lundi 15 janvier 2024

Sonnets sertis. Comme on pique ses doigts...

Comme on pique ses doigts, on se pique le cœur,
Car châtaigne et amour ont tous deux des épines.

L’espoir est douloureux, cueilli du bout des doigts,
Et il faudrait des gants qui des maux nous protègent ;
Ganté de beurre frais, fervent comme il se doit,
Il y a loin, hélas, du désir au cortège.

Sauvage est le pays, n’ayant aucune loi,
Et vain est d’y mener d’interminables sièges ;
Le temps ne peut saper, bien que passent les mois,
Des murs aussi épais qui déjouent tous les pièges.

Les châtaignes tombées, comment les récolter,
Sans planter dans ses doigts de douloureuses flèches,
Car tout cœur affranchi voudra se révolter ?

Le fruit à ramasser aux défenses revêches,
Multiplie à l’envi tours et difficultés,
Boutant l’assaut courtois parfois de façon sèche.

Peut-on, en se piquant, savourer en vainqueur,
Le fruit de nos désirs, s’il est d’humeur badine ?

Comme on pique ses doigts... © Georges Lacombe

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire