Hédoniste jeunesse, aux loisirs asservie,
Tu restes l’esclave d’une illusoire paix !
Le grondement lointain d’un menaçant orage
Signifie le danger qui approche à grand pas ;
Tu veux un drapeau blanc, qui seul ferait barrage
Au tyran qui promet destruction et trépas.
Que peut un vierge drap face à tous les outrages
Quand tonnent en tous lieux tant d’éclatants fracas ?
Le vaisseau de la paix s’en va droit au naufrage,
S’il croit, par la raison, pouvoir plaider son cas.
Funeste est le moment, qui soudain dépossède
L’heureuse jeunesse d’un monde de loisirs
Sans qu’on puisse trouver un souverain remède.
Quand, de la guerre, un fou a vraiment le désir,
Un bout de tissu blanc n’apportera nulle aide :
Il y verra la peur accroissant son plaisir.
Hédoniste planète, heureuse était ta vie :
Sache que de tes pleurs, ce monstre se repaît !