mardi 7 janvier 2025

Élégies. Presque un siècle a coulé

Quatre-vingt-dix années après la mort tragique
D’un poète génial, comme on en voit si peu,
Jour pour jour, je naquis, sans relation magique,
Car ma pauvre Muse rime comme elle peut.

Dans d’atroces combats toujours on s’améliore,
Par un progrès barbare issu droit des enfers,
Et la vie des civils toujours se détériore,
Mais des nécropoles aux défunts sont offerts.

Le Temps fait-il couler plus vite les années,
Pour qu’un sonnet soit lu comme étant très ancien
,
Lorsque l’humanité se trouve condamnée
À passer les cent ans grâce aux généticiens ?

Mon prof évoqua un classique moderne,
Et
un siècle passé m’apparaissait mille ans ;
B
audelaire, en photo, semblait une baderne :
M
e voici décati, les années défilant.

Quand d’un coup de ciseau s’achèvera ma vie,
Je filerai la pièce en passant à Charon,
Demandant : « Le poète à l’âme inassouvie,
Passa-t-il sans broncher, droit comme un fanfaron ? »


Presque un siècle a coule © Mapomme
Avec l'aide de Delacroix

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