dimanche 27 décembre 2020

Elégies. Les longues nuits d’hiver et le beau jour d’été

I

Vois donc ce cœur blessé et cette plaie qui saigne
Le sang clair de l’espoir en un flot continu
Coule vers le ruisseau dès lors qu’on le dédaigne
À quoi sert cet espoir quand il est malvenu ?

 

II

Jeune homme prends ton temps et traverse un désert
Sois-y l’anachorète en ta longue disette
Où l’oubli te guérit poète si disert
De la passion nourrie pour ta belle grisette

Tu vivras sept années après ce vif revers
Dans l’ombre où ton rire ne sera que risette
Et ces sept ans n’auront chacun que quatre hivers
Anesthésiant ton cœur à force d’anisettes

En ombre tu iras parmi tous les vivants
Werther des temps nouveaux mais sans revoir ta Lotte
Un brin de pâle espoir sans cesse cultivant

En quel mois débuta la longue nuit falote
Des plaisants feux du jours sept années te privant ?
Dans l’ombre t’apparut un espoir qui tremblote

 

III

Vois donc ce bel espoir qui dormait sous la sphaigne
Qu’on croyait inhumé près d’un arbre chenu
En cendres ce phénix quand des rayons l’atteignent
Renaît en un instant en un charme inconnu

 

IV

Très souvent le destin rit de l’appréhension
On peut passer sept ans à esquiver la vie
Mais elle déjouera toutes nos préventions
Faisant entrer le jour sans qu’on en ait envie

Rien ne se passe en fait comme nous le pensions
Car dans la pénombre la nuit nous est ravie
On entre dans un bar sans autre prétention
Que de voir en avril une soif assouvie

Le jour se perd dans l’ombre où la serveuse attend
Elle est jeune et fraîche comme la bière brune
On boit et on parle pour mieux passer le temps

Comme nous la bière recèle une amertume
Mais la jeune femme respire le printemps
Sa gaieté pétillante est sa seule fortune

 

V

Elle a sans le savoir la clef d’un grand mystère
On va rester trois mois sans jamais la revoir
L’hiver sans oripeaux perd ses brumes austères
Et à l'été l’espoir retrouve son pouvoir 

La clef d'un grand mystère © Mapomme

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