lundi 13 novembre 2023

Sonnets sertis. Mélancolie lointaine

Que sont, ma pauvre amie, nos plaisirs devenus,
Dans un monde obscurci par un regard sectaire ?

Si l’écume murmure un inlassable chant,
Les temps ont bien changé au paradis de nacre ;
Nous allions au soleil, du lever au couchant,
Nus et sans nul péché, inconnu simulacre.

Notre corps d’or livré aux rayons le léchant,
Revenu d’un bain doux, exposait buste et membres ;
Le vent du bleu lagon, amical la séchant,
Caressait notre peau aux tons sublimes d’ambre.

Sur Terre nous avions alors le paradis,
Et nous faisions l’amour sans même en avoir honte,
Mais ces élans d’antan se virent refroidis.

Repentir et péchés, emplissaient d’affreux contes,
Où un Dieu nous rendrait, sur notre île, maudits,
À l’enfer condamnés, par sa vengeance prompte.

Il nous faut désormais revêtir nos corps nus,
Pour avoir un Éden que nous avions sur Terre.

Mélancolie lointaine © Paul Gauguin

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