vendredi 15 novembre 2024

Élégies. La seule chose sûre

On apprécie la vie en côtoyant la mort.
Jeune, le sang bouillant, on n’y cogitait guère,
Car semblait très lointain l’inéluctable sort,
N’affrontant plus vraiment le risque d’une guerre.

L’âge où elle frappait paraissait très distant
Et la durée de vie quasiment infinie ;
Coulent, coulent les ans, raccourcissant le temps
Où s’approche le terme à coups de décennies.

On voudrait ajouter à la vie un surcroît,
Mettre un peu plus à l’ouest cette funeste rive,
Ne pas faire sur tout une sinistre croix,
Qui de tous les plaisirs fatalement nous prive.

Les plaisirs sont comptés et les excès réduits,
Voulant à la durée mettre quelques rallonges,
Que le solde d’hier soit celui d’aujourd’hui :
Devenir éternel ne paraît plus un songe.

Mais l’arbre est décati et souffre à chaque hiver,
Dont bien des branches font un bois mort déplorable ;
L’organisme s’altère et tout va de travers,
Quand survient à grands pas le terme inexorable.

La seule chose sûre © Mapomme
Avec l'aide de Hans Holbein le jeune

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