mardi 19 mars 2024

Sonnets sertis. Sur le lit de la haine

Un amour peut fleurir sur le lit de la haine,
Dont la fièvre corrompt tout virginal éclat.

Sait-on d’où vient ce goût pour les fureurs humaines,
Qui font des clans rivaux et poussent aux combats ?
Le rejet ou l’orgueil vers les ténèbres mènent
Des groupes endiablés voulant tout mettre à bas.

S'ambitionnant puissants, étendant leurs domaines,
S’opposent de grands noms dans les cités-états ;
Ces faux soleils géants sont des étoiles naines
Qu’ignore en la cité le régnant potentat.

Guidé par l’orgueil vil, un tel différend gêne
Les flammes spontanées, plongées dans l’embarras,
Dont le sincère amour est privé d’oxygène.

Que chaud aux cœurs épris un stupide apparat,
S’il nourrit des hymens faits de regrets et peines,
Alliant des familles sous les fers d’un contrat !

Quelle ardeur germera de cœurs couverts de chaînes,
Dans une union soumise à d’éternels verglas ?

Sur le lit de la haine © Mapomme d'après William Holman Hunt

Ce tableau s'inspire d'un poème de John Keats, "The eve of St Agnes". (La vigile de sainte Agnès, où la vigile est la veille d'une grande fête, jour d'abstinence et de jeûne, chez les chrétiens).
Ici, le poème conte la fuite de deux amoureux, Porphyrio et Madeline, issus de deux familles rivales, à l'instar des Capulet et des Montaigu. Les gardes ayant bu, en dépit du jeûne, les deux amoureux partent ensemble. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire