mercredi 20 mars 2024

Sonnets sertis. Un amour immortel

Lorsqu’on franchit un seuil et que l’on en revient,
On n’est plus tel qu’avant ; mais alors, on l’ignore.

Qui franchit l’Achéron pour la rare faveur
De fouler les enfers et d’en sortir en vie,
Ramenant Eurydice, en merveilleux sauveur,
Qui se verrait ainsi à son antre ravie,

Perd une part de lui, dans l’ombre et les vapeurs.
S’étant tourné pour voir, sur la pente gravie,
Dans un réflexe idiot, commandé par la peur,
Il perdit sa moitié pour cette folle envie.

Retrouvant le soleil et l’azur lumineux,
Il n’était plus qu’une ombre en ce monde exilée ;
Tout jour qui se levait lui semblait chagrineux.

Quand la mort atroce s’est enfin profilée,
L’enfer le libérant de son sort épineux,
Il franchit l'Achéron par trois fois d’affilée.

Avec son Eurydice il renoua le lien
En cet antre obscur que leur amour colore.

Un amour immortel © Mapomme d'après Anselm Feuerbach

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