dimanche 11 février 2024

Sonnets sertis. Si coule la Seine

Oh ! coule la Seine, comme coule temps,
L’onde toujours semblable et aussi peu la même.

Où sont les évadés des quartiers de Paris,
Qui, sur l’île Seguin, profitaient du dimanche ?
Leur flot, avec les ans, peu à peu s’est tari,
Car on ne trouve plus d’ombrages sous les branches.

Ces repas campagnards ont soudain dépéri,
Car le progrès survient et voilà que tout change,
Chassant tous ces instants, profondément chéris ;
Se dressent des chantiers d’usines qui dérangent.

Disparue la forêt, envolés les repas,
Où des couples chantaient aux tablées en goguette :
Usines et studios ont signé leur trépas.

Des champêtres loisirs, un monstre hideux guette
Tous les prés verdoyants et, sans même un débat,
Tel un essaim s’abat en terrain de conquête.

Si coule la Seine, promeneurs pénitents,
Regrettons ces dimanches, seul jour qu’au fond on aime.

Si coule la Seine © Mapomme
d'après Jules Scalbert

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire