dimanche 16 juillet 2023

Sonnets sertis. Devant un café noir

Je me revois assis ce soir-là – triste soir ! -
Dans l’incapacité de verser une larme.

Ce soir j’avais perdu un de ces gens de rien
Que les bouffis d’orgueil voient parfois et méprisent ;
Dépourvu d’ambitions l’humble prolétarien
D’un monde secoué de guerres et de crises

Avait toujours choisi d’être un homme de bien
Comme son épouse ; qu’un tyran hystérise
L’Europe médusée sous drapeau hitlérien
Ne le fit pas entrer dans l’odieuse entreprise.

Cet homme avait aimé ses enfants et les leurs ;
J’avais perdu soudain un pilier de mon monde
Qui vacillait d’un coup sans que je verse un pleur.

Je l’avais vu éteint et ma peine profonde
Ne pouvait s’exprimer ; ignorant ce malheur
Le café des Palmiers bruissait de sa faconde.

Devant moi presque froid un triste café noir
Commandé sans envie n'avait plus aucun charme.
Devant un café noir © Mapomme

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