dimanche 12 novembre 2023

Sonnets sertis. Haineuse était la foule

Si tombe un miséreux, qu’il se trouve à genoux,
Au lieu de l’assister, sur lui se rue la foule.

Or la meute, toujours, fait montre de laideur,
Révélant des humains la fureur de la bête ;
Les crocs sanglants broieront, dans leur féroce ardeur,
Les chairs de l’innocent pris dans cette tempête.

Si notre temps connaît des prévaricateurs,
On ne dressera plus, à force de sornettes,
Par l'hérésie tissée par un inquisiteur,
Un bel autodafé qui paraît malhonnête.

Mais tout réseau social harcèle un malheureux,
Tels des loups se ruant sur la biche isolée,
En dépit d’un effort vain bien que valeureux.

Abandonnée, la proie se verra immolée,
Ainsi qu’Éléonore, en des temps douloureux,
Allant nue sous un drap, huée et affolée.

La haine collective emporte en ses remous
Qui raisonne autrement et sous le nombre croule.

Haineuse était la foule © d'après Edwin Austin Abbey

Voir l'histoire d'Eléonore Cobham, seconde épouse du duc de Gloucester
(env. 1400-1441)

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