mercredi 17 janvier 2024

Sonnets sertis. Deux rêves de printemps

Le bourgeois sourcilla, pour paraître choqué,
Afin de déguiser les tréfonds de son âme.

La danseuse orientale aux seins nus, tels deux fruits
Offerts à son regard, attisait d’anciens rêves ;
Un masque de sagesse en un instant détruit,
Pour un tableau perçu quelques secondes brèves.

Aux lois d’un suzerain, tel l'esclave soumis,
Il aimerait briser les chaînes qui l’entravent
Bâillonnant des plaisirs par le culte endormis,
Sans que jamais son cœur un seul instant les bravent.

Son épouse, à ses côtés, devant ces deux seins nus,
Se vit ainsi vêtue, en putain dans la chambre,
Sortant des usages si longtemps convenus.

Être toujours la vierge, plus froide que décembre,
Après ses quatre enfants, lui semblait saugrenu,
Convoitant des langueurs et des corps qui se cambrent.

Il cela son désir, de peur d’être moqué ;
Elle dit : « C’est honteux ! » et étouffa sa flamme.

Deux rêves de printemps © Emile Bernard

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