dimanche 24 mars 2024

Sonnets sertis. La Muse et le poète

Un poète œuvre seul, même parmi la foule,
Aidé par sa Muse que nul autre ne voit.

Sur la Chimère ailée, il survole l’abîme,
Où il entend gémir un vaste amas bruissant,
Dont lui parvient l’écho des licences intimes,
Malgré des prières sur un ton frémissant.

Aède, vois trembler, dans ce combat ultime,
Ce peuple des tréfonds, dans l’ombre nourrissant
Des craintes infinies, qui ne voit pas ses crimes,
Et dont l’âme se tord, vil fruit se flétrissant.

Le poète, abattu par l’ampleur du désastre,
Fait halte sur un roc et scrute le ravin,
Où se débat ce peuple abhorré par les astres.

« Ô Muse, inspire-moi vite des vers divins,
Tant le tourment saisit tripes et épigastre,
Quand, face à la sombreur, mes sonnets semblent vains ! »

« Allons, mon doux rimeur, tous ces démons et goules
Ne doivent étouffer, en aucun cas, ta voix ! »

La Muse et le poète © Mapomme
d'après Gustave Moreau

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