mercredi 20 mars 2024

Sonnets sertis. La Mort berçant Orphée

La Mort avait trouvé dans les flots transparents
La tête manquante de l’éploré Orphée.

Sur sa lyre posée, le visage serein,
Il avait les yeux clos, dans la paix éternelle ;
Destiné à rallier le monde souterrain,
Il verrait son amour, hors des passions charnelles.

Muses, réunissez, dès le soir purpurin,
Ce corps qu’ont disloqué les Ménades rebelles :
Qu’il retrouve Eurydice à l’éclat ivoirin,
Pour irradier l’obscur de son amour fidèle !

S’effaceront les noms des rois et des guerriers,
Des nobles, des puissants et de bien des ouvrages
Pour légendes tenus, mais bien que contrarié,

Triomphant de la mort, des tourments et des rages,
Des désirs incongrus d’un dieu grec oublié,
L’amour résistera au Temps et ses outrages.

Jaloux sont les vivants, l’envie les égarant :
En enfer les amours ne sont plus étouffées.

La Mort berçant Orphée © Mapomme d'après Gustave Moreau

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