Ô viens, mon âme-sœur, et quittons ce verger,
Ce jardin merveilleux ; ne tremble pas, ma douce !
Il est un doux savoir qui nous fait délaisser,
Cette quiétude morne où, dormant sous les palmes,
Le loup côtoie l’agneau, sans vouloir le blesser,
Et, près de la gazelle, un lion restera calme.
Vers de mortels hivers, un doigt nous a chassés,
Pour un fruit délicieux, goûté à deux, chère âme !
Cette paix où chacun aimait se prélasser,
S’est trouvée épicée par la saveur du drame.
Par les prés brouillassés, mortels à présent,
Allons ! Ne tremble pas, quand soufflera la bise :
Si possible, oublions ce verger si plaisant
Puisqu'aux frimas mordants, pour une gourmandise,
Nos corps nus sont livrés dans l'hiver malfaisant,
Quoi que sur nous, plus tard, les écrits saints prédisent.
Quittons ce nirvana qui nous a hébergé,
En tremblant sous le froid, pris d’une sainte frousse.
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