De rêves, j'ensemence un champ semblant stérile,
Car à toute utopie le limon est rétif ;
La glèbe s'y refuse et se veut infertile,
Chassant cet étranger, reçu sans nul motif.
Belle est la chimère, mais le champ, terre à terre,
Ne voudra l'apprécier à sa juste valeur :
Mon labeur reste vain, par un profond mystère,
Comme portant en soi les germes du malheur.
J'aimerais que l'espoir y croisse et puis nourrisse
Les esprits racornis ayant tété le sein
De la froide patrie ; les rêves dépérissent
Sur les champs endurcis, mutins à leurs desseins.
En leurs sillons parvient la semence onirique
Et bien trop peu d'épis y croîtront in fine ;
La récolte aux temps chauds n'aura rien d'historique :
Quelques grains me laissant triste et enfariné.
Les mots sont trop légers pour de sublimes rêves
Et les vents des mois froids les emportent au loin :
La récolte d'espoirs s'avérant bien trop brève,
À peine pourrons-nous en faire tout un foin.
Ensemencer de rêves © Mapomme
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