dimanche 28 avril 2024

Sonnets sertis. Sur un air de piano

Le printemps renaissant entrait par la fenêtre
Et les oiseaux chantaient dans le radieux jardin.

Ils semblaient si joyeux dans les vertes ramées,
Qu’elle les jalousait d’être autant satisfaits ;
Sans qu’elle sût pourquoi, sa pauvre âme affamée
Sentait que le printemps demeurait sans effet.

À son piano debout, nulle joie enflammée
N’envahissait ses doigts et même triomphait
Un insondable spleen, atonie proclamée,
Qu’aucun rayon d’avril alors ne réchauffait.

D’un triste habit d’hiver, son âme allait vêtue
Et les notes jouées formaient un lamento,
Tant des gelées régnait leur empreinte têtue.

Des chœurs oxymoriques, allegro et lento,
La femme et les oiseaux, dans la lutte impromptue,
Opposaient des humeurs qu’ils portaient in petto.

Un cœur mélancolique ne pourrait-il connaître
Le bien-être vernal d’un seul instant badin ?

Sur un air de piano © Félix Vallotton

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