mercredi 14 février 2024

Estrambots. Les mots en possession

Si blafarde est la page, obscur est l’encrier
Et l’éclatante idée de nuages se couvre ;
C’est une damnation qui me fera crier,
Au moment où je crois qu’un ravissant jour s’ouvre.

Les saints, puis les démons, chaque fois j’ai prié :
En dépit de l’hostie et en dépit du soufre,
En tout lieu, mon appel semble inapproprié ;
Plus je supplie le ciel, plus j’approche du gouffre.

J’ai changé l’encrier qui subissait ce sort,
L’encre et puis le papier, en désespoir de cause,
Sans qu’un écrit joyeux prît enfin son essor.

Aussitôt que j’écris, je suis pris de psychose
Et, face au mauvais œil, je reste sans ressort ;
Les mots en procession s’assombrissent sans pause.

L’azur pur s’obscurcit et les âmes aussi,
Car les termes joyeux s’enchaînent sous hypnose,
Grimaçant et rendant indécis mes récits.

Les mots en possession © Mapomme
D'après Francisco de Goya

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