lundi 15 janvier 2024

Sonnets sertis. Un mot, un simple mot...

Un mot, un simple mot, tout au cœur d’un chapitre,
Et s’entr’ouvre soudain un pan de son passé.

Il suffit d’évoquer un banc sur une place,
La fontaine ou le kiosque, un monument aux morts,
Pour qu’un vague tourment la saisisse et la glace, 
Provoquant en son être un saisissant trémor.

Du présent, d’un seul coup, elle perdit la trace,
Pour un passé vivant, tel un monstre qui dort,
Dont on croit éteinte l’abominable race,
Dans sa grotte hibernant sur des montagnes d’or.

Ne dormant que d’un œil, ce temps passé s’éveille
Et la laisse figée, frappée d’envoûtement ;
Les volcans assoupis partiellement sommeillent.

Une promesse en l’air, tendre chuchotement,
Gardait l’esprit mi-clos au fond d’une bouteille,
Attendant un seul mot, simple marmottement.

Pensive sur son lit, comme après une épître,
Elle voyait surgir ses printemps effacés.

Un mot, un simple mot... © Félix Vallotton

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