Que les mots nous manquent afin de le décrire.

Son casque de bizness, s’il joue au promoteur,
Aux yeux du monde entier, l'a rendu ridicule,
Ne s’étant pas montré jadis à la hauteur :
« 
Que cachent ces coiffes ? », dit la presse incrédule.

Un soir sombre un garde fuit la blanche maison,
Et il creusa un trou pour confier à la terre :
«
Des oreilles d’âne ! », donnant la vraie raison ;
M
ais les roseaux au vent ont livré le mystère.


Midas des temps nouveaux © Mapomme
Avec l'aide de John Simmons et d'Ovide

Élégies. Tous soufflent sur les braises

C’est une terre ancienne où sommeillent des braises,
Celles d’un feu lointain qu’on avait cru éteint ;
D’un état fébrile s’éternise un malaise,
Qui, n’étant pas guéri, peut renaître un matin.

Comme des deux côtés, chacun souffle et attise
Les braises rougeoyant, proches de s’embraser,
Faut-il que l’on s’étonne, qu’à force de bêtise,
Renaissent les flammes qui veulent écraser

L’autre tant détesté ? Par la seule violence,
On tient à le chasser, voire l’anéantir ;
L’
expansion et la foi pèsent dans la balance,
Lorsqu’on entend encor les armes retentir.

O
h ! Voyez-les souffler sur les flammes qui sourdent,
Les yeux luisant de haine, emplis de répulsion !
Aux pauvres plans de paix, les troupes restent sourdes,
Haïssant l’armistice, aimant la destruction.

Ceux qui cherchent la paix, de par le vaste monde,
Espèrent un miracle : il ne survient jamais.
Un démon attise, dans ses forges immondes,
La haine et des horreurs atteignant des sommets.


Tous soufflent sur les braises © Mapomme

lundi 10 février 2025

Élégies. Le saigneur de la Terre

Il voudrait engloutir la Terre et, au-delà,
L’Univers tout entier et toutes ses richesses ;
D’
où vient la boulimie du riche cancrelat,
Qui bondit sur des proies montrant quelque faiblesse ?

Son coffre s’agrandit avec son appétit,
Sa frénésie n’ayant vraiment nulle limite ;
Il veut voir le monde lui être assujetti
Et ses adorateurs dans ses excès l’imitent.

Au nom des libertés, qu’il jauge à sa façon,
Il veut nous en priver, disant que toute thèse
Vaut la thèse opposée : ainsi nous effaçons
Un fait argumenté avec une fadaise.

S’il n’y avait que ça, le mal serait moins grand,
Sans être, comme on dit, de la simple gnognotte :
I
l promeut en tout lieu, par un soutien flagrant,
Des discours pronazis, soi-disant patriotes.

Il soutient l’ultradroite et se mêle de tout,
En Europe et partout, à coups de Kétamine,
Sorte de Zébulon, mais un fieffé matou,
Qui, des démocraties, les bases mêmes mine.


Le saigneur de la Terre © Mapomme