vendredi 10 novembre 2023

Sonnets sertis. Les paradis perdus

Les pommes, de nos jours, ne sont pas interdites
Et on ne chasse plus qui a croqué un fruit.

Mais ceux ayant connu une époque dorée,
Qui en furent chassés sans mobile apparent,
Porteront le regret, en leur âme éplorée,
D’un Éden remplacé par un monde effarant,

Et ils iront tout nus, tremblant sous les Borées,
Dépouillés d’un espoir, dans l’ombre s’égarant,
Le sommeil habité d’angoisses abhorrées,
Puis, à l’aube, au pire toujours se préparant.

Cette époque dorée n’est-elle, en fait, qu’un rêve,
Un plafond d’utopies que l’esprit seul a peint,
Fresques maléfiques qu’il a conçues sans trêve ?

Tout serait-il soufflé par un génie vulpin,
Baudruche emplie de vide et qu’une épine crève ?
Chimère ou pas, reste la ruse du lutin.

L’Ève au turban venant en nouvelle Aphrodite
N’est qu’un rêve aujourd’hui dissipé dans la nuit.

Les paradis perdus © Mapomme
D'après August Macke et Johann Wenzel Peter

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