vendredi 8 décembre 2023

Sonnets sertis. L’ivresse des violences

Si une pluie tombe sur les cœurs furibonds,
Qu’elle les purifie de leurs constants orages !

Onde des nues chasse les turpides limons,
Obscurcissant l’esprit qui se nourrit de fables !
La passion des idées s’avère un vrai démon,
Aveuglant la raison d’une rogne ineffable.

L’impossible entretien apporte une leçon,
Lorsque tous les schismes semblent inexorables ;
Si le monde ne peut rêver à l’unisson,
Les fossés doivent-ils paraître irréparables ?

L’humanité ressemble à l’effréné vaisseau,
Que sabordent sans fin un absurde équipage
S’acharnant à le rompre en cent mille morceaux ;

Il suffit, quelquefois, d’un simple dérapage
Pour qu’on ne puisse plus tenir sous le boisseau
La violence qui naît des incessants outrages.

Nos rêves de jadis s’éteignent moribonds :
Pluie, éteins l’incendie et nourris les courages !

Le massacre des innocents © Pieter Brueghel l'ancien

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