lundi 27 novembre 2023

Sonnets sertis. Vivre ici, être ailleurs

L’ultime feu du jour approchait à grands pas,
Et il songeait au temps des amours de jeunesse.

Les vagues écumaient caressant les rochers,
Dans un chant, sans fracas, et simple forme obscure,
Sur lui-même tassé, il semblait s’accrocher
À l’incertain retour qu’un miracle procure.

Dans l’ombre se tenant, tardant à s’approcher,
Calypso devinait par quelque triste augure
Qu’après sept ans entiers, sur l’île retranché,
Qu'un départ lui rendrait joie et belle figure.

Le nectar, l’ambroisie, à ce mortel offerts,
Avaient peu d’intérêt, au regard de la perte
Des proches qu’il vivrait tel un réel enfer.

Lui manquaient son seul fils et, autre plaie ouverte
Que ne pouvait guérir tout l’or de l’Univers,
La charnelle étreinte de son épouse experte.

Pour les revoir enfin qu’importaient son trépas,
S’il laissait Calypso inondée de détresse.

Vivre ici, être ailleurs © Mapomme
d'après Arnold Böcklin, George Hitchcock et Alexander Rothaug

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