dimanche 14 janvier 2024

Sonnets sertis. Harmonie du Midi

Nous avons tant rêvé de parfaite harmonie,
Comme si elle avait d’un seul coup disparu.

Été, mon bel été, quand chante les cigales,
À l’ombre des figuiers, le corps lourd de torpeur,
Nous dévorons des fruits qui toujours nous régalent,
Sans fin, parfois sans faim, comme des geais chipeurs.

Pauvres dieux si mortels, soumis à la fringale
D’emplir un vide atroce assoupissant nos peurs,
De pleine oisiveté à jamais sans égale :
Ce paradis fugace est un Éden trompeur !

Nous jouons aux boules en coutumiers novices,
Ayant, certaines fois, d’inattendus succès
Exaltant notre aplomb, affermissant nos vices.

Qui vit dans le Midi doit vivre dans l’excès,
Où tant de tartarins dans le présent sévissent ;
Qui les entend crier, les croit en plein procès.

Puis le soleil rougeoie d’un feu à l’agonie
Et de n’avoir rien fait, tous nous rentrons fourbus.

Harmonie du Midi © Paul Signac

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