samedi 11 mai 2019

Acquarelles. L'Arinella


Avec la Simca 1000 on allait à la plage
Passer notre dimanche entier au bord de l’eau 
Ayant moins de douze ans j’étais un enfant sage
Que la mer fascinait en fils de matelot

On s’asseyait après avoir planté nos cannes
Dans le sable si fin et puis on attendait
Dans le chant des vagues berçant Corse et Toscane 
Voilà comment le jour doucement se perdait

Ancré dans le présent je songeais en journées
La Corse étant déjà sa troisième maison
Mon père regrettait ses plus jeunes années
Il avait dû deux fois se faire une raison

Par moments je sentais un brin de nostalgie
Quand il fixait le sud et les jours envolés
Douce-amère la vie est troublante élégie
De ses rêves perdus qui peut se consoler ?

Les regrets se berçaient du doux chant du silence
Que brisait le grelot d’une prise mordant
Quand la canne tremblait parfois avec violence
Un combat dont toujours le poisson est perdant

On prenait des sars des marbrés et des daurades
Des soles fréquemment des vives moins souvent
Enfant on est content on biche et on parade
Mais ce qui se débat est un être vivant

Le vent des ans emporte et la plage et le sable
Je ne sais où la canne et le fil sont rangés
Mais je suis saisi d’un spleen indéfinissable
Quand sole ou daurade je commence à manger
L'Arinella © Mapomme



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