lundi 27 juin 2011

Petit guide touristique




C'est une ville morne, sombre, froide et triste,
Sous un ciel trop bas, - lourd tabard oppressant,
Les rues, boyaux vomissant des flots de passants,
Se perdent au cœur de ténèbres qui persistent.

Les statues, dans cet hiver à perpétuité,
En ce lieu qu'un soleil distrait a négligé,
Ont l'aspect d'un marcheur qu'un nuage a figé,
Comme l'un des fuyards de l'antique cité.

Mais où sont passées les arènes baignées d'or,
Les habits de lumières et l'azur de feu,
La foule brûlante de la fièvre des jeux
Qui applaudit et acclame les matadors ?

C'est une métropole avec des boulevards,
Longs et sans horizons tels des chemins de croix,
Dont les seules stations sont pour des bus étroits,
Quand l'ombre est en avance ou le jour en retard.

C'est en ce lieu pluvieux qu’un soleil indolent
Ne veut pas se lever, encor mal éveillé.
Ce n'est pas le jour qui parait, ensommeillé :
C'est la nuit fatiguée qui faiblit un moment.

Et c'est ici que les jardins ont la beauté
De ces reproductions sur du papier glacé,
Où même le reflet de l'arbre est effacé
Par un cygne funeste au port trop emprunté.

Dans les rues infâmes de ce  grouillant cloaque,
Je t'imagine, à l'aube, aux parfums de croissants,
Marchant sur les trottoirs humides et glissants,
Où ton doux reflet vient embrasser les flaques.

Tu as baillé un bref instant, tout en sortant ;
Cette saloperie de cité t’aperçoit,
A tout moment du jour, contrairement à moi,
Et c'est pour ça, je crois, que je la hais autant.






Le jour ensommeillé © Mapomme



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