mardi 19 mars 2024

Sonnets sertis. Orphée sur le rivage

Revenant des enfers, Orphée s’était tourné
Et avait à jamais perdu son Eurydice.

Or, parmi les vivants, il allait tel un mort,
Fantôme au cœur glacé, privé de sa musique ;
Il soupirait, rongé par un profond remords,
Rageant de n’être pas devenu amnésique.

Nul animal n’était charmé par ses accords,
Car il n’atteignait plus cet état extatique,
Conférant au divin, qu’il maîtrisait encor
Avant cet épisode à l’issue dramatique.

Bien de femmes tentaient de consoler son cœur,
Sans qu’il eût un regard paraissant une invite ;
Elles partaient déçues par son dédain vainqueur.

Malgré son désespoir grandement explicite,
Les Ménades sur lui, se lancèrent en chœur,
Le démembrant, prises d’une rage subite.

Qui, dans le sombre enfer, a un jour séjourné
Comprend que, sans l’amour, vivre est un préjudice.

Sur le lit de la haine © Mapomme
d'après Félix Vallotton et Gustave Courtois

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