lundi 27 juin 2011

A mes amies, j’espère




Avant d'aller à l'Ouest dormir
Je veux peser mon cœur sans frémir
C'est ma vie c'est mon suc c'est mon âme
Qui brûle dans une ultime flamme
Le relief gravé de faux honneurs
Ne peut abuser le moissonneur
Et malgré les danses des almées
Je revois celles que j'ai aimées


Dans la cave tout accaparés
Au cours d’anatomie comparée
Nous découvrions nos différences
Pris d’une espiègle et tendre attirance
Un loyer cher m'a précipité
Déporté vers les camps des cités
Les prés tachés de coquelicots
Nos jeux nos voix mêlés en échos
S’évanouirent en moins de deux
Portés par un fleuve hasardeux
Un homme a souillé tes quatorze ans
Un monstre ordinaire un malfaisant
Un homme - enfin on l'affirme vite -
Voilà un titre qui se mérite


Dans le ramdam du marteau-piqueur
Dans le tam-tam dément de mon cœur
En haut de la rue de l'Opéra
Dans l'affreux concert des embarras
Les deux pieds plombés sur le trottoir
Tel un Cyrano à l'abattoir
J'ai dit les mots de tous les truqueurs
Prêt-à-porter du salon du coeur
Tu m'aimais un peu mais pas vraiment
Je me mentais sur nos sentiments
Me leurrant d’un amour absolu
Influençable et irrésolu
J’espère ne pas t’avoir trop blessée
Que des mains tendres t’ont caressée

Tu te balançais sur le divan
Sans t'arrêter d’arrière en avant
Je confessais une hypertrophie
Le divan permet qu’on se confie
Ce fut peut-être un simple transfert
Je m’empêtrais dans mes sentiments
La belle affaire et le bel enfer
Puis survint l’aube des reniements
Un sordide différent d'argent
Un truc minable un conflit rageant
A gâché le peu qui nous restait
A mon amie qui me détestait
L'ultime fois que j'ai pu la voir
Quand l'amitié oublie ses devoirs


C'est au tout premier bal du village
J’avais neuf ans toi pas davantage
Que quelque chose en moi t’avait plu
Et puis la danse ne suffit plus
Mais nous foulons un jardin secret
Indivis et sans nul vrai regret
Car après le temps de l’innocence
Survient la pénible adolescence
Je n’étais pas meilleur que les autres
En dépit du faux habit d’apôtre
Si l’amitié survécut aux mois
Ca n’est pas en tout cas grâce à moi
Tu es l'échec le mieux réussi
Ma belle campagne de Russie

Et toi je t'ai gardée pour conclure
Mon éternel regret ma fêlure
Je t'ai aimée d'emblée - tu le sais
D'entrée j'ai vu que je te plaisais
Mais c'était alors un peu trop tôt
Et puis à l'arrière d’une auto
J'ai posé la main sur ton genou
Le cœur battant, le corps qui se noue
Quand aussi jeune un éclair foudroie
On a peur et on est maladroit
J’aurais dû voler comme un brigand
Oui prendre ton cœur et non des gants
Après un froid est venue la trêve
Le fossoyeur de mes défunts rêves

Amours ratées amitiés flouées
Partitions creuses que j'ai jouées
Egrenant un refrain trop confus
Pardonnez à l'ami que je fus
Et gardez-moi un peu de tendresse
Je vous ai blessées par maladresse
Comme l’Egypte l’âme a ses plaies
Et mon ka je l’avoue me déplaît




Deux amis © Mapomme

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